III. Une clopine

Un poème de Aymeric Lalonde

J’ai une étoile rouge au bout de ma cigarette,

Elle détruit et donne la mort à tout ce qu’elle touche;

La peau, elle la marque, le tabac, elle le brûle, et le poumon, elle lui impose son enfer noir et cancéreux d’un train sans fin s’enfonçant dans le fond de la dépendance;

La cigarette danse et danse au bout de ma bouche et de celle, de ceux qui l’entoure, enveloppé de leur bec sec, ratatiné, raté, l’amour d’un baiser envolé;

La cigarette au bout de mes lèvres comme un baiser alcoolique.

J’ai une étoile rouge au bout de ma cigarette,

Je l’aspire, pire encore, je la dévore par mes bronches;

Le bout de ma clope rongée par la boule de chaleur, luisante sur le manche et sombre en fumée;

L’argent envolé, enfumé dans un paquet de vingt, vingt fois plus coûteux que la chaleur d’un regard posé sur ma personne.

L’amour j’en fume,

L’amour me donne le cancer.

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