Dans le cadre du concours d’écriture féministe ayant pour thème « Regard de l’homme », La rédaction de L’Exilé est heureuse de publier le texte de Morgane Gordon, gagnante de la compétition.
i am the monster under your bed n’aies pas peur ma belle à 25 ans on n’a plus peur des monstres sous le lit on n’a plus peur de se faire attraper par leurs pattes immondes elles ne s’accrochent plus à nos chevilles ne nous attirent plus vers lui on n’a plus peur de se faire regarder par leurs yeux répugnants qui nous dévisagent et nous espionnent le monstre vicieux ne se cache plus sous le lit
i am the monster under your bed n’aies pas peur ma belle c’est un compliment un petit surnom affectueux tu es tellement charmante tu capotes pour rien je veux juste être gentil n’aies pas peur ma belle je te souris mes yeux descendent légèrement avant de retourner aux tiens n’aies pas peur ma belle ma main sur ton épaule n’est qu’un signe familier
i am the monster under your bed n’aies pas peur ma belle embrasse ta gêne sois fière de ta honte plante-la au plus profond de toi croque d’une seule bouchée la douleur n’aies pas peur ma belle arrache ton amertume subit la violence passive laisse-toi marcher dessus pour savoir ce que ça fait n’aies pas peur ma belle ignore-le avale ta voix tu n’es pas écoutée de toute manière
i am the monster under your bed n’aies pas peur ma belle tu es une femme au dos rond au corps ondulé la pièce de viande de ton corps se déchire sous tes propres dents n’aies pas peur ma belle tu es une femme au passé joyeux au regard éteint tu vas être un objet brisé utile n’aies pas peur ma belle tu es une femme qui a peur d’être femme laisse-moi t’expliquer comment être femme n’aies pas peur ma belle aiguise tes cicatrices elles ne sont que mentales
Le texte suivant est un communiqué de presse présentant les démarches des différents syndicats du Cégep du Vieux Montréal afin de faire entendre leur revendications à l’égard de leurs conventions collectives lors des négociations avec l’administration du cégep.
Les syndicats du Cégep du Vieux Montréal déposent leurs demandes de négociation au Comité de direction
Montréal, 29 novembre 2022 – Réunis dans une démarche intersyndicale, le Syndicat des employé∙e∙s de soutien (SEECVM), le Syndicat des professionnel∙les (SPPCVM), le Syndicat des interprètes professionnels (SIP) et le Syndicat des professeur∙e∙s (SPCVM) du Cégep du Vieux Montréal ont déposé dans le cadre d’une action symbolique leur cahier de demandes sectorielles auprès de la direction du collège. Ces cahiers de demandes sont le fruit de consultations des membres menées au cours des derniers mois et s’inscrivent dans le cadre de la négociation de leurs prochaines conventions collectives puisque celles-ci arrivent à échéance le 31 mars prochain.
Lors de l’événement ayant rassemblée une cinquantaine de personnes à la cafétéria du personnel, les représentant∙e∙s des différents syndicats ayant tour à tour pris la parole, se sont montré∙e∙s déterminé∙e∙s et convaincu∙e∙s de la justesse et la pertinence des demandes qui sont faites par l’ensemble des travailleuses et travailleurs syndiqué∙e∙s du CVM.
Julie Gilbert, animatrice lors de l’événement, s’est adressée à la dizaine de représentant∙e∙s de la direction en reprenant le slogan du Front commun des 460 000 syndiqué∙e∙s de la fonction publique impliqué∙e∙s dans la prochaine ronde de négociation :
« Nous, d’une seule voix », nous vous enjoignons de prendre non pas seulement connaissance de ces cahiers, mais de reconnaitre dans ceux-ci des avancés pour toutes et tous : autant le personnel que les étudiant∙e∙s et la direction. Car une institution ayant à son bord une équipe dont on prend soins est une institution qui s’en sort gagnante à tous les niveaux! Nous comptons sur vous pour faire pression auprès de vos instances de négociations pour que cette négociation se conclue avec une vraie reconnaissance de l’expertise, du savoir-faire, de l’expérience et de la valeur du travail de vos équipes ».
Pour Roméo Pilon, président du syndicat des employé∙e∙s de soutien, « il s’avère indispensable d’améliorer les conditions de travail des employé∙e∙s pour mieux soutenir l’éducation »! Les quatre grandes priorités du personnel de soutien sont : 1) valoriser le personnel de soutien en améliorant les conditions de travail ainsi que la conciliation travail et vie personnelle; 2) agir pour la santé, la sécurité et le mieux-être au travail; 3) faciliter le mouvement de personnel, la création et la modification des classes d’emplois; 4) promouvoir de meilleures relations de travail et régler les litiges de manière plus efficace.
Pour la représentante du syndicat des interprètes professionnels, Isabelle Roy, « c’est primordial, pour assurer une attraction et une rétention du personnel dans les cégeps, que les conditions de travail et les conditions salariales soient rehaussées ». (…) « Avec la diversification des effectifs étudiants, la direction devra davantage être à l’écoute des préoccupations et des solutions proposées par le personnel », d’ajouter Mme Roy.
