Langue et culture : Oui j’ose… 

Crédit : Clovis Fecteau

Parler de langue et de culture, c’est marcher sur des œufs. J’y saute nu-pieds au risque de m’y couper. 

Je reprendrai ici le titre d’un article de Maxime Pedneaud-Jobin publié dans La Presse dernièrement : « Si un Japonais parle grec, cela fait-il de lui un Grec ? ». Cette phrase représente bien le débat sur la culture et la langue qui oppose le Québec au reste du Canada anglophone. D’autant plus que la situation du français devient de plus en plus inquiétante et que le débat sur sa place occupe de plus en plus la scène politique. Le gouvernement du Québec et plus précisément le ministre de la Langue française et responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge et Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, semblent vouloir appeler les Québécoises et Québécois à une espèce de mobilisation de grande ampleur pour freiner, voire, renverser la tendance du déclin. 

Une idée qui semble bien belle, mais dont la vision semble floue. Pour qu’une telle démarche fonctionne, tout dépendra de la place que l’on réservera au français. Sera-t-il une simple langue de communication? Ou sera-t-il le vecteur principal d’une culture riche, vibrante et unique?  

Pour le Canada, la réponse semble claire, la langue n’est pas véhicule de culture. Cette dernière peut très bien être propagée et partagée dans différentes langues.  

La nation québécoise possède une vision bien différente ; la culture est indissociable de la langue qui la porte et dès lors, pour qu’une culture soit riche, vibrante et unique la langue qui l’accompagne doit l’être tout autant. Si la culture est une cathédrale, au Canada, on a fait le choix d’en construire une pour y caser chacune et chacun. Ici, on a choisi d’en faire une pour tous. 

Bien que la situation du français au Québec et au Canada semble encore faire débat, il semble qu’un consensus sur son déclin se met en place. Cependant, les mesures mises de l’avant par certains groupes pour la protéger divergent fortement. Si certains prônent des mesures restrictives quant à l’utilisation d’autres langues, certains mettent plutôt de l’avant une revalorisation de la culture. Je suis de cette avenue.  

Alors que notre société consomme de plus en plus de contenus culturels étrangers (ce qui est en soi tout à fait valable), alors que les jeunes, de manière générale, perdent peu à peu nos références cultes avec l’internationalisation des référents culturels, il va de soi qu’en tant que société nous mettions davantage l’accent à promouvoir ce qui vient d’ici. À l’école, par exemple, on présentera des films américains en récompense, on fera danser les élèves sur des tounes de Taylor Swift et de Rihanna dans les spectacles de Noël, on apprendra des chansons de Michael Jackson dans les cours d’anglais et on lira des traductions de Harry Potter. Pourtant les enfants consomment déjà tout ça chez eux ou dans la cour d’école. Alors au lieu de leur présenter ce qu’ils aiment déjà, ne devrions-nous pas, au contraire, leur apprendre à aimer la culture de l’endroit où ils vivent. Leur apprendre les chansons de Jean-Pierre Ferland. À chanter du Léonard Cohen ou du Charlotte Cardin dans les cours d’anglais. À danser sur du Robert Charlebois. À lire du Naomie Fontaine. À écrire comme David Goudreault ou s’exprimer comme Boucard Diouf. Leur faire écouter La Guerre des Tuques, Les Bougons, Les Boys et Bon Cop, Bad Cop durant les périodes libres du vendredi.  

Pour encore une fois, je vais reprendre les mots de M. Pedneaud-Jobin :  

« Danser sur du Rihanna, c’est faire ce que la planète entière fait, danser sur du Roxane Bruneau, c’est contribuer à construire une nation originale, c’est contribuer à promouvoir la diversité des cultures. »[1] 

De plus, mettre de l’avant cette culture dès le primaire, c’est tisser des liens intergénérationnels plus forts, c’est renforcer, autour de références communes, les liens entre les personnes de divers horizons. C’est encourager les artistes d’ici. C’est mettre de l’avant nos couleurs, c’est contribuer à la création d’un sentiment d’appartenance commun à tous, autour de références d’ici. Au terme d’un parcours scolaire, on devrait pouvoir connaitre les plus grandes lignes de l’écran et de la musique québécoise (« Ils l’ont-tu l’affaire, les Amaricains » ou « Envoye dans l’lit, maudite chanceuse. »)  

Et quand bien même parler plusieurs langues est une richesse inestimable, un avantage en embauche et en voyage. Quand une nation vibre au rythme d’une même langue. Quand on la chante, la danse, la signe, la débat. Quand on en est fière. Quand on la partage, on offre au monde une nouvelle culture, une nouvelle richesse. Quand cette culture prospère, sa langue et sa nation, prospère aussi.  

Oui, la culture québécoise c’est Félix Leclerc et la Bottine Souriante, mais c’est aussi, Kim Thúy, Rachid Badouri, Corneille ou Dany Lafrenière et j’en passe des tonnes. La culture d’ici est imprégnée d’un métissage tissé serré, c’est le choix qu’on a fait au Québec, celui de l’interculturalisme et du français.  

« La vitalité d’une langue est le reflet fidèle de la vitalité des peuples qui la parlent. » 

Marina Yaguello 

[1] https://www.lapresse.ca/debats/chroniques/2023-02-06/si-un-japonais-parle-grec-cela-fait-il-de-lui-un-grec.php 

Les portes du Salon bleu s’ouvrent à ceux qui ferment la porte à la monarchie

Crédit : Clovis Fecteau

Depuis les tous débuts de l’histoire du Québec britannique, les députés québécois prêtent un serment d’allégeance au peuple, mais la deuxième partie de ce serment pose problèmes, débats et malaises ; le serment à la couronne britannique.

