Les portes du Salon bleu s’ouvrent à ceux qui ferment la porte à la monarchie

Crédit : Clovis Fecteau

Depuis les tous débuts de l’histoire du Québec britannique, les députés québécois prêtent un serment d’allégeance au peuple, mais la deuxième partie de ce serment pose problèmes, débats et malaises ; le serment à la couronne britannique.

Mais le 31 janvier 2023 marque un tournant majeur sur la scène politique, alors que les premiers députés à ne pas avoir prêté serment à la monarchie britannique entrent au Salon bleu. En effet, la première journée d’entrée parlementaire de la nouvelle année, sera marquée par l’arrivée de trois nouveaux députés qui n’avaient alors pas accès à la chambre. Les trois députés du caucus péquiste qui avaient refusé de prêter serment au nouveau roi à la suite des élections d’octobre où la formation politique avait subi la pire défaite de son histoire. Forçant le débat, les trois exclus ont finalement eu gain de cause après que le gouvernement eu déposé et adopté un projet de loi rendant facultatif le serment au roi le 9 décembre dernier.

Ils étaient donc les premiers députés de l’histoire à ne pas avoir prêté serment à leur entrée au parlement le mardi 31 janvier 2023. C’est sujet chaud et délicat qui remonte à l’époque des patriotes qui se voit réglé.  Une petite victoire, tout de même symbolique, pour le camp souverainiste qui pourrait toutefois ouvrir la porte à d’autres développements sur les questions qui concernent la place du Québec au sein du Canada et de ses liens avec la monarchie ; surtout à l’heure où les tensions entre les deux paliers de gouvernements s’exacerbent ; entre autres avec les transferts en santé, l’affaire Elghawaby et la déstabilisation de la famille royale suite au décès d’Elizabeth II. 

Un progrès sur la question des drogues dans l’Ouest du pays

Crédit : Pixabay

La Colombie-Britannique avec l’aval du gouvernement fédéral a décriminalisé depuis le 31 janvier dernier la possession de 2,5g et moins d’opioïdes. Cette mesure prend place dans le cadre de projet pilote de trois ans visant à lutter contre l’épidémie de surdose dû à la consommation de drogues dures. Les drogues comprises dans cette mesure incluent entre autres, l’héroïne, le fentanyl, le crack, la cocaïne en poudre, de la méthamphétamine et de la MDMA (ecstasy). Ces mesures visant à limiter les altercations avec les forces de l’ordre sont bien accueillies par plusieurs, mais semblent bien insuffisantes et ne sont pas à l’abri des critiques qui doutent d’y voir un réel impact.

Depuis 2016, année où la province a déclaré une urgence de santé publique, plus de 11 000 personnes sont décédées d’une surdose. Plusieurs acteurs de la communauté réclament davantage de mesures pour accompagner le projet, comme des sites de consommation supervisée ou encore un approvisionnement réglementé d’options pharmaceutiques pour éviter que des substances dangereuses comme le fentanyl se retrouvent dans les autres drogues.

L’épidémie de surdose ne frappe pas seulement la province de l’Ouest et les discussions sont vives partout au pays. On presse le fédéral d’agir rapidement et fortement sur l’approvisionnement en drogues toxiques qui reste la principale cause de décès par surdose. 

La ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie-Britannique, Jennifer Whiteside soutient quant à elle que « la décriminalisation est un changement historique, mais [que] nous savons qu’elle ne résoudra pas à elle seule la crise des drogues toxiques ». 

Une fierté dans l’ombre de nos inquiétudes

Crédit: Université Laval

Des résultats d’élections controversées, oui, mais un nouveau portrait politique diversifié dont nous pouvons être fiers.  

Depuis presque toujours intéressé et impliqué dans la scène politique, surtout du Québec, j’avais envie de parler de politique, mais j’avoue, dégouté par les résultats, je ne le cache pas, je n’avais pas envie d’être le 300e à parler de distorsions ou de défaites historiques. J’ai donc effectué mes recherches pour trouver quelque chose de plus positif.   

Le 3 octobre dernier, les Québécois se rendaient aux urnes1 pour élire les députés qui allaient composer la nouvelle Assemblée nationale du Québec. Mais ça, vous le saviez et j’espère que toutes celles et ceux qui étaient en mesure de voter l’ont fait.  