Dans le même sens, Kevin Kaine, président du syndicat des professionnel∙les, ajoute qu’il est important de rappeler que « d’ici 2030, la majeure partie des emplois créés sur le marché du travail demanderont au minimum un diplôme d’études collégiales. Le personnel des cégeps se trouvera une nouvelle fois au cœur des défis que devra relever la société québécoise. Pour y arriver, il faudra s’attaquer aux problèmes de précarité et de surcharge de travail afin de s’assurer de rendre les emplois dans le réseau des cégeps attrayants et afin de retenir notre personnel déjà à l’œuvre ».
Jean-Sébastien Pilon, président du Syndicat des professeur∙e∙s, présente le cahier déposé par l’ensemble des professeur∙e∙s de cégeps de la province. Les enjeux identifiés s’articulent autour de six grands axes. L’alliance des syndicats de professeur∙e∙s de cégep (ASPPC) demandent : 1) de réduire la quantité de précaires (actuellement 40% des professeur∙e∙s du réseau!) et une amélioration des conditions d’insertion professionnelle; 2) d’ajouter des ressources directement dans les classes afin d’améliorer les conditions de travail et de réussite étudiante; 3) de baliser la formation à distance et la formation continue afin de pérenniser le modèle collégial mise à mal par la concurrence de plus en plus exacerbée; 4) d’assurer la collégialité et la transparence dans tous les rapports institutionnels; 5) de favoriser la conciliation famille-travail et vie personnelle; 6) d’améliorer les conditions salariales pour favoriser l’attractivité dans un contexte de pénurie de personnel juxtaposé à la hausse des effectifs étudiants.
C’est tous ensemble que NOUS,d’une seule voix, on se fera voir et entendre dans les prochains mois! Au cégep du Vieux Montréal, la négociation 2023, c’est parti!
Renseignements: Stéphane Thellen 514-980-3430 poste 2086
La grève étudiante de 2012 a particulièrement marqué le Cégep du Vieux Montréal (CVM). Dix ans plus tard, les étudiants du Comité d’Action à la Mobilisation et l’Information de l’époque discutent de cette période qu’ils ont vécue.
Devant le CVM au printemps 2012 Photo : Jeanne Pilote
Engagement étudiant
Les anciens membres du Comité d’Action à la Mobilisation et à l’Information, aussi appelé le « comité mob », qui étaient fortement impliqués l’Association générale étudiante du CVM (AGECVM) en 2012, sont d’accord pour dire qu’il y avait une montée des moyens de pression et qu’une importante grève se préparait tranquillement depuis l’automne 2011. Une ex-membre du comité qui a préféré garder l’anonymat rappelle que les groupes étudiants ont commencé à se mobiliser dès l’annonce du budget controversé du ministre des Finances Raymond Bachand en 2010.
C’est quelques semaines après le retour des vacances d’hiver que le vote de grève se tient au Vieux. La hausse des frais de scolarité de 1625$ en cinq ans proposée par le gouvernement de Jean Charest faisait l’objet de plusieurs critiques et Laurent Cornelissen dit que « partir en grève était la seule manière » de se faire entendre. Ce dernier mentionne que plusieurs étudiants du CVM se sentaient en partie responsables de faire éclore cette mobilisation, car si le Vieux n’entrait pas en grève, beaucoup d’autres collèges n’auraient pas embarqué dans le mouvement. En effet, le jour du vote était accompagné d’une grande charge émotive selon certains étudiants de l’époque. Léa Carrier a le souvenir de faire des tours de classes pour mobiliser les étudiants à voter. Lors de l’assemblée générale spéciale du 16 février 2012, on annonce les résultats de consultation sur la grève. Un peu plus de 72% des membres de l’AGECVM ont voté et près de 60% était en faveur de celle-ci.
Banderole accrochée à l’extérieur du CVM au printemps 2012 Photo : Jeanne Pilote
Moyen de pression
Dès que la grève générale illimitée a commencé, les occupations pour empêcher le Cégep de fermer ses portes prirent de l’ampleur. Léa Carrier mentionne d’ailleurs que l’occupation de la cafétéria était un de ses moments les plus marquants. Plusieurs personnes venaient de différents collèges pour prêter-mains-fortes.
L’occupation du local de l’Association générale étudiante du CVM (AGECVM) fut notamment un des événements mémorables pour plusieurs. Entre15 à 20 membres de l’association s’étaient barricadés dans le local jusqu’à ce que les policiers défoncent le mur au petit matin. Les occupations du CVM furent le théâtre de nombreuses arrestations avec des charges criminelles. Certaines personnes ne pouvaient plus approcher le Cégep à un certain périmètre. D’autres étaient même expulsées de Montréal.
Un ancien du comité « mob » qui a préféré garder l’anonymat avait d’ailleurs reçu des charges criminelles au premier jour de la grève, ce qui restreignait sa participation aux luttes. À vrai dire, plusieurs militants avaient l’interdiction d’être à 500 mètres du CVM, bien que les manifestations organisées par le « comité mob » se tenaient principalement entre l’UQAM, le CVM et le Quartier latin en général. On voit sur des photos d’avril 2012 qu’on avait écrit sur les fenêtres du CVM et mis des bannières où l’on pouvait lire des messages de revendications. Une grande banderole rouge avait également été placée sur la façade du collège pour rappeler le symbole du carré de même couleur accroché fièrement sur les vêtements des militants du Printemps érable.