Mais le 31 janvier 2023 marque un tournant majeur sur la scène politique, alors que les premiers députés à ne pas avoir prêté serment à la monarchie britannique entrent au Salon bleu. En effet, la première journée d’entrée parlementaire de la nouvelle année, sera marquée par l’arrivée de trois nouveaux députés qui n’avaient alors pas accès à la chambre. Les trois députés du caucus péquiste qui avaient refusé de prêter serment au nouveau roi à la suite des élections d’octobre où la formation politique avait subi la pire défaite de son histoire. Forçant le débat, les trois exclus ont finalement eu gain de cause après que le gouvernement eu déposé et adopté un projet de loi rendant facultatif le serment au roi le 9 décembre dernier.

Ils étaient donc les premiers députés de l’histoire à ne pas avoir prêté serment à leur entrée au parlement le mardi 31 janvier 2023. C’est sujet chaud et délicat qui remonte à l’époque des patriotes qui se voit réglé.  Une petite victoire, tout de même symbolique, pour le camp souverainiste qui pourrait toutefois ouvrir la porte à d’autres développements sur les questions qui concernent la place du Québec au sein du Canada et de ses liens avec la monarchie ; surtout à l’heure où les tensions entre les deux paliers de gouvernements s’exacerbent ; entre autres avec les transferts en santé, l’affaire Elghawaby et la déstabilisation de la famille royale suite au décès d’Elizabeth II. 

Un progrès sur la question des drogues dans l’Ouest du pays

Crédit : Pixabay

La Colombie-Britannique avec l’aval du gouvernement fédéral a décriminalisé depuis le 31 janvier dernier la possession de 2,5g et moins d’opioïdes. Cette mesure prend place dans le cadre de projet pilote de trois ans visant à lutter contre l’épidémie de surdose dû à la consommation de drogues dures. Les drogues comprises dans cette mesure incluent entre autres, l’héroïne, le fentanyl, le crack, la cocaïne en poudre, de la méthamphétamine et de la MDMA (ecstasy). Ces mesures visant à limiter les altercations avec les forces de l’ordre sont bien accueillies par plusieurs, mais semblent bien insuffisantes et ne sont pas à l’abri des critiques qui doutent d’y voir un réel impact.

Depuis 2016, année où la province a déclaré une urgence de santé publique, plus de 11 000 personnes sont décédées d’une surdose. Plusieurs acteurs de la communauté réclament davantage de mesures pour accompagner le projet, comme des sites de consommation supervisée ou encore un approvisionnement réglementé d’options pharmaceutiques pour éviter que des substances dangereuses comme le fentanyl se retrouvent dans les autres drogues.

L’épidémie de surdose ne frappe pas seulement la province de l’Ouest et les discussions sont vives partout au pays. On presse le fédéral d’agir rapidement et fortement sur l’approvisionnement en drogues toxiques qui reste la principale cause de décès par surdose. 

La ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside soutient quant à elle que « la décriminalisation est un changement historique, mais [que] nous savons qu’elle ne résoudra pas à elle seule la crise des drogues toxiques ». 

Regard de l’homme

Image : Myriam Bourbeau

Dans le cadre du concours d’écriture féministe ayant pour thème « Regard de l’homme », La rédaction de L’Exilé est heureuse de publier le texte de Morgane Gordon, gagnante de la compétition.

i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle à 25 ans on n’a plus peur des monstres sous le lit
on n’a plus peur de se faire attraper par leurs pattes immondes elles ne s’accrochent plus à nos chevilles ne nous attirent plus vers lui
on n’a plus peur de se faire regarder par leurs yeux répugnants qui nous dévisagent et nous espionnent
le monstre vicieux ne se cache plus sous le lit

i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle c’est un compliment un petit surnom affectueux tu es tellement charmante tu capotes pour rien je veux juste être gentil
n’aies pas peur ma belle je te souris mes yeux descendent légèrement avant de retourner aux tiens
n’aies pas peur ma belle ma main sur ton épaule n’est qu’un signe familier

i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle embrasse ta gêne sois fière de ta honte plante-la au plus profond de toi croque d’une seule bouchée la douleur
n’aies pas peur ma belle arrache ton amertume subit la violence passive laisse-toi marcher dessus pour savoir ce que ça fait
n’aies pas peur ma belle ignore-le avale ta voix tu n’es pas écoutée de toute manière

i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle tu es une femme au dos rond au corps ondulé la pièce de viande de ton corps se déchire sous tes propres dents
n’aies pas peur ma belle tu es une femme au passé joyeux au regard éteint tu vas être un objet brisé utile
n’aies pas peur ma belle tu es une femme qui a peur d’être femme laisse-moi t’expliquer comment être femme
n’aies pas peur ma belle aiguise tes cicatrices elles ne sont que mentales

Selena Fortier et sa « showférence »   

Par Meggie Cloutier-Hamel et Xavier Beauchamp

Selena Fortier parlant à nos deux journalistes Meggie Cloutier-Hamel et Xavier Beauchamp après sa « showférence ». Crédit photo : Philippe Le Bourdais

Allier humour et sensibilisation à la violence conjugale, c’est le pari que fait la militante Selena Fortier. Dans Hochelaga-Maisonneuve, le 26 novembre dernier, au Bistro le St-Cath, l’ambiance est conviviale et la jeune femme nous accueille avec bonne humeur pour sa conférence sur un sujet austère. Et pourtant, elle y arrive.   