Et maintenant les résultats tombés, qu’importe le parti pour lequel vous avez voté ou auquel vous vous identifiez et si vous avez ou non gagné vos élections, le Québec peut être fier. En effet, même si le résultat des élections avec le mode de scrutin actuel et les distorsions qu’il a créé ont généré un raz-de-marée d’indignation et de questionnements au Québec, ces élections ont eu, sur d’autres plans, dont celui de la diversité, des résultats historiques qui méritent d’être soulignés.  

22%, c’est le pourcentage de députés issus de la diversité au Québec qui siégeront dans la nouvelle Assemblée nationale à la suite des élections du 3 octobre dernier.

22%, un chiffre duquel nous pouvons être fiers, car bien que difficile à calculer précisément, il est sans équivoque, selon les chiffres de Statistique Canada, équivalent ou supérieur à la représentation des diversités dans la population. À savoir que par diversité, on inclut les personnes qui ne sont pas d’origine britannique ou française, qu’elles soient visibles ou non. Les chiffres n’incluant pas les personnes autochtones. 

La première femme autochtone a été élue députée à l’Assemblée nationale.  

La caquiste Kateri Champagne Jourdain de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam a gagné son siège dans une circonscription de la Côte-Nord avec une écrasante majorité de plus de 3 000 voix sur le second candidat en liste.  

À noter également que pour les 22,4% de la population canadienne issue de la diversité, c’est seulement 14,8% des sièges qu’ils obtiennent à la Chambre des communes. Pour les élus noirs, la situation est bien loin d’être meilleure au fédéral avec 1,5 % des élus contre 3,5 % de la population, alors qu’au Québec, le tableau s’inverse avec une représentation de 4% pour une population de 3,9%.    

Ottawa n’aura donc qu’à se regarder dans le miroir avant de donner quelconques leçons aux Québécoises et Québécois en matière d’ouverture et de diversité. 

Même chose du côté de la parité, c’est presque chose faite au Québec qui se situe, selon les chiffres de 2021 du « Inter Parliamentary Union2 » au 4e rang mondial avec 46% de femmes députées, alors qu’à Ottawa, le fédéral obtient la 19e place avec 30,5% de présence féminine à la Chambre des communes.  

Connaissez-vous beaucoup d’autres états qui peuvent se vanter d’une meilleure représentativité? Pas moi. 

Cependant, signe du clivage qui sépare la métropole québécoise du reste du Québec, c’est bien à Montréal que l’on retrouve la plus grande concentration de diversité par rapport à son poids démographique ; 37% de députés issus des minorités pour un peu moins du tier de la population de la ville. Évidemment, ce n’est pas une grande surprise pour la métropole qui s’est toujours démarquée du reste du Québec sur le plan de la diversité et de l’inclusion. Bien sûr, il reste que ces résultats ne devraient pas être instrumentalisés par les politiques pour accentuer la lutte déjà existante entre les centres urbains et les régions. 

Sans conteste, il y a encore beaucoup à faire ; notre mode de scrutin actuel et le faible taux de participation, plus particulièrement chez les jeunes, inquiètent certains électeurs et analystes qui y voient une menace pour la démocratie. Le Québec a toutefois de quoi être fier de cette représentativité unique et historique. 

Moi, j’en suis fier. Vous pouvez l’être aussi. 

50 ans du Front commun de 1972

En collaboration avec Édouard Bernier-Thibault

Aujourd’hui, le syndicalisme est loin d’être le centre d’attention ou d’intérêt des mouvements sociaux, voire de la société en général. Pourtant, celui-ci peut et a déjà été à l’avant-garde de la gauche québécoise. Aujourd’hui, celle-ci se base surtout sur la convergence des luttes antifascistes, antiracistes, pour la justice climatique, pour les droits des personnes 2SLGBTQ+ et même, parfois, souverainistes. Les changements sociaux n’étant plus nécessairement reliés aux revendications du milieu du travail, on a tendance à oublier l’apport des syndicats dans les mouvements de la gauche au Québec. Bien qu’aujourd’hui relégué au second plan, il faut se rappeler que le syndicalisme québécois a déjà été porteur d’un projet de transformation social profond et émancipateur. Il a déjà été synonyme d’espoir d’un monde meilleur pour des jeunes et moins jeunes d’ici. C’est pour redécouvrir l’esprit qui animait la gauche de l’époque et pour tenter de revitaliser le mouvement syndical aujourd’hui que cet article propose de traiter d’un événement majeur de l’histoire du syndicalisme au Québec survenu il y a exactement 50 ans: le front commun de 1972.