Brigade policière dans le Quartier Latin en 2012 Photo : Jeanne Pilote
Sur l’adrénaline
« On était sur l’adrénaline », mentionne Léa Carrier lorsqu’elle parle des mois de grève étudiante marqués par des manifestations quotidiennes dans les rues. En effet, les anciens étudiants rencontrés étaient tous d’accord pour dire que les mobilisations n’étaient pas de tout repos. Elles ont cependant été importantes dans le parcours de certains. Léa Carrier et Myriam Thibault disent notamment que la grève de 2012 leur a permis de se politiser.
Après la fermeture du Cégep, les membres de l’AGECVM devaient se trouver un autre endroit pour se réunir. C’est pourquoi ils avaient loué un local sur la rue Saint-Denis qu’ils appelaient amicalement le « grenier » à l’aide du fonds de grève de l’association étudiante. Myriam Thibault se rappelle bien l’ambiance, elle qui était membre du comité qui s’occupait de la nourriture pour les rassemblements. Plusieurs étudiants y venaient, ce qui pouvait rendre le lieu un peu chaotique. Jeanne Pilote ajoute aussi que le « comité mob » s’était fait attribuer un local à l’UQAM où ils pouvaient également se réunir.
Aujourd’hui
Les anciens du « comité mob » de 2012 retiennent certainement beaucoup du Printemps érable. « Le mouvement était un peu défait, tout le monde était épuisé par 2012, c’était une expérience intense », dit Laurent Cornelissen en mentionnant les tentatives de ranimer les revendications en 2015. Certains des anciens du comité ont toujours le désir de lutter contre les injustices sociales. Plusieurs étaient surpris de la célébration des 10 ans de la grève, ne la croyant pas si lointaine. L’année 2022 devient donc une période importante de retrouvailles pour eux.
Portrait de la mobilisation et des évènements de la semaine de grève du 22 au 25 mars.
Que reste-t-il de la mobilisation et de l’esprit de 2012 dans le monde étudiant du Québec?
Aujourd’hui, certaines personnes jugent que l’implication politique n’est plus ce qu’elle était. Elles considèrent la communauté étudiante plutôt désordonnée et démobilisée dans son état présent.
Toutefois, des enjeux pressants comme la justice climatique pousse plusieurs personnes aux études à s’engager, comme le montre les nombres impressionnants de jeunes qui vont manifester à ce sujet.
Dix ans après 2012, la collectivité étudiante est-elle capable de retisser et de renforcer ses liens de solidarité pour demander une éducation accessible, libre et émancipatrice? La gratuité scolaire est-elle encore un projet pour lequel elle est prête à se battre? La communauté étudiante peut-elle être, encore une fois, un agent de changement dans la société?
C’est pour répondre à ces questions que j’ai documenté mon expérience et celle de mes camarades de l’AGECVM pendant les journées de grève du 22 au 25 mars. En essayant de m’impliquer comme je le pouvais, j’ai observé certains phénomènes, j’ai échangé avec plusieurs personnes, j’ai eu certaines réflexions et j’ai cru apercevoir certains enjeux. Le présent article a pour but de contribuer autant que possible à la construction (ou reconstruction) d’une communauté étudiante plus informée et plus solidaire.
Mise en contexte
Après un long et ardu processus d’adoption des mandats de grève pour le 22 au 25 mars, je me demande à quel point la préoccupation des étudiant-e-s pour des enjeux sociaux est importante. Est-ce que les étudiant-e-s sont prêt-e-s à faire des sacrifices pour améliorer leurs conditions de vie, pour changer la société? Je suis sorti de l’Assemblée générale du 11 mars avec une grande motivation pour les évènements à venir, mais une certaine préoccupation par rapport au réel désir d’engagement de la communauté étudiante…
Durant la semaine de relâche, j’ai essayé de m’impliquer comme je le pouvais dans le comité de mobilisation, qui a comme mandat principal de sensibiliser, mobiliser et coordonner les collégien-ne-s à propos de leurs intérêts et droits. J’y ai rencontré des personnes exceptionnelles qui se dédient et s’épuisent à essayer de faire bouger notre grande collectivité étudiante. Tout ce qui s’est déroulé durant la semaine de grève est en grande partie le fruit de leur travail.
Lundi 21 mars
Le lundi n’est pas une journée de grève, mais la mobilisation est déjà en marche. Après avoir terminé la bannière pour la grève le dimanche soir, le comité de mobilisation travaillent toute la journée pour informer les étudiant-e-s de ce qu’il allait se passer cette semaine.
Un membre du comité Envieuxronnement et moi-même sommes aller visiter les associations étudiantes de l’Université de Montréal pour coordonner des actions communes. À notre déception, plusieurs ne sont pas en mesure de nous suivre cette semaine. Celles qui ont voté des grèves ont déjà planifiés des évènements au même moment que les nôtres. Je ne peux m’empêcher d’être légèrement frustré par cette situation. Nous sommes toutes des personnes en grève, qui sont mobilisées et à peu près en accord sur les mêmes idées, mais nous n’arrivons pas à nous coordonner pour agir ensemble.
Peu importe, la mobilisation au CVM s’est bien déroulée. Tout le monde se prépare pour les quatre jours de piquetage qui vont suivre.