« Je trouve que la violence conjugale est très dans une case, puis c’est pour ça que bien des gens ne se reconnaissent pas, fait que j’ai envie de sortir ça de la case, puis d’ouvrir le dialogue, puis en parler sur des plateformes où on n’est pas nécessairement habitué »    
Selena Fortier

Son histoire   

La conférence rapporte les événements que Selena Fortier a vécu il y a quelques années. Tout commence par sa rencontre avec un homme, un homme qui lui plaisait beaucoup. Au début de leur relation, elle remarque des comportements étranges de la part de son amoureux. La situation se dégrade avec le temps : « C’est sûr qu’il y avait tellement d’affaires qui ne marchaient pas […] mais j’étais tellement certaine que c’était l’homme de ma vie, mais en même en temps je ne voulais pas vivre ce qu’il me faisait vivre », nous confie-t-elle. Elle essaie à plusieurs reprises de le quitter ou d’améliorer les choses, notamment avec une thérapie de couple, mais rien n’y fait. Presque deux années passent et elle réussit à le quitter définitivement et débute son « processus de rétablissement », comme elle le mentionne.  

Après sa rupture, il lui faudra environ deux ans de psychothérapie et l’aide de divers soutiens pour qu’elle se sente mieux, nous affirme-t-elle. En effet, Mme Fortier relate qu’elle a eu recours à plusieurs ressources pour l’aider, comme le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), mais que son processus est surtout une démarche d’introspection. De là est né son projet sur la violence conjugale, baptisé « showférence ». Détentrice d’un baccalauréat en psychologie, Mme Fortier a quitté le milieu de l’intervention psychosociale pour se concentrer sur ce projet qu’elle affectionne énormément.  

Éventail d’émotions   

La présentation de Selena Fortier est construite de différentes parties qui relatent ce qu’elle a vécu. On nous avertit d’ailleurs de la présence de propos sensibles au début de celle-ci.  Tous les moments racontés sont vrais nous dit-elle. Les anecdotes sont racontées entre présent et passé. On comprend les idées contrastées qu’elle a ressenties durant cette relation entre amour, haine, incompréhension, peur. Des voix hors champ, de la musique, des costumes, un « violentomètre », des dessins et la participation du public s’ajoutent à sa « showférence », car bien que dans le cadre du 26 novembre dernier, elle présentait son discours comme une conférence, Mme Fortier considère que ce nouveau terme est plus représentatif du dynamisme qu’elle amène. « Je suis toujours en apprentissage, ça fait partie du réalisme que je raconte mon histoire, que j’arrive avec des moments où c’est parfois maladroit, parfois cocasse, ce qui fait la magie du moment », souligne-t-elle.     

La place de l’humour  

L’approche humoristique de la « showférence » de Selena Fortier provient d’un besoin de reprendre le pouvoir sur sa vie et d’aller vers le positivisme. C’est dans ses cours du soir à l’École nationale de l’humour qu’elle se sent à l’aise et encouragée à parler de la violence conjugale qu’elle a vécue à l’aide d’anecdotes. En juin 2022, elle participe au MiniFest, un festival d’humour montréalais qui lui donne confiance pour se lancer dans le domaine. Celle qui se définit comme une activiste raconte, à travers la « showférence », son histoire en espérant changer la manière d’aborder le thème de la violence conjugale.  Son initiative lui a notamment value une bourse du programme « Tous engagés pour la jeunesse » de Desjardins et Noovo offerte durant l’émission La semaine des 4 Julie.

Le message qu’elle souhaite envoyer  

Par son action, Mme Fortier désire libérer la parole sur la violence conjugale. La militante désire dépoussiérer cet enjeu, en faisant changer la honte de camp et en sortant le thème de la violence conjugale de sa case lourde. Elle vise aussi le milieu de la scène, en abordant des sujets qui lui tiennent à cœur. Elle rappelle l’importance de l’organisme SOS violence conjugale qui vient en aide à tout individu qui a vécu de près ou de loin les conséquences de telles situations. Son but est donc d’ouvrir le dialogue, à son échelle et de manière positive.   

Les prochaines dates de la « showférence » de Selena Fortier

Pour toute aide concernant la violence conjugale

Communiqué de l’intersyndicale du Cégep du Vieux Montréal

Crédit photo: Stéphane Thellen

Le texte suivant est un communiqué de presse présentant les démarches des différents syndicats du Cégep du Vieux Montréal afin de faire entendre leur revendications à l’égard de leurs conventions collectives lors des négociations avec l’administration du cégep.

Les syndicats du Cégep du Vieux Montréal déposent leurs demandes de négociation au Comité de direction

Montréal, 29 novembre 2022 – Réunis dans une démarche intersyndicale, le Syndicat des employé∙e∙s de soutien (SEECVM), le Syndicat des professionnel∙les (SPPCVM), le Syndicat des interprètes professionnels (SIP) et le Syndicat des professeur∙e∙s (SPCVM) du Cégep du Vieux Montréal ont déposé dans le cadre d’une action symbolique leur cahier de demandes sectorielles auprès de la direction du collège.  Ces cahiers de demandes sont le fruit de consultations des membres menées au cours des derniers mois et s’inscrivent dans le cadre de la négociation de leurs prochaines conventions collectives puisque celles-ci arrivent à échéance le 31 mars prochain.

Lors de l’événement ayant rassemblée une cinquantaine de personnes à la cafétéria du personnel, les représentant∙e∙s des différents syndicats ayant tour à tour pris la parole, se sont montré∙e∙s déterminé∙e∙s et convaincu∙e∙s de la justesse et la pertinence des demandes qui sont faites par l’ensemble des travailleuses et travailleurs syndiqué∙e∙s du CVM. 