Mise en contexte

Devant une révolution un peu trop tranquille pour certains et à une désillusion croissante face aux positions du gouvernement et des partis politiques, la gauche est à son plus fort dans la province durant la deuxième moitié des années 1960 puis au cours les années 1970. Les trois centrales majeures de l’époque, la Fédération des Travailleurs du Québec (FTQ), la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN) et la Corporation des Enseignants du Québec (CEQ) se radicalisent avec les milieux intellectuels et militants pour rejeter plus ou moins explicitement le capitalisme, proposant un Québec socialiste et davantage démocratique. L’accès au pouvoir de Robert Bourassa en 1970 (Parti Libéral du Québec), qui tient des positions allant à l’encontre de celles des centrales, exacerbe les tensions et alimente les critiques de l’État, de plus en plus considéré comme complice et instrument du patronat.

Dans le cadre de la renégociation des conventions collectives pour le secteur public et parapublic en 1972, la FTQ, CSN et la CEQ s’entendent pour former un front commun, c’est-à-dire une coalition dans le but de faire valoir leurs demandes au gouvernement. Regroupant environ 200 000 syndiqués, celui-ci a comme exigence principale le salaire minimum hebdomadaire de 100$ par semaine pour les employés de l’État. Cette revendication, à laquelle le gouvernement libéral se montre profondément hostile, remet en question le fonctionnement du marché du travail. Effectivement, le front commun ne souhaitait pas simplement accroître les bénéfices de ses membres, il se donnait comme objectif de remettre en question le capitalisme et d’influencer l’ensemble des relations de travail pour redéfinir les rapports de force entre les travailleurs et les chefs d’entreprises. Les syndicats affirment que « le développement économique devrait servir les besoins de la population », et non l’inverse.

Après des négociations infructueuses, les grèves commencent au mois de mars 1972. Presque aussitôt, le gouvernement libéral met en place des injonctions pour forcer les grévistes à retourner au travail. Néanmoins, plusieurs d’entre eux (plus de 210 000) décident d’y déroger et s’unissent en affrontant les policiers au sujet des injonctions et en bravant celles-ci. La grève est alors la plus grande de l’histoire du Québec. Les ordres de l’État viennent cependant miner le camp des travailleurs et sèment la discorde au sein de celui-ci. L’adoption de la loi 19, qui suspend le droit de grève, pénalise financièrement les grévistes et les oblige à retourner au travail, frappe durement le front commun. Surnommée « loi matraque », elle reste aujourd’hui l’une des lois les plus répressives de l’histoire des relations de travail au Québec. Elle interdisait le droit de grève des manifestants qui ne respectaient pas les injonctions et leurs imposaient une amende faramineuse de 150 $ (près de 1700$ aujourd’hui).

Confrontée aux mesures draconiennes de l’État puis face à des désaccords en son sein, la direction du front commun décide (à contre-cœur et par manque d’alternatives) de mettre fin à la grève et de décréter le retour au travail en arrivant à une entente. Deux semaines plus tard, les trois chefs syndicaux sont arrêtés et emprisonnés pour atteinte au tribunal — une autre et dernière preuve de l’hostilité du gouvernement pour les militants. Cet emprisonnement entraîne une deuxième grève impliquant plus de 300 000 travailleurs du secteur privé mobilisés autour de manifestations éparses, autogérées et plus flamboyantes que celle de la première. Le point culminant a lieu à Sept-Îles, lors d’une manifestation des Syndicats des Métallos, un chauffard en état d’ébriété et connu pour ses positions antisyndicales fonce dans la foule, blessant plusieurs manifestants et en tuant un. Ce manifestant était membre du syndicat des métallos et n’étant âgé que de 22 ans. Ce tragique événement pousse finalement le gouvernement Bourassa à écouter les revendications des ouvriers et à effectuer des changements pour amener les syndicats à mettre fin à la grève. Malgré les troubles et les déceptions, l’accord conclu avec le gouvernement en 1972 est considéré par plusieurs comme une victoire. Entre autres, les employés de l’État obtiennent le salaire minimum de 100$ par semaine, l’indexation des salaires au coût de la vie en plus de meilleurs avantages sociaux.

