Un poème de Aymeric Lalonde
J’ai vu et senti la prison se refermer sur nous dès ma naissance,
La barrière de fer et de barbelés encercler notre société de mœurs et de raisons de vivre,
De maudits de préjugés pas pensables,
D’une coalition d’esclaves,
D’un pays remplit de bon et de mal,
Jamais l’entre deux,
Pourtant, c’est entre les deux jambes qu’on donne la vie,
Et non pas par la tête et surtout pas par les doigts de pieds,
Je ne sais même plus comment donner un enfant à une femme,
Par la pollution peut-être,
Ou par l’argent,
Est-ce que je vais avoir besoin de vous payer afin d’avoir un petit-moi,
Je ne sais même pas comment vendre,
Je sais que lire et écrire,
Penser et parler,
Mais encore là,
Je parle dans mon jargon,
Dans mon langage de colon,
Colonie inculte,
De cambouis et de poutine,
Et je speak white pour mieux vendre,
Ah j’ai compris,
Maintenant que les réseaux sociaux nous permettent tous,
Peut-être que c’est en vendant mon corps que je vais gagner ma vie,
Que je vais gagner la course du plus gros cochon,
La tirelire qui déborde,
Chaque cent qui s’empilent,
Chaque pauvre avec le ventre vide,
Mais pas de panique,
Toi t’as travaillé fort,
Toi t’as l’auto de l’année,
Toi t’as fait vivre l’économie,
Si ta tirelire va exploser,
Va-t’en acheter une autre au Walmart,
Ou au dépanneur,
Dépense plus,
Tu vas voir la vie est beaucoup plus belle quand tu consommes,
Dépense plus,
L’argent va te revenir un jour ou un autre,
Dépense plus maintenant,
Pourquoi attendre,
C’est quoi attendre au fait,
J’ai besoin de bouger,
Mes doigts quand ils ne se pratiquent pas à scroller,
Ils finissent par s’engourdir,
Et ça me donne un mal de tête,
Mais que c’est beau un petit chat avec un costume de lutin vert,
Vert comme l’argent,
Surtout pas vert comme la nature,
Je fais un chin aux pauvres,
Le verre de vin dans la main gauche,
Pendant que la main droite serre la main au réchauffement climatique,
Je vais brûler une forêt,
Peut-être construire un centre commercial,
Non mieux,
Une tour à condo,
Mais quoi faire des animaux,
Les tuer,
Les enfermer,
Les envoyer dans un zoo,
Ils vont être heureux et bien traités dans leur nouvel habitat artificiel,
Dans leur prison,
Dans nos maisons.