Julie Gilbert, animatrice lors de l’événement, s’est adressée à la dizaine de représentant∙e∙s de la direction en reprenant le slogan du Front commun des 460 000 syndiqué∙e∙s de la fonction publique impliqué∙e∙s dans la prochaine ronde de négociation :

« Nous, d’une seule voix », nous vous enjoignons de prendre non pas seulement connaissance de ces cahiers, mais de reconnaitre dans ceux-ci des avancés pour toutes et tous : autant le personnel que les étudiant∙e∙s et la direction. Car une institution ayant à son bord une équipe dont on prend soins est une institution qui s’en sort gagnante à tous les niveaux! Nous comptons sur vous pour faire pression auprès de vos instances de négociations pour que cette négociation se conclue avec une vraie reconnaissance de l’expertise, du savoir-faire, de l’expérience et de la valeur du travail de vos équipes ».

Pour Roméo Pilon, président du syndicat des employé∙e∙s de soutien, « il s’avère indispensable d’améliorer les conditions de travail des employé∙e∙s pour mieux soutenir l’éducation »! Les quatre grandes priorités du personnel de soutien sont : 1) valoriser le personnel de soutien en améliorant les conditions de travail ainsi que la conciliation travail et vie personnelle; 2) agir pour la santé, la sécurité et le mieux-être au travail; 3) faciliter le mouvement de personnel, la création et la modification des classes d’emplois; 4) promouvoir de meilleures relations de travail et régler les litiges de manière plus efficace.

Pour la représentante du syndicat des interprètes professionnels, Isabelle Roy, « c’est primordial, pour assurer une attraction et une rétention du personnel dans les cégeps, que les conditions de travail et les conditions salariales soient rehaussées ». (…) « Avec la diversification des effectifs étudiants, la direction devra davantage être à l’écoute des préoccupations et des solutions proposées par le personnel », d’ajouter Mme Roy. 

Dans le même sens, Kevin Kaine, président du syndicat des professionnel∙les, ajoute qu’il est important de rappeler que « d’ici 2030, la majeure partie des emplois créés sur le marché du travail demanderont au minimum un diplôme d’études collégiales.  Le personnel des cégeps se trouvera une nouvelle fois au cœur des défis que devra relever la société québécoise.  Pour y arriver, il faudra s’attaquer aux problèmes de précarité et de surcharge de travail afin de s’assurer de rendre les emplois dans le réseau des cégeps attrayants et afin de retenir notre personnel déjà à l’œuvre ».

Jean-Sébastien Pilon, président du Syndicat des professeur∙e∙s, présente le cahier déposé par l’ensemble des professeur∙e∙s de cégeps de la province.  Les enjeux identifiés s’articulent autour de six grands axes.  L’alliance des syndicats de professeur∙e∙s de cégep (ASPPC) demandent : 1) de réduire la quantité de précaires (actuellement 40% des professeur∙e∙s du réseau!) et une amélioration des conditions d’insertion professionnelle; 2) d’ajouter des ressources directement dans les classes afin d’améliorer les conditions de travail et de réussite étudiante; 3) de baliser la formation à distance et la formation continue afin de pérenniser le modèle collégial mise à mal par la concurrence de plus en plus exacerbée; 4) d’assurer la collégialité et la transparence dans tous les rapports institutionnels; 5) de favoriser la conciliation famille-travail et vie personnelle; 6) d’améliorer les conditions salariales pour favoriser l’attractivité dans un contexte de pénurie de personnel juxtaposé à la hausse des effectifs étudiants.

C’est tous ensemble que NOUS, d’une seule voix, on se fera voir et entendre dans les prochains mois! Au cégep du Vieux Montréal, la négociation 2023, c’est parti!  

Renseignements:
Stéphane Thellen
514-980-3430 poste 2086

Une fierté dans l’ombre de nos inquiétudes

Crédit: Université Laval

Des résultats d’élections controversées, oui, mais un nouveau portrait politique diversifié dont nous pouvons être fiers.  

Depuis presque toujours intéressé et impliqué dans la scène politique, surtout du Québec, j’avais envie de parler de politique, mais j’avoue, dégouté par les résultats, je ne le cache pas, je n’avais pas envie d’être le 300e à parler de distorsions ou de défaites historiques. J’ai donc effectué mes recherches pour trouver quelque chose de plus positif.   

Le 3 octobre dernier, les Québécois se rendaient aux urnes1 pour élire les députés qui allaient composer la nouvelle Assemblée nationale du Québec. Mais ça, vous le saviez et j’espère que toutes celles et ceux qui étaient en mesure de voter l’ont fait.  

Et maintenant les résultats tombés, qu’importe le parti pour lequel vous avez voté ou auquel vous vous identifiez et si vous avez ou non gagné vos élections, le Québec peut être fier. En effet, même si le résultat des élections avec le mode de scrutin actuel et les distorsions qu’il a créé ont généré un raz-de-marée d’indignation et de questionnements au Québec, ces élections ont eu, sur d’autres plans, dont celui de la diversité, des résultats historiques qui méritent d’être soulignés.  

22%, c’est le pourcentage de députés issus de la diversité au Québec qui siégeront dans la nouvelle Assemblée nationale à la suite des élections du 3 octobre dernier.

22%, un chiffre duquel nous pouvons être fiers, car bien que difficile à calculer précisément, il est sans équivoque, selon les chiffres de Statistique Canada, équivalent ou supérieur à la représentation des diversités dans la population. À savoir que par diversité, on inclut les personnes qui ne sont pas d’origine britannique ou française, qu’elles soient visibles ou non. Les chiffres n’incluant pas les personnes autochtones. 

La première femme autochtone a été élue députée à l’Assemblée nationale.  

La caquiste Kateri Champagne Jourdain de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam a gagné son siège dans une circonscription de la Côte-Nord avec une écrasante majorité de plus de 3 000 voix sur le second candidat en liste.  

À noter également que pour les 22,4% de la population canadienne issue de la diversité, c’est seulement 14,8% des sièges qu’ils obtiennent à la Chambre des communes. Pour les élus noirs, la situation est bien loin d’être meilleure au fédéral avec 1,5 % des élus contre 3,5 % de la population, alors qu’au Québec, le tableau s’inverse avec une représentation de 4% pour une population de 3,9%.    