Résultat

Si le front commun a réussi à augmenter considérablement le niveau de vie des salariés du secteur public, il n’a toutefois pas débouché sur les grandes transformations sociétales souhaitées. L’espoir d’une grande fédération des travailleurs autour du développement de la justice sociale n’a pas réellement abouti, et le pouvoir politique du syndicalisme s’est vu énormément réduit face à l’imposition successives de loi spéciale. À partir de ce moment, notamment après les multiples récessions des années 1970 et 1980, le mouvement syndical perd progressivement ses positions idéologiques subversives et adopte un caractère de plus en plus réformiste et défensif. Ce faisant, les centrales tentent avant tout de protéger les acquis de leurs membres et de revenir aux politiques sociales-démocrates de la Révolution tranquille, en bonne partie démantelées par le vague néolibérale des 40 dernières années.

Pour en apprendre plus sur cette mobilisation et sur ce qu’elle aurait pu amener:
Sur Radio-Canada
https://ecosociete.org/livres/1972

Grève étudiante de 2012 : Le Collectif de débrayage

La grève étudiante de 2012 a beaucoup été couverte par les médias ainsi qu’analysée par les historiens et les sociologues. À l’époque, le Collectif de débrayage a voulu, en sortant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, offrir un point de vue interne des débats qui parcouraient les manifestations.

Le collectif

Le Collectif de débrayage s’est créé en produisant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, un livre publié peu de temps après les manifestations de cette année-là.  Composé d’une dizaine de membres ainsi que de collaborateurs, il était surtout constitué d’universitaires, des personnes qui avaient notamment vécu les importantes grèves antérieures, comme la grève étudiante de 2005 en réaction à l’éventuelle coupure des prêts et des bourses du gouvernement Charest.

Les membres soulignent que le nom du collectif fait référence au mouvement de grève. En effet, le nom « débrayage » vient du verbe à connotation familière « débrayer » qui signifie « arrêter de travailler », « se mettre en grève ». Ils spécifient aussi que c’est l’action qui permet le processus d’arrêt d’une voiture manuelle, donc une manière de mettre les freins sur des situations questionnables.

Une œuvre de « vrais grévistes »

Les membres du collectif, qui ont préféré garder l’anonymat, voulaient faire un grand portrait de ce qui se passait durant la grève. Une participante dit qu’ils « sentaient l’urgence d’écrire à ce moment ». Ils voulaient se distancier des points de vue d’historiens et de sociologues qu’on voyait dans les médias.

Le titre « On s’en câlisse » s’est imposé selon les membres. Celui-ci vient du slogan « La loi spéciale, on s’en câlisse » qui parcourait les manifestations en 2012. Il rappelait l’objectif de l’ouvrage en mettant en valeur une parole collective de la rue, tout en appelant à la revendication avec un vocabulaire du joual québécois.

Les membres du collectif disent aussi que l’ouvrage sert à l’usage des futures grèves. L’un de ceux-ci parle notamment de la cyclicité des grandes manifestations étudiantes. Selon lui, il y a toujours des sujets à débats comme les assurances collectives, la rémunération des stages, l’évincement des associations étudiantes, etc.

L’après On s’en câlisse

Le collectif dit qu’avec l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois et la mise en place de la Charte des valeurs québécoise, il y a eu une repolarisation de la politique, en passant du sujet des frais de scolarité à l’immigration, par exemple. Une réédition de l’ouvrage a été faite en 2014 afin d’ajouter des précisions à ce sujet.

En 2015, le collectif publie Fuck toute, un autre ouvrage sur le mouvement étudiant plus minoritaire qui se produisait à ce moment. Un titre qui rappelait encore le slogan rural qui s’entendait cette année-là. Ils publiaient des chroniques quotidiennes sur leur site web Le littoral qui ont été compilées par la suite pour former cette œuvre imprimée.

10 ans plus tard

Le Collectif de débrayage n’est aujourd’hui plus actif. Cependant, il prépare un événement sur On s’en câlisse qui est prévu le 14 mai prochain à 15h dans la programmation d’une exposition sur les archives du Printemps érable présente durant tout le mois de mai au 2012 rue Saint-Denis, une adresse qui n’aurait pu être mieux choisie pour l’occasion.