Mardi 22 mars
5h du matin, réveil difficile. Je me dirige péniblement vers le Cégep. Plusieurs personnes sont déjà présentes à mon arrivée. Le contact avec les autres collégien-ne-s et l’ambiance du piquetage me remontent tout de suite le moral. Je me rends compte rapidement que je l’ai bien facile avec mon réveil à 5h. D’autres ont dû se lever beaucoup plus tôt pour être au piquetage. « Après la défaite de l’AG du 10 mars, c’est beau de voir que plusieurs personnes sont présentes ici ce matin pour soutenir la grève », dit une amie et étudiante en Sciences humaines. Effectivement, je me suis dit que le nombre impressionnant de personnes au piquetage remettait peut-être en question au moins en partie le discours de certains sur la dépolitisation des jeunes.
Après la déclaration officielle de grève, plusieurs personnes sont venues en aide aux associations de l’UQAM, afin de les assister pour leur piquetage. L’expérience est intéressante, mais tumultueuse : nous faisons face à deux personnes violentes qui tentent de briser notre piquetage de force. Une d’elles frappe un étudiant du CVM. Malgré cela, le piquetage tient bon et ces évènements nous ont remplis d’énergie pour la suite.
L’évènement principal de la journée est la manifestation pour la gratuité scolaire, qui commence à 13h à la Place du Canada et termine au parc Émilie-Gamelin. Avant la manifestation, plusieurs organisations militantes sont présentes pour distribuer leurs pamphlets, vendre leurs livres et revues ou même pour recruter de nouveaux membres. À un moment, je me suis dit qu’il est un peu absurde d’avoir toutes ces organisations progressistes et anticapitalistes, mais divisées et même parfois presque hostiles les unes aux autres pour ce qui apparaît à mes yeux comme des détails. Est-ce vraiment pertinent de se morceler autant quand il faut mener des combats ensemble pour avoir une chance de gagner nos luttes?
La manifestation est superbe. Même si le nombre de personnes n’est pas aussi élevé qu’à celle d’il y a dix ans, le niveau d’énergie est fort. On donne tout pour crier les phrases et les chants qui nous tiennent à cœur. Nous avons scandé ceux-ci toute la semaine. Même si on est fatigués, on sent le début de quelque chose de beau et on est prêt pour la suite.
Photo : Loïc Drolet – Courtoisie
Mercredi 23 mars
Le mercredi est moins chargé en événements. Après un piquetage moins populaire au Cégep et moins agité à l’UQAM, plusieurs d’entre nous se dirigent à un rassemblement pour la rémunération des stages devant le Consulat général d’Italie. L’évènement a lieu à cet endroit pour protester contre la condition particulièrement précaire des stagiaires dans ce pays, où deux d’entre eux sont morts récemment. Le collectif Un Salaire pour toustes les stagiaires milite actuellement partout au Québec, principalement pour la rémunération de tous les stages.
Jeudi 24 mars
À la suite du piquetage habituel, c’est au Cégep de Saint-Laurent (CSL) que plusieurs d’entre nous se dirigent pour les aider avec leur piquetage. Une fois sur place, le piquetage est terminé, mais cela m’a donné l’occasion de poser des questions à des étudiant-e-s du CSL pour voir quel est l’état de la mobilisation chez eux. J’ai eu la chance de discuter avec une étudiante en musique du collège qui m’a parlé des difficultés de l’organisation de toutes les personnes étudiantes. Cela était-il différent en 2012? Qu’est-ce qui a fait que plus de personnes se sont impliquées dans le mouvement étudiant?
À 11h30, un groupe composé majoritairement de cégepien-ne-s s’est réuni devant les bureaux de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) afin de protester contre ses tentatives d’affaiblissement des assurances collectives des associations étudiantes du Québec. L’occupation fut courte en raison de la pluie, et celle-ci s’est déroulé sans conflit avec la police ou la sécurité.
La journée s’est terminée en force, avec une manifestation de soir pour la rémunération des stages et la gratuité scolaire. La colère générale est palpable, les slogans sont plus vifs, mais il y règne quand même une ambiance positive. Ce qui en ressort avant tout est une frustration réelle, mais légitime, ainsi qu’un refus clair d’accepter la précarité étudiante.
Vendredi 25 mars
Cette quatrième et dernière journée de grève est à la fois triste et soulageante. D’un côté, l’élan de contestation que nous avons aidé à bâtir allait inévitablement perdre de la force après la fin de la grève. Cependant, la fatigue de tous est évidente; il est clair que nous avons besoin d’un répit.
Malgré tout, c’est dans une ambiance de fête que commence la manifestation pour la justice climatique, organisé par le comité du CVM Envieuxronnement. Musique, danse et chant sont au rendez-vous en attendant de se mettre en marche vers le monument George-Étienne Cartier, où va se donner un « teach-in » en début d’après-midi pour la solidarité avec les premiers peuples et la justice climatique.
Fin ou début?
Les évènements du 21 au 25 mars sont-ils des phénomènes isolés ou le début d’un mouvement? Difficile à dire pour l’instant, mais je souhaite sincèrement qu’ils soient le début de quelque chose de plus grand. Le monde ne manque pas de problèmes face auxquels il faut s’indigner. Il ne manque que des solutions, ou plutôt des gouvernements qui écoutent et appliquent les bonnes solutions.