Ottawa n’aura donc qu’à se regarder dans le miroir avant de donner quelconques leçons aux Québécoises et Québécois en matière d’ouverture et de diversité. 

Même chose du côté de la parité, c’est presque chose faite au Québec qui se situe, selon les chiffres de 2021 du « Inter Parliamentary Union2 » au 4e rang mondial avec 46% de femmes députées, alors qu’à Ottawa, le fédéral obtient la 19e place avec 30,5% de présence féminine à la Chambre des communes.  

Connaissez-vous beaucoup d’autres états qui peuvent se vanter d’une meilleure représentativité? Pas moi. 

Cependant, signe du clivage qui sépare la métropole québécoise du reste du Québec, c’est bien à Montréal que l’on retrouve la plus grande concentration de diversité par rapport à son poids démographique ; 37% de députés issus des minorités pour un peu moins du tier de la population de la ville. Évidemment, ce n’est pas une grande surprise pour la métropole qui s’est toujours démarquée du reste du Québec sur le plan de la diversité et de l’inclusion. Bien sûr, il reste que ces résultats ne devraient pas être instrumentalisés par les politiques pour accentuer la lutte déjà existante entre les centres urbains et les régions. 

Sans conteste, il y a encore beaucoup à faire ; notre mode de scrutin actuel et le faible taux de participation, plus particulièrement chez les jeunes, inquiètent certains électeurs et analystes qui y voient une menace pour la démocratie. Le Québec a toutefois de quoi être fier de cette représentativité unique et historique. 

Moi, j’en suis fier. Vous pouvez l’être aussi. 

Au revoir Hubble, bonjour James Webb! 

Cr

« L’espace… frontière de l’infini… », tels étaient les fameuses paroles du capitaine Jean-Luc Picard. Mais aujourd’hui, ce n’est plus de la fiction, car en fin janvier,  le nouveau télescope  James Webb aura parcouru une distance de 2 millions de kilomètres en orbite autour d’un point précis dans l’espace appelé « Point de Lagrange 2 » (L2), se trouvant à près d’un million et demi de kilomètres de la Terre dans le cadre de sa mission qui consiste à compléter et étendre les découvertes de son prédécesseur, le télescope spatial Hubble. Dans cet article, nous verrons ensemble en quoi ce télescope est si avancé en termes de progrès scientifique et technologique. 

Un projet à plus de 100 millions 

James Webb fut construit sur une période de 20 ans. Le télescope James Webb compte parmi ses instruments le plus grand miroir principal à ce jour, à 6,5 mètres de diamètre. Le miroir est formé de 18 sections hexagonales de béryllium plaqué or, chacune pouvant être réglée individuellement. Il possède également un bouclier solaire de la taille d’un court de tennis ainsi qu’un système de réfrigération pour éviter les possibles surchauffes causées l’intense chaleur qui pourrait nuire à la précision des observations faites par le télescope et qui pourrait aussi endommager ses systèmes principaux.. Les instruments de ce télescope sont le résultat d’une entraide internationale et la participation canadienne s’étend à deux instruments en particulier : NIRISS (Near Infra Red Imager and Slitless Spectrograph) et le FGS (Fine Guidance Sensor). Contrairement à son prédécesseur Hubble, qui se sert d’une lentille de verre classique pour faire ses observations, James Webb captes ses images sur le spectre infrarouge des trois outils principaux suivants : l’instrument à mi-infrarouge (MIRI) fourni par la NASA, la caméra de proche-infrarouge (NIRCam) aussi fournie par la NASA et le spectrographe de proche infrarouge (NIRSpec) qui est une collaboration de l’agence spatiale européenne (ESA).  

Ci-contre une vue de la nébuleuse de la Carène depuis le télescope spatial Hubble à gauche et depuis le télescope spatial James Webb à droite

Mais pourquoi utiliser l’infrarouge plutôt qu’une lentille classique tel Hubble? Car certains types d’objets célestes, comme les planètes et les galaxies très lointaines sont très difficiles à observer avec précision à l’aide d’une simple lentille, contrairement à l’effet de l’infrarouge qui rends ces objets célestes plus brillants et plus distinguables. Le développement des technologies nécessaires à un télescope d’une telle ampleur a créé une facture s’approchant des 100 millions de dollars et un projet de recherches s’étalonnant sur une vingtaine d’années. 

Vers l’infini… 

Après la conception et la construction, le lancement du télescope à dû impliquer qu’il était trop grand pour pouvoir entrer dans le lanceur. Ce n’est qu’en se repliant sur ses composants qu’il put être installé dans son lanceur, la fusée Ariane 5. Son lancement eu lieu le 25 décembre 2021 à Kourou, en Guyane. Une fois sa traversée de l’atmosphère terrestre amorcée, il fut lâché dans le cosmos pour commencer ses observations. Mais pour ce faire, il dû d’abord se déplier pour activer ses composants, manœuvre qui lui pris un grand total de deux semaines à effectuer. Mais une fois déplié, ce n’est qu’en fin janvier 2022, deux semaines après son déploiement et son activation, qu’il atteignit le point L2 où il gravitera en orbite pendant une durée qui devrait s’étendre, d’après ses concepteurs, sur une quarantaine d’années. Bien que la mission de James Webb soit de compléter et d’étendre les découvertes d’Hubble, la NASA divisa celle-ci en cinq objectifs distincts : 

  1. Observer les confins de l’Univers 
  1. Rechercher les origines de l’Univers après le Big Bang en recherchant les premières étoiles et galaxies créées au moment de celui-ci 
  1. Comprendre la formation et l’évolution des différents corps célestes présents dans l’univers tels les étoiles, les planètes, les galaxies, etc. 
  1. Découvrir de nouveaux mondes lointains et/ou habitables en recherchant de nouvelles étoiles et exoplanètes 
  1. Déterminer si toute autre forme de vie existe ou est possible sur des planètes orbitant autour d’étoiles similaires à notre propre système solaire  

Ce n’est que le 11 juillet 2022 que les premières images captées par James Webb furent transmises à la NASA. Et depuis, le satellite continue sa course et tente de capter de nouveaux phénomènes inconnus dans notre infiniment vaste univers. 