L’un des membres du collectif mentionne que « la grève est toujours suspendue » et que le collectif ne souhaite pas entrer dans une logique de célébration pour ces futurs événements, mais plutôt dans une commémoration de sujets qui sont toujours d’actualité. « Ce n’est pas pour être dans une pure nostalgie, mais pour dire que les questions qui se posaient se posent encore, les problèmes dont on a discuté, ils évoluent encore […] c’est se donner une occasion de mettre à jour le livre », dit également ce même membre.

Commémoration du « Printemps étudiant 2012 »

2022, cela fait maintenant dix ans que le mouvement étudiant déclenchait une grève d’une ampleur et d’une durée sans précédent au Québec. L’objectif de ce mouvement d’opposition était le suivant : l’annulation de la hausse des droits de scolarité projetée par le gouvernement Charest dans le budget de 2012-2013. Et depuis, les droits de scolarité suivent la hausse de l’inflation1. Manifestement, nous sommes loin d’un gel. Oui, la hausse envisagée par le gouvernement Charest, sur la période d’abord de 5 ans et ensuite de 7 ans, a été bloquée. Mais, le gouvernement Marois a mis en place un mécanisme automatique annuel haussier de ces droits. Résultat : les droits (ou les frais ?) de scolarité́ sont toujours en hausse et plusieurs étudiant∙e∙s ne cessent de s’endetter pour accéder au savoir.

Combien coûterait l’annulation des droits de scolarité́ à l’université́ au Québec ? À l’époque, le coût de la mesure correspondait à moins de 1% du budget de la province de Québec. Aujourd’hui ? Aujourd’hui cela coûterait beaucoup moins que les 10 milliards du tunnel Levis -Québec promis par le gouvernement caquiste dirigé par François Legault.

Droits de scolarité : l’abolition est une mesure envisageable et possible

Au sortir du conflit étudiant de 2012, l’ex-premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, accordait une entrevue au quotidien Le Devoir2. Entrevue dans laquelle il confirmait que le Québec avait les moyens d’abolir (oui, vous avez bien lu, « abolir ») les droits de scolarité et qu’il s’agissait seulement, pour que cette mesure se concrétise, d’une volonté politique.

Conclusion

Pour obtenir un jour, le gel des droits de scolarité et leur éventuelle abolition, il faut continuer à rappeler de combien ceux-ci augmentent annuellement. Il faut également préciser qu’année après année le gouvernement du Québec a de plus en plus à sa disposition les ressources financières pour les abolir. Il s’agit là, comme le précisait Jacques Parizeau, d’une simple question de volonté́ politique.

Yvan Perrier,
Professeur au département de Sciences sociales

Mois de l’Histoire des Noirs : entrevue avec Frantz Benjamin

Par Édouard Bernier-Thibault

En février, plusieurs pays à travers le monde, dont le Canada, célèbrent le Mois de l’Histoire des Noirs (MHN). Sous l’initiative d’organisations de la société civile et de certains représentants ou élus, de multiples États ont passé des lois faisant du mois de février le Mois de l’Histoire des Noirs depuis les années 1970 et 1980. Cependant, cet évènement était déjà organisé et fêté sous une forme ou une autre par et dans plusieurs communautés noires au Canada et aux États-Unis depuis les années trente. En 2007, une loi qui avait été votée par l’Assemblée nationale du Québec l’année précédente entre en vigueur, instituant officiellement le MHN dans la province.

Tel que mentionné par le site web, le Mois de l’Histoire des Noirs a comme principaux objectifs de « souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise » ainsi que de mettre « en évidence les enjeux sociaux, économiques, culturels, éducatifs et institutionnels qui touchent les communautés noires ». Durant tout le mois, des visionnements de films, des cours de musique, des conférences et plusieurs autres types d’activités se dérouleront à ces fins. Vous pouvez consulter le site web de l’évènement où vous retrouverez entre autres la programmation des activités.

Une entrevue avec M. Frantz Benjamin

Depuis 2018, M. Frantz Benjamin est député de la circonscription Viau pour le Parti libéral du Québec. Dans son passé, il a occupé plusieurs autres fonctions dont conseiller municipal ainsi que consultant en relations interculturelles et en gestion de la diversité (de 2004 à 2009). Il sera présent le 17 février au cégep pour une table ronde sur le thème du Mois de l’Histoire des Noirs. Voici ce qui est ressorti de notre échange.