Aujourd’hui, particulièrement, il me semble qu’il est plus que légitime de prendre une pause, de se questionner, de se rassembler et de perturber ne serait-ce qu’un peu le cours des choses pour éviter de perdre tout ce qui nous est cher. On dit parfois que si on ne s’occupe pas de la politique, elle s’occupera de nous. Détournons-nous donc un peu de nos devoirs, de nos bureaux, de nos maisons et de nos bébelles pour nous retrouver ensemble, pour nous rassembler et décider de ce que nous voulons et de ce que nous ne voulons pas!
Quasi-harcèlement, intrusion de la Garda, problème de quorum et conflits englobant le compte Instagram cvm.confessions : l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux Montréal (AGECVM) semble avoir perdu les rênes pendant un moment. Certains semblent remettre en question la crédibilité de leurs représentants qui assurent mettre le nécessaire en place.
Photo : Mollie Drouin – Courtoisie
Une assemblée marquée par la pagaille
Le 10 mars dernier, les étudiants du Cégep du Vieux Montréal devaient se prononcer sur une potentielle grève les 22, 23 et 24 mars. Les mandats : droits étudiants (en lien avec la gratuité scolaire, la rémunération des stages et les assurances collectives) et justice climatique.
Le quorum de 582 était atteint au début de l’Assemblée générale (AG). Au moment de passer aux votes sur la grève, un étudiant a demandé un recomptage des participants révélant qu’il n’en restait qu’environ 412.
Ce chiffre n’a pu être confirmé que près de deux semaines plus tard, quand le brouillon du procès-verbal fut enfin disponible (selon un membre du secrétariat, les procès-verbaux sont habituellement disponibles environ 72 heures après la tenue d’une AG).
Pendant les quelques heures qui ont suivi l’évènement, le compte Instagram cvm.confessions, qui publie des messages anonymes, débordait de plaintes et de quelques messages plutôt haineux envers cet individu.
Félix-Antoine Brault, délégué aux affaires internes du bureau exécutif de l’AGECVM, dit qu’il est facile « de diriger sa colère ou sa frustration sur une personne […] la réalité est que ce gars a raison. Si on n’est pas assez pour justifier la prise de décision, on ne devrait pas la prendre ».
Le responsable général de l’AGECVM, Taha Boussaa, rappelle qu’il y a toujours eu des « passagers clandestins » qui viennent chercher leur billet de présence pour motiver leur absence aux cours, et qui quittent l’AG immédiatement après.
« Il y a eu des campagnes de désinformation sur la démocratie étudiante qui a créé des tensions », raconte-t-il. Celui-ci donne des exemples de commentaires parus sur le compte cvm.confessions dont quelques-uns qui décourageaient les gens d’aller à l’AG. Certains accusaient même l’AGECVM de faire passer le vote qu’elle voulait. « D’autres [nous] accusaient de changer les règles démocratiques au milieu de la nuit », ajoute-t-il.
Dans une réponse écrite, le gestionnaire du compte anonyme assure que « cvm.confessions est une plateforme où les étudiants peuvent partager leurs avis et opinions. Ce n’est pas un média. J’invite tous les étudiants à toujours remettre en doute ce qui est partagé sur les réseaux sociaux ».
Le Groupe de sécurité Garda SENC était également présent jeudi pour faire respecter les mesures sanitaires. Toutefois, Taha Boussaa explique qu’un huis clos a été voté pendant l’AG pour empêcher les gardes de sécurité d’interférer. Félix-Antoine Brault confirme que la sécurité est tenue de respecter le huis clos, mais que selon des témoins sur place, certains auraient quand même tenté de sortir des étudiants. Une enquête est en cours pour démystifier leur présence.
Une mobilisation « trop intense »
Un autre facteur d’absence s’est distingué le 10 mars : certains étudiants se sont sentis presque harcelés à participer à l’AG.
Jérémie Nicaisse, étudiant en sciences humaines – profil Administration, tentait de se rendre à son cours quand des individus (il mentionne avoir reconnu un membre impliqué de l’AGECVM) l’ont intercepté pour l’inciter à se rendre à l’AG. « Je trouvais ça vraiment bizarre la manière dont ça a été demandé […] on prônait la démocratie étudiante, ce qui est super, mais de là à parler avec un ton condescendant à ceux qui refusent de manquer les cours, je trouvais ça un peu douteux », partage-t-il.
L’étudiant a qualifié l’interaction de « lourde » et de « pas agréable » et ajoute qu’elle l’a un peu découragé à participer aux prochaines assemblées.
Taha Boussaa assure qu’en principe, la mobilisation est coordonnée par l’AGECVM : « Il y a des gens qui ne sont pas dans l’association qui sont pris dans l’espèce de syndrome du grand sauveur-leader […] ils arrivent sur le terrain quand ça se fait déjà, s’autoproclament grands militants, sabotent le travail réalisé pendant des semaines et créent une mauvaise image des gens de l’association. »
La démocratie… trop compliquée?