Ci-dessus, de gauche à droite, une supernova en cours, la planète Jupiter et la nébuleuse de la Tarentule observés par James Webb

À noter que toutes les images proviennent de la NASA.

Voter souverain en 2022 : une récolte d’opinions chez nos voisins Canadiens

Photo iStock – Christian Ouellet

Conflits d’intérêts, différences culturelles et barrière de la langue: Le Québec a-t-il toujours sa place au Canada en 2022? Notre auteur, Pierre-Olivier Riverin est parti à la rencontre des Canadiens ordinaires pour discuter de la grande question québécoise.

Le 28 août dernier a marqué le déclenchement de la 43ème élection générale du Québec et l’heure est alors au bilan. Les Québécois sont portés à évaluer la performance de leur gouvernement et considèrent leurs alternatives, c’est alors le début d’une période de questionnement. Au travers de ce grand débat national, le Parti québécois ramène comme toujours le sujet de l’indépendance sur la table pour nous parler des bienfaits d’un référendum gagnant. Dans ce contexte de campagne électorale et en me remémorant tous les événements du passé qui ont tourné autour du sujet, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la question suivante: qu’en pensent nos compatriotes Canadiens?

Avant de procéder, je tiens à clarifier que le droit à l’indépendance appartient au peuple québécois et que seuls nous avons le dernier mot à dire. Pourtant, je suis pris d’une curiosité sur la question, car nous avons tendance à l’oublier, mais notre indépendance serait le début de la fin du Canada moderne. C’est dans cet esprit de curiosité et avec le désir de poser un nouveau point de vue marginal sur la table que je pars vers l’ouest pour offrir aux anglophones ordinaires l’opportunité de nous dire what’s what.

Sympathiques mais snobs: une vision pas toujours 100% glamour 

Dans le grand portfolio coloré de l’histoire des relations franco-anglo, il n’est pas vraiment rare de tomber sur une chicane ou deux. Cependant après plusieurs décennies d’évolution sociétale et de coopération nationale, il est évident que nos relations avec les anglophones se sont nettement améliorées au fil du temps, là je ne vous apprends rien de nouveau. C’est donc avec cette information en tête que je n’ai pas trop été surpris d’entendre des opinions mixtes à notre égard.

C’est sous les néons sémillants de la place Yonge-Dundas à Toronto que j’aborde un premier couple de cinquantenaires. Nous les appellerons Mary et Philip. « J’aime beaucoup les Québécois » nous dit Mary. « J’ai visité le Québec à quelques reprises et j’aime que nous ayons un petit morceau de la France au pays. Le Québec possède une culture riche et diverse, et je suis heureuse de les appeler nos compatriotes ».             

Bien que selon mes multiples discussions, le peuple ontarien semble bien partager cette vision positive sur nous, certains ne pensent pas de la même façon. « Je les trouves particulièrement snobs », dit un jeune sportif de la début vingtaine. « Lorsque je vais au Québec pour des compétitions, je me sens toujours regardé de haut quand je ne parle pas un français parfait ». Sa copine en rajoute : « Je crois seulement qu’ils sont fiers de montrer qui ils sont, mais parfois ça peut être un peu envahissant, surtout avec la langue ». 

La langue est souvent revenue lorsque je mentionnais le sujet de notre peuple. Le consensus général semble bien être celui que les Canadiens n’ont pas à parler et à accommoder le français, puisque selon eux elle s’agit que d’une langue minoritaire nichée au Québec. « Écrivent-ils des panneaux en anglais ou offrent-ils des services en anglais au Québec? C’est le même principe ici », rajoute Philip.

« Tout comme en Ontario, les régions rurales du Québec ont tendance à être plutôt fermées d’esprit et conservatrices dans leurs idées », nous dit Mary. « Mais il s’agit là plutôt d’une dynamique urbain versus rural que l’on trouve partout au pays », ajoute-t-elle. Philip continue en disant : « Les Québécois veulent montrer qu’ils sont différents, c’est un peuple fier, mais là où je mets une limite c’est quand leurs revendications commencent à avoir un impact négatif sur nous. Ils oublient parfois que nous sommes un pays uni et non une province versus la confédération ».

Une place à l’unité dans une fédération divisée?

Vous ne serez pas surpris lorsque je dis qu’il y a et aura toujours certaines tensions, plus ou moins graves, entre les québécois et les anglophones des autres provinces. Avec des partis au parlement fédéral comme le Bloc Québécois, on ne peut pas dire d’emblée qu’il s’agit là d’un pays entièrement uni, malgré cela, certaines personnes ont une vision plutôt positive des choses.

« Tu sais quoi? Je ne pense pas vraiment qu’il y a des tensions» dit Mary. « Dans ma ville d’Hamilton nous avons une grande communauté francophone, et je n’ai jamais vu les anglos s’engueuler avec les francos de la même manière que les gauchistes s’engueulent avec les droitistes, alors je ne crois pas que le conflit soit culturel ». Son mari enchéri : « Oui c’est plutôt des tensions politiques et idéologiques, de toute façon je crois bien que le Québec a tout intérêt à rester au sein du Canada vu les sommes extraordinaires qu’ils reçoivent d’Ottawa. Sans ça, comment feront-ils pour survivre? »

Le jeune sportif nous répond ensuite « Le Québec fait déjà partie du Canada. Pourquoi détruire ce qui fonctionne? Je veux dire, pourquoi l’histoire est si importante pour ces gens-là? À mon avis ils devraient se concentrer sur l’avenir et travailler avec nous plutôt que de se concentrer sur des détails qui appartiennent aux générations passées ».