« La présence des Noirs au Québec, c’est une présence qui se compte en siècles, et pas en décennies ni en terme d’années. […] Les Noirs sont présents partout au Québec, dans toutes les régions du Québec. »

M. Benjamin a tout de suite souligné comment la présence de Noirs d’origines distinctes dans toutes les régions et les domaines de la vie québécoise doit nécessairement impliquer une meilleure connaissance de leurs réalités ainsi que de leur histoire. Selon lui, c’est quelque chose qui s’impose pour le vivre-ensemble afin de mieux se connaître et de s’enrichir culturellement les uns les autres. C’est aussi et autant pour permettre de s’attaquer à des enjeux économiques, politiques et autres touchant particulièrement les afro-descendants vivant au Québec.

« C’est un mois de festivités, donc où on peut découvrir les cultures des communautés noires […] mais c’est aussi un mois de débats, d’échanges, de partages, et c’est pour cette raison que oui, c’est le mois de l’histoire des Noirs, mais c’est un mois tout québécois selon moi. »

L’histoire enseignée dans nos sociétés est de plus en plus critiquée, notamment par rapport aux enjeux autour des potentiels biais dans l’enseignement et dans l’interprétation de l’histoire qu’on transmet dans les écoles. Voici ce que Frantz Benjamin m’a dit à ce sujet:

« Je crois fondamentalement que les livres d’histoire doivent dire la réalité, mais toutes les réalités, et moi je suis de ceux qui croient que oui, il faut travailler sur les enjeux d’inclusion des perspectives historiques des autres groupes, de tous les groupes dans les livres d’histoire. »

« Ça fait quelques années que je rencontre des groupes de jeunes Noirs pour leur dire que, vous savez quoi, l’histoire des Noirs n’a pas commencé avec l’esclavage. […] Ramener l’histoire des Noirs à la seule perspective de l’esclavage, c’est très réducteur. […] Il faut aussi apprendre aux jeunes Noirs, et à tout le monde, l’apport et la contribution des Noirs à la collectivité. »

M. Benjamin est allé plus en détail sur les enjeux et les problématiques que vivent et endurent encore les communautés noires comme le profilage racial, les crimes haineux, dont ils sont encore les plus grandes victimes au Canada, ainsi que la surreprésentation dans les lieux d’incarcération. Plus récemment, la pandémie a frappé de manière disproportionnée les Noirs du Québec et d’Amérique en général, comme l’a souligné mon interlocuteur, en infectant et tuant en un plus grand pourcentage dans les collectivités noires en comparaison au reste de la population. Cela a plusieurs causes, mais la pauvreté dans les quartiers majoritairement afro-descendants en est certainement une pour le député libéral.

« Ce sont autant d’enjeux qui méritent que nous ayons, que nous puissions avoir une conversation franche, mais une véritable conversation sur ces enjeux-là pour dire comme société, quels sont les leviers que nous mettons en place pour favoriser une véritable égalité, une véritable inclusion », mentionne Frantz Benjamin.

La chose est claire pour le député de Viau : en plus et au-delà de l’apprentissage et la sensibilisation que permet un évènement comme le MHN, celui-ci doit avoir comme but de contribuer et participer à la construction d’une société plus juste pour tous.

« Quand on veut enrayer les disparités, quand on veut enrayer les inégalités, il faut se doter de lois, de programmes, mais surtout des indicateurs et des mesures d’imputabilité », dit M. Benjamin.

Pour en apprendre plus au sujet du Mois de l’Histoire des Noirs, vous pouvez évidemment consulter le site web de l’événement. Vous êtes aussi les bienvenus à participer à la table ronde qui se déroulera ce jeudi 17 février à 12h00 au CVM, au local A4.82. Il sera question de diversité, de représentativité, de racisme systémique et de plusieurs autres sujets à débat autour du vivre-ensemble dans une société multiculturelle. M. Benjamin sera présent, accompagné de Dominique Ollivier, qui occupe entre autres la fonction de conseillère de Rosemont-La-Petite-Patrie pour Projet Montréal, ainsi que de Marie-Eve-Lyne Michel, candidate dans Laurier-Ste-Marie pour le Bloc québécois aux dernières élections fédérales.

Élections fédérales : Qui se présente?

La population canadienne ira aux urnes le 20 septembre afin d’élire le parti qui sera au pouvoir pour les quatre prochaines années. L’Exilé vous présente les candidat.e.s des principaux partis politiques qui se présentent dans la circonscription du Cégep du Vieux Montréal, Laurier – Sainte-Marie.