Selon Mollie Drouin, étudiante en sciences humaines – profil Optimonde, les termes et procédures complexes utilisés lors d’AG pourraient en éloigner plusieurs : « Au final, c’est compliqué, c’est long pour rien et ça fait en sorte que les gens ne veulent pas rester. Les gens ne comprennent pas tout à fait ce qui se passe. »
Taha Boussaa invite les étudiants qui ne comprennent pas les enjeux, termes et procédures lors d’AG à demander un point d’information au micro.
Jérémie Nicaisse, quant à lui, trouve que c’est « étrange qu’il y ait des votes à main levée plutôt qu’une autre manière plus anonyme », ce qui éviterait, selon lui, la pression d’un jugement potentiel.
La neutralité de l’AGECVM est remise en question
Mollie Drouin est d’avis que certains membres de l’AGECVM « essaient un peu de manipuler ce qui se passe ». Elle ajoute « qu’il y a des gens vraiment extraordinaires [dans l’AGECVM], mais qu’il y a aussi des gens qui sont tellement à gauche qu’ils font un u-turn vers la droite ». Sur la plateforme cvm.confessions, plusieurs étudiants ont fait part de leurs inquiétudes face à la neutralité de l’AGECVM, comme quoi elle ne respecterait pas toujours les principes démocratiques et qu’elle prioriserait ses propres valeurs au détriment de celles de la majorité des étudiants.
Le responsable général de l’AGECVM dit toujours tenter d’être le plus neutre possible, mais avoue qu’il ne peut pas surveiller tous ses collègues. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’AGECVM a des mandats et des positions qui sont votées démocratiquement par les membres et moi, en tant qu’exécutif, je dois [les refléter] », explique-t-il.
Il énumère que dans la liste, on y trouve des mandats pro-grève, pour la gratuité scolaire et pour les stages payés. Malgré cela, il insiste que les principes démocratiques doivent être respectés ; si c’est non à la grève, alors c’est non à la grève.
Félix-Antoine Brault assure que « c’est un enjeu de mobilisation plus qu’un enjeu d’adhérence », mais relève un certain paradoxe : « C’est plus facile de modifier la charte, nos règlements fondamentaux, que d’avoir une assemblée de grève […] Modifier nos règlements fondamentaux permettrait de diminuer le quorum pour avoir des assemblées de grève plus facilement. Le projet de modification de charte date depuis très longtemps. »
CORRECTIF : Jérémie Nicaisse mentionne avoir reconnu un membre impliqué de l’AGECVM, et non un membre de l’exécutif.
L’étudiant au DEC en danse contemporaine ou en danse classique du Cégep du Vieux Montréal (CVM) doit faire ses trois cours obligatoires d’éducation physique, bien que son entrainement dépasse les 25 heures par semaine. Les étudiants ne comprennent pas pourquoi on leur en demande autant et la complexité du dossier rend le sujet délicat pour les institutions scolaires.
Photo : Meggie Cloutier-Hamel / L’Exilé
Un refus du ministère
En janvier 2011, le département d’éducation physique du CVM demande au Cégep de créer un comité d’étude pour évaluer l’importance des cours d’éducation physique dans les programmes de danse. Dans le procès-verbal de la réunion du 7 avril 2011 de la Commission des études, qui est l’instance du collège qui donne avis au conseil d’administration concernant les programmes d’études et l’évaluation des apprentissages, on rend le verdict de l’analyse des programmes. Selon le comité de travail déployé à cet effet et le MELS (l’ancien ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport), « l’analyse de contenu des programmes a révélé que les éléments d’activité physique déjà inclus dans les grilles actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs de la formation générale ».
La direction des études du CVM a donc intégré dans les deux programmes de danse les cours d’éducation physique dès l’automne 2012. Jusqu’à ce jour, les étudiants en danse étaient exemptés de ces trois cours, et ce, depuis le début de l’affiliation avec l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM) et l’École Supérieure de Ballet du Québec (ESBQ) dans les années 1990. La directrice artistique et des études de l’EDCM, Lucie Boissinot, dit que « lorsque le programme a été mis en marche en 1999 avec le Cégep du Vieux Montréal, il avait été convenu qu’étant donné le très grand déploiement d’énergie et l’activité physique inhérente à la pratique de la danse, les étudiants fréquentant l’École de danse contemporaine n’auraient pas besoin de suivre les cours d’éducation physique ».
Un dossier fort complexe
« Le dossier d’éducation physique à l’École de danse contemporaine de Montréal est un dossier fort complexe pour lequel j’ai déployé une énergie considérable », dit Lucie Boissinot. Lors de la commission d’études de 2011, elle a travaillé à démontrer les compétences acquises par les étudiants au sein de son école. Ceux-ci suivent, bien entendu, des cours de technique en danse contemporaine, mais aussi d’entrainement connexe et des cours d’anatomie. Elle a également voulu démontrer que les étudiants s’exercent en plus de leurs 2400 heures de formation.
En effet, quand on regarde les compétences ministérielles du programme de l’EDCM, on distingue des ressemblances avec celles des cours d’éducation physique au niveau collégial. Les critères de l’école de danse parlent de « maintenir une condition physique conforme aux exigences de la profession » et de « maintenir une hygiène de vie adaptée aux exigences de la profession ». L’analyse de la danse, la maîtrise d’exercices, la coopération de groupe et la gestion des blessures sont aussi dans les compétences ministérielles du programme en danse contemporaine. Les critères du ministère de l’Enseignement Supérieur, quant à eux, parlent d’« analyser sa pratique de l’activité physique au regard des habitudes de vie favorisant la santé, d’améliorer son efficacité dans la pratique de l’activité physique et de démontrer sa capacité à se charger de sa pratique de l’activité physique dans une perspective de santé ».