Certains sont plus cyniques, comme cet homme quarantenaire que j’ai abordé au pied de l’hôtel de ville torontois. « À partir du moment qu’il y a des différences culturelles, il y aura toujours des tensions », dit-il. « C’est naturel, c’est humain. Maintenant le défi c’est de savoir, le Canada est-il réellement capable de maintenir à long terme son unité multiethnique qui forme la base de toute sa réputation? Si les Québécois jugent qu’ils sont mieux par eux-mêmes, alors soit. Mais moi, je choisis de croire au rêve canadien et eux devraient aussi », conclue l’homme.

La jeunesse et l’indépendance : que veut dire le vote solidaire et péquiste?

Un vol et un paquet de peanuts plus tard, c’est en Alberta que se déroule la suite de cette grande entrevue canadienne. Comme mentionné plus haut, le Québec reçoit environ 12 millards de dollars annuellement en guise de paiement de péréquation de la part d’Ottawa pour aider au développement provincial, et c’est cette grande province des prairies qui en paie la facture la plus salée. C’est donc en toute connaissance de cause que je me suis rendu dans le village rural traditionnellement conservateur de Vegreville afin d’obtenir des réponses peut-être un peu plus positionnées sur la question. 

Québec solidaire et le Parti québécois sont les deux partis indépendantistes de cette élection et l’on peut constater qu’en général, c’est que la jeunesse vote solidaire, et ainsi, pour le Québec souverain. J’ai donc abordé des passants sur la possibilité d’un troisième référendum.

« Honnêtement, je m’en fiche complètement si le Québec décide de se séparer », nous dit Bill, rencontré dans le Wal-Mart du village. « Bien sûr, les Québécois ont le droit de choisir, c’est un monde libre n’est-ce pas? À partir du moment où le référendum n’est pas falsifié, et je suis certain qu’il ne serait pas, alors on se doit de respecter le souhait démocratique de la province », dit-il. 

« Je crois bien que c’est ce que veut la majorité des Québécois et puis, si c’est le cas, qu’ils le fassent leur pays. De toute façon, cet enjeu-là ne se lie pas à notre réalité », déclare une femme rencontrée sur le boulevard principal. Un autre homme, agriculteur de métier, partage un avis similaire: « S’ils veulent quitter, qu’ils le fassent. Par contre, ils doivent se rendre compte que si ce projet se réalise, tout l’argent que nous leur envoyons partira en l’air. Il faut qu’ils sachent comment combler ce déficit ». Lorsque je lui demande son avis sur les paiements de péréquation, il me répond « Je crois que c’est absolument injuste. Pourquoi le Québec aurait-il droit à notre argent, alors qu’eux ne veulent même pas nous soutenir dans nos projets pétroliers? C’est un accord qui n’a pas de sens et je crois bien qu’il faudrait s’en débarrasser ».

Bien que cet avis sur les paiements de péréquation semble partagé unanimement au sein de la populace locale, Bill, interrogé plus haut, nous avoue que lui, s’en fiche de cette question: « Tu sais, moi je ne m’intéresse pas à la politique. Je trouve que je mène une vie bonne, je ne manque de rien, alors ce que le fédéral décide de faire avec notre argent ne m’importe pas. Si certains trouve cela injuste, et bien c’est leur problème. Moi, ça me convient ».

Indifférence politique ou libertarianisme de fond? Ces avis sont certes intéressants à écouter, or il est important de souligner que les Albertains ont généralement un consensus différent sur la question Québécoise: on coûte trop cher, et on devrait quitter si on le souhaite.

Un appel à la  solidarité canadienne pour la jeunesse souverainiste

En guise de dernière question conclusive de ces entrevues, j’ai offert la possibilité aux personnes interrogées de passer un message aux jeunes Québécois qui souhaitent avoir un pays.

« Oh come on! » s’exclame une passante d’origine salvadorienne. « Je suis venue dans ce pays pour son unité et sa grande diversité culturelle, pourquoi voulez-vous détruire ça? Le monde vous envie et vous devriez en être fier ».

« Je crois bien que c’est un projet stupide à la Brexit, mais si c’est réellement le souhait des Québécois, alors il en est du devoir démocratique de leur donner ce qu’ils réclament », déclare Philip. Sa femme ajoute : «Avec le Brexit, c’était la population âgée qui a voté pour. Dans ce cas-ci, il semble bien que c’est la jeunesse qui souhaite se séparer, je trouve ça déjà plus juste. Après tout, ce sont eux qui vont subir les conséquences de leurs choix, non? Qu’ils soient positifs ou négatifs, c’est à la jeunesse de façonner son propre avenir. Si c’est réellement ce que vous croyez et désirez, alors faites-le ».

« Au fond, le choix revient uniquement aux Québécois », nous dit un passant. « Mais la réalité c’est que vous avez toujours fait partie du Canada, nous avons fait de grands efforts pour vous accommoder du mieux qu’on pouvait, et personnellement je trouve que le Québec est une très belle province, alors si vous décidez de rester uni et de coopérer avec nous, les choses iraient bien mieux pour les deux côtés », continue ce dernier.

En Alberta, les gens partagent sans surprise un avis qui touche plus à l’indifférence.