Officiellement, 11 candidat.e.s se présentent dans Laurier – Sainte-Marie. Nous présentons les cinq candidat.e.s des principaux partis.

Steven Guilbeault (Parti Libéral du Canada, actuel ministre du patrimoine) 

Steven Guilbeault est le député sortant de la circonscription et se présente sous la bannière du parti de Justin Trudeau dont il a rejoint les rangs en 2019. Rencontré à son local de campagne, il tire un bilan positif de son premier mandat (mandat écourté en quelque sorte par ces élections impromptues). La COVID-19 a bien évidemment marqué celui-ci : « ce qu’on a fait surtout au niveau local, c’est d’aider le plus de personnes, d’organisations, d’organismes possibles à passer à travers la pandémie », dit-il en entrevue. Il cite comme exemples d’aide, des subventions (la PCU, la subvention salariale d’urgence, etc.)

« Le travail d’un député et de son équipe, c’est vraiment d’être au service, je ne sais pas combien de milliers d’appels ou de courriels nous avons reçu au cours de ces 18 mois-là » ajoute-t-il.

« Le travail d’un député, c’est de servir, de servir sa communauté, de servir les gens qui la composent ». C’est le début de sa réponse lorsqu’on lui demande ce qu’il souhaite faire s’il est réélu. Il nomme tout d’abord la lutte aux changements climatiques : « J’ai beaucoup travaillé ce dossier-là au niveau national mais aussi au niveau local ». Il nomme quelques projets comme l’accessibilité douze mois par année à la piste cyclable du pont Jacques-Cartier.

Lui-même co-fondateur d’Équiterre, il se dit satisfait des mesures prises par son parti : « nous avons fait beaucoup de choses, mais il faut en faire plus ». Il dit s’être lancé en politique pour que son pays « en fasse plus en matière de lutte aux changements climatiques ». Je pense qu’on peut s’entendre qu’aucun pays en fait assez présentement et cela inclut le Canada ». Même s’il n’est pas ministre de l’environnement, il pense que cette lutte n’est pas seulement l’affaire du gouvernement mais bien de tout le monde.

L’enjeu du logement abordable, l’accès à la propriété sont des enjeux importants pour les jeunes, selon lui. Deux projets récents de logements étudiants ont par ailleurs vu le jour au cours de son mandat. Finalement, si le gouvernement est réélu le 20 septembre, il affirme qu’il en fera davantage pour la lutte contre les changements climatiques et qu’il continuera de s’occuper du dossier des géants du web.

Marie-Eve-Lyne Michel (Bloc Québécois)

Provenant du milieu des communications, Marie-Eve-Lyne Michel s’implique auprès du Bloc Québécois depuis 2019. Elle a précédemment occupé les fonctions d’attachée politique aux relations internationales au sein du cabinet du chef du parti, Yves-François Blanchet, dont elle est devenue la directrice adjointe peu de temps après. Elle a reçu une proposition pour se présenter en 2019 mais elle a décliné pour des raisons personnelles. Cependant, pour cette élection, elle a bien voulu tenter que la circonscription revienne sous la bannière du Bloc. En effet, le Bloquiste Gilles Duceppe en a été député de 1990 à 2011.

Pourquoi s’est-elle lancée en politique ?  Elle explique en entrevue qu’elle savait qu’il y avait une partie dans sa carrière où elle allait « redonner ». Vers 2018-2019, elle a commencé à s’intéresser davantage à la politique et c’est après une rencontre avec Yves-François Blanchet qu’elle a commencé à s’impliquer auprès du Bloc Québécois.

Si elle est élue, son principal enjeu est l’accessibilité au logement, ce qui la « préoccupe beaucoup ». La lutte aux changements climatiques est également un enjeu qui s’impose. Elle souhaite s’assurer que le gouvernement s’attaque de « manière très sérieuse » à cette problématique. Finalement, le soutien aux industries culturelles est également important à ses yeux, elle-même provenant de ce milieu.