Lucie Boissinot considère que ses étudiants touchent à toutes les compétences des cours d’éducation physique. Elle trouve frustrant que ses élèves doivent ajouter cette charge de travail qu’elle considère déjà couverte par le programme.
Des conflits d’horaire
Pour compléter leur DEC, la plupart des étudiants en danse doivent faire leurs cours obligatoires au CVM. Certains en sont dispensés, car ils les ont déjà faits lorsqu’ils étudiaient dans un autre programme d’étude. Pour ceux qui les complètent, ces cours n’entrent pas toujours à leur horaire. Ils doivent donc être repris avec la formation continue en soirée ou en formule à distance durant l’été. Quatre cours obligatoires n’entrent pas dans la grille de cours, dont les trois d’éducation physique.
Par exemple, à la session d’automne passée, des étudiants de deuxième année en danse contemporaine devaient se déplacer chaque jeudi soir au Cégep pour assister à leur cours de yoga, alors qu’ils venaient de danser un bon nombre d’heures. Alec Charbonneau faisait partie de ce groupe d’étudiants : « On arrive chez nous et il faut directement aller se coucher pour se réveiller le lendemain à six heures pour être à l’école de danse à huit heures ». Il croit que le premier ensemble d’éducation physique, celui dédié au volet plus théorique des saines habitudes de vie, aurait suffi. Il assure que c’est le seul des trois qui l’a aidé à enrichir son programme. Alec pense qu’il faut revérifier les compétences que l’école de danse lui permet d’acquérir.
L’éducation physique est pour tous
Luc Phan, coordonnateur du département d’éducation physique du CVM depuis août dernier, ne connaît pas le cursus des programmes de danse, mais il considère que les cours d’éducation physique peuvent être un atout aux danseurs pour bonifier leurs apprentissages. « Le citoyen moyen, peu importe qu’il soit danseur, qu’il soit athlète professionnel, qu’il soit, je ne sais trop quoi, doit quand même avoir des notions de santé et de prise en charge, puis c’est ça qu’on essaie d’aller allumer ».
En tant que professeur, M. Phan est ouvert à la communication avec les étudiants en danse pour les aider à développer d’autres habiletés. Il ajoute que ceux-ci sont souvent appréciés par les professeurs d’éducation physique, parce qu’ils ont en commun un intérêt pour l’activité physique.
Solutions
Chantale Fortin, directrice adjointe aux études au CVM, était déjà à son poste lors de la gestion du dossier en 2011. Elle mentionne qu’en introduisant les cours d’éducation physique dans les programmes de danse, le cégep a essayé de trouver des pistes de solutions. Cependant, il a été difficile de trouver des accommodements entre les écoles de danse et le cégep. L’horaire des danseurs contemporains et danseurs classiques est souvent différent et le nombre d’étudiants dans ces programmes varie d’année en année. Il est donc plus ardu pour le cégep d’offrir des cours qui seraient dédiés aux étudiants en danse.
Un cours intensif d’éducation physique avait toutefois été mis en place par le CVM à la demande des programmes de danse. Les classes se penchaient sur l’entretien physique, l’activité aquatique et la gestion du stress, des sujets pertinents pour les danseurs. Les étudiants pouvaient donc compléter l’un des trois cours pendant trois semaines avant le retour de la session d’hiver. La priorité des inscriptions était donnée aux danseurs, puis aux autres élèves si le cours ne comptait pas assez d’étudiants. Cette formation intensive a toutefois été mise en arrêt en raison de l’absence de candidatures de professeurs pour donner le cours ainsi que la situation pandémique. Luc Phan ne refuse cependant pas la possibilité de réinstaurer l’intensif si la situation le permet.
Malgré tout, en apprenant l’existence de cet ancien cours intensif, l’étudiant Alec Charbonneau ne se verrait pas quitter ses vacances qu’il juge nécessaires pour sa santé physique, pour compléter intensivement un cours d’éducation physique.
Le dilemme entre l’art et le sport
Lucie Boissinot mentionne que le grand public ne sait pas nécessairement ce qui se passe derrière les quatre murs de son école. « Le danseur est comme un sportif d’élite, mais qui travaille aussi d’autres dimensions de son être », dit-elle.
Les programmes de danse contemporaine et de danse classique du CVM ne forment pas des danseurs compétitifs, mais bien des danseurs de prestations scéniques. Par conséquent, les interprètes en danse qui ne font pas de compétitions ne sont pas catégorisés comme des sportifs d’un point de vue sociétal. Les danseurs compétitifs ont, quant à eux, une récente fédération qui cherche à les promouvoir en tant qu’athlètes.
Même si l’équivalence des cours d’éducation physique est une question de comparaison entre les compétences ministérielles des écoles de danse et celles de ces cours, la vision populaire du monde de la danse reste un biais que peuvent avoir les instances gouvernementales envers les programmes de formation de cette discipline.
Rouvrir le dossier ?