« S’ils prennent bien en compte leurs affaires économiques et qu’ils sont certains de leur projet, qu’ils le fassent. Comme je l’ai dit, je crois que l’argent que nous envoyons est injuste, et si cela veut dire moins de taxes pour nous, alors je suis toujours partant» répond l’agriculteur. Sa conjointe ajoute : « S’ils veulent quitter, qu’ils le fassent. Ça ne nous regarde pas ».

Un petit mot personnel pour la fin

Dans un océan d’informations mixtes et contradictoires, il est si vite facile d’en perdre la tête et ne plus savoir où regarder, surtout quand ça touche la politique. Vous savez, la question du Québec au sein du Canada est un grand débat qui ne trouvera jamais de consensus pleinement majoritaire. C’est donc important que tous se forment une opinion individuelle sur le sujet afin d’en arriver à un résultat démocratique des plus représentatifs possible.

Les avis entendus ne sont donc pas seulement mixtes mais dépendent aussi de la région interrogée. L’Ontario, grand voisin du Québec et foyer historiquement libéral du Canada, a bien plus tendance à vouloir garder la belle province au sein de son pays, tandis que chez les cow-boys conservateurs du far-west, le Québec leur semble être une province tellement lointaine autant sur le point culturel que géographique, qu’il n’en relève pas de leur intérêt de mettre des efforts à nous garder. 

Et lorsqu’on regarde l’enjeu d’un point de vue fondamental, notre séparation éventuelle relève uniquement du choix démocratique des Québécois. Le choix que vous, citoyens, allez faire quand on vous présentera ce nouveau bulletin décoré d’un simple oui et d’un non, mettra fin temporairement à ce débat intergénérationnel de la grande question québécoise. Allez donc voter armés de vos meilleures connaissances et convictions.

Mais en attendant ce prochain jour J, nous pouvons garder en tête les réponses que vous avez lues aujourd’hui. Je vous invite donc à porter réflexion sur ce que nos compatriotes Canadiens d’en haut ont à nous dire. Formez-vous ou renforcez votre opinion sur notre place dans la fédération, je ne pourrais jamais souligner assez l’importance de chercher de l’information et je vous invite aussi à participer aux débats politique qui marquera notre avenir à jamais. Après tout, peu importe votre orientation politique, la démocratie n’existe que lorsque tous les citoyens votent en connaissance de cause. 

Dans les mots de Ségolène Royal; “La démocratie, c’est comme l’amour. Plus il y en a, plus elle grandit.”

Ces groupes qui manifestent

Départ de la grande marche du 22 septembre dernier à Montréal / Photo Meggie Cloutier-Hamel

Plus de 145 000 étudiantes et étudiants du Québec étaient en grève le 22 septembre dernier, en raison d’une grande mobilisation pour la cause de l’environnement. Une grande marche s’est déroulée dans les rues de Montréal pour l’occasion. Majoritairement composée d’étudiantes et d’étudiants, cette manifestation a aussi accueilli bon nombre de groupes de syndicats de professeures et professeurs, de mouvements environnementalistes, de groupes écologistes, etc.  

Présence de nombreux groupes 

22 septembre 2022, plusieurs mouvements, collectifs, associations ou même réseaux se rassemblent à la statue George-Étienne-Cartier avant de commencer la marche. Le Mouvement d’action régional en environnement (MARE) est notamment présent et plusieurs de leurs représentants affichent un drapeau jaune à leur effigie. Membre du mouvement, Marianne mentionne que MARE s’est « battu beaucoup dans les dernières années pour protéger les milieux naturels de l’étalement urbain », étant principalement actif dans la région de Vaudreuil-Soulanges. Elle dit également que le groupe citoyen a soutenu plusieurs manifestations de solidarité envers la nation autochtone des Wet’suwet’endans leur lutte contre le développement du pipeline Coastal GasLink en Colombie-Britannique. « On est un groupe qui est là pour appuyer les autres groupes pour donner une voix aux citoyens qui se sentent impuissants face aux changements climatiques », dit Marianne.  

Le Réseau Québécois des Groupes Écologistes (RQGE) fait également partie de la manifestation.  Anipier Maheu, responsable des communications et de la vie associative, souligne que le RQGE « favorise les échanges entre les groupes pour favoriser l’unité du mouvement communautaire écologiste et citoyen. » Elle ajoute que celui-ci « apporte un appui et un soutien à un ensemble de groupes à travers la province, qui eux, gèrent des dossiers spécifiques » et précise que leurs bureaux sont basés à Montréal. Leur présence à la marche se veut aussi être un message pré-électoral envoyé aux partis politiques pour que ceux-ci agissent pour le climat à l’issue du scrutin du 3 octobre. Mme Maheu se dit elle-même préoccupée par l’avenir de la planète.   

Appuyer la communauté étudiante 

De nombreux syndicats de professeures et professeurs se trouvent aussi à cette grande marche pour le climat. Parmi eux, on retrouve le Syndicat des professeur.e.s du Cégep du Vieux Montréal (SPCVM). Stéphane Thellen, membre de l’exécutif du SPCVM mentionne que le syndicat est toujours présent lors des grandes manifestations et se dit inspiré par le mouvement mondial de lutte contre les changements climatiques. Il souligne aussi qu’il a lui-même fait mention de la marche aux étudiantes et étudiants de tous ses cours. M. Thellen mentionne l’impact de celui-ci sur le SPCVM : « On a nous-même des revendications comme prof, comme syndicat pour nos conventions collectives, d’améliorer notre bilan environnemental, de réduire nos actions sur les gaz à effets de serre ». M. Thellen souligne aussi que les actions de la communauté étudiante du cégep sont certainement une source d’inspiration pour le syndicat.  

D’ailleurs, il est à souligner que le Cégep du Vieux Montréal maintient sa certification de Cégep Vert du Québec, niveau Excellence, depuis 2011.

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