Ronan Reich (Parti Conservateur du Canada)

Présentement étudiant à HEC Montréal pour une spécialisation en finance, Ronan Reich se présente pour la première fois pour le Parti conservateur. D’après sa biographie présente sur son site internet de campagne, il s’est notamment impliqué auprès d’organismes comme UNICEF. Dans les mesures présentes dans le programme du parti, il met notamment en avant un crédit d’impôt qui pourrait couvrir jusqu’à 75 % des frais de garde. Selon lui, cette mesure viserait à aider les familles qui ont un faible revenu. Finalement, des vidéos sont disponibles sur sa page Facebook de campagne portant sur différents enjeux. On y parle d’environnement, de santé mentale et dans une d’entre elles, on y dénonce la politique monétaire de l’actuel gouvernement (le parti promet par ailleurs de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici 10 ans) ainsi que les dépenses faites par le gouvernement.

En se fiant aux titres des vidéos qui débutent toutes par « Il est temps d’AGIR », on peut en déduire qu’il souhaite réaliser beaucoup de choses et ce, rapidement.

Nimâ Machouf (Nouveau Parti Démocratique)

Épidémiologiste, Nimâ Machouf s’est précédemment présentée sous la bannière duNPD aux dernières élections fédérales de 2019. Elle avait obtenu 25% des voix comparativement à Steven Guilbeault qui avait obtenu 42% des voix. Le parti pour lequel elle se présente a régné sur la circonscription de Laurier – Sainte-Marie de 2011 à 2019. De nombreux enjeux sont mis de l’avant sur son site internet de campagne : l’accès au logement, un système de santé accessible, le changement des habitudes de transport et la santé (dont la création d’un régime national d’assurance médicaments). L’environnement semble également être un enjeu important pour elle.

Jean-Michel Lavarenne (Parti Vert du Canada)

Jean-Michel Lavarenne s’est déjà présenté aux dernières élections fédérales pour le Parti vert dans la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville. Il avait obtenu 6 % des voix et avait comme principale adversaire Mélanie Joly du Parti libéral.

Selon sa biographie sur son site internet de campagne, il s’est présenté « dans l’espoir de combattre le cynisme et le dégoût qu’inspire la politique aux jeunes ». Toujours sur son site internet de campagne, une liste d’enjeux importants à ses yeux sont présents comme la sécurité alimentaire où il est écrit qu’il croit que « nous devons protéger la population des perturbations en mettant en place d’importantes infrastructures d’agriculture urbaine ». Le commerce local, le logement abordable ainsi que l’accroissement du pouvoir et de l’autonomie des villes font également partie des enjeux qu’il met en avant.

Discussion entre quatre candidat.e.s à la mairie de Montréal

Olivier Demers

À l’approche des élections municipales qui auront lieu le 7 novembre prochain, l’Institut du Nouveau Monde en partenariat avec Le Devoir organise une discussion entre quatre candidat.e.s à la mairie de Montréal. Celle-ci aura lieu au Cinéma du Musée des Beaux-Arts de Montréal le 11 août prochain.

Décrite par les organisateurs comme non-partisane dans un communiqué de presse, le but de l’activité est de « favoriser le dialogue entre les jeunes et la classe politique ». Quatre personnes visant la mairie de Montréal participeront : l’actuelle mairesse Valérie Plante (Projet Montréal), son prédécesseur Denis Coderre (Ensemble Montréal), l’ex-joueur de football Balarama Holness (Mouvement Montréal) ainsi que l’avocat Marc-Antoine Desjardins (Ralliement pour Montréal). L’événement sera animé par Julie Caron-Malenfant, directrice générale de l’Institut du Nouveau Monde ainsi que par Bryan Miles, directeur du Devoir.

En entrevue avec L’Exilé, Julie Caron-Malenfant explique que cet événement s’inscrit dans la mission de l’organisme qui est d’accroître la participation des citoyens et des citoyennes à la vie démocratique. Puisqu’elle vise principalement les jeunes, elle est réservée en priorité aux 18-35 ans. « Pour que les jeunes s’intéressent à la politique, il faut que la politique s’intéresse aux jeunes » affirme Mme Caron-Malenfant pour qui cette phrase représente un mantra. « C’est une occasion pour eux [les candidat.e.s] de s’adresser directement aux jeunes » a-t-elle ajouté.

Aux dernières élections municipales (2017), 24,6% des personnes âgées de 18 à 25 ans ont exercé leur droit de vote à Montréal. Du côté des 26 à 35 ans, la proportion est un peu plus haute : 32,1%.

Dialogue pour la mairie de Montréal – 11 août 2021
L’événement est complet, mais sera diffusé en ligne sur les sites web du Devoir ainsi que sur les pages Facebook de l’INM et du Devoir.

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