Lucie Boissinot reste toujours intéressée par le dossier concernant les cours d’éducation physique, une bataille qu’elle a laissé tomber par « fin de non-retour ». La reconnaissance de l’entrainement physique de ses élèves est un aspect auquel elle accorde une grande importance.
Luc Phan, quant à lui, est ouvert à une reconsidération du dossier d’éducation physique chez les danseurs. La demande est au-delà de ses fonctions et lui seul ne peut garantir l’opinion de ses collègues à ce sujet.
Il faudrait donc que des représentants de l’École de danse contemporaine de Montréal et de l’École Supérieure de Ballet du Québec redemandent une évaluation de leur programme par le ministère de l’Enseignement Supérieur et que le Cégep du Vieux Montréal soutienne la cause dans la mesure du possible.
Le 19 février dernier avait lieu la finale locale de Cégeps en spectacle au Vieux. Émile Bourgault et Sam Tanguay sont sortis les grands gagnants de la soirée qui se déroulait en webdiffusion. Les deux élèves du collège se sont distingués avec une composition musicale.
Une amitié révélatrice
Émile et Sam ont tous les deux 18 ans. Lui est étudiant en Sciences humaines profil Questions internationales, et elle est étudiante en Art lettres et communication Option Médias. Ils ne se sont rencontrés qu’il y a quelques mois, mais leur amitié s’est développée facilement. « C’est une révélation, Sam, dans ma vie », dit Émile enjoué. Étant entouré principalement de musiciens masculins lors de ses projets solos, Émile est content d’amener un côté féminin à ses chansons, autant artistiquement qu’humainement, selon lui.
À quelques semaines de la finale locale du CVM de Cégeps en spectacle, l’accompagnatrice d’Émile s’est désistée. Émile a découvert les talents musicaux de Sam et lui a proposé de participer au numéro avec lui. En découle un duo qui les a bien surpris.
Comme on a pu le voir dans la performance de Cégeps en spectacle, Émile chante ses compositions en s’accompagnant à la guitare. Musicien autodidacte, il aime aussi pianoter, tout comme Sam, qui elle apprécie aussi le ukulélé. Les deux ne sont pas des chanteurs d’expérience, mais ils réussissent certainement à toucher le cœur des spectateurs avec des paroles sincères et poétiques. L’amertume, jouée lors de la finale locale, est d’ailleurs un texte qu’Émile a écrit pour être chanté en duo ; une nouvelle façon d’approcher la composition, lui qui est habitué d’être en solo.
Projets artistiques
Émile compose depuis quelque temps. D’ailleurs, il a sorti deux micros albums, soit Bleu pâle en 2020 et Nous aurons toujours le ciel en 2021. Le groupe avec qui il collabore est composé de musiciens qu’il avait rencontrés lors d’une finale régionale montréalaise de Secondaires en spectacle il y a quelques années.
Émile et Sam désirent collaborer à l’avenir. Émile mentionne notamment qu’il a beaucoup de compositions destinées à être chantées avec sa nouvelle amie et accompagnatrice. Pour le moment, il sera possible de les revoir chanter à la finale régionale montréalaise de Cégeps en spectacle qui se déroule le 19 mars prochain au Cégep de Saint-Laurent. On leur souhaite la meilleure des chances.
Jusqu’au 11 février, il est possible d’aller jeter un coup d’œil à l’exposition Coups de crayon à la littérature québécoise Ténèbre de Paul Kawczak présentée à l’Agora près de l’entrée principale du Cégep du Vieux Montréal. C’est une finissante de Graphisme, Anaïs Boyer, qui est à l’honneur avec ses illustrations et ses arrangements typographiques du livre de Kawczak.
Depuis 2003, le Centre d’animation en français (CANIF) du CVM permet à l’un-e des finissant-es du département de graphisme d’illustrer des œuvres d’autrices et d’auteurs québécois. Cette année, la pièce choisie est la lauréate de l’édition 2021 du Prix littéraire des collégiens, Ténèbre, de Paul Kawczak. Selon le descriptif de l’exposition, ce livre porte sur l’histoire de la conquête du Congo par la Belgique à la fin du 19e siècle : le voyage d’un géomètre belge sous les ordres de son roi, accompagné par des travailleurs bantous et d’un maître tatoueur chinois. C’est « un roman d’aventures traversé d’érotisme, un opéra de désir et de douleur tout empreint de réalisme magique ».
Anaïs Boyer a donc eu la tâche de mettre en images certains passages du livre. Elle a fait une dizaine de dessins simples et imaginatifs teintés de réalisme et de rêves. Un côté métaphorique pour certains tableaux et plus concret pour d’autres. Les couleurs sont vives et le message écrit sur les images est bien représenté. C’est une exposition qui peut se voir lors d’une pause ou qui peut être analysée plus longuement pour celles et ceux qui ont lu le roman.
Le Prix littéraire des collégiens est de retour en 2022. La sélection comporte cinq livres d’autrices et d’auteurs québécois : Tout est ori de Paul Serge Forest, Mille secrets mille dangers d’Alain Farah, Mukbang de Fanie Demeule, Valide de Chris Bergeron et Là où je me terre de Caroline Dawson. La prochaine cohorte de finissant-es en Graphisme aura peut-être la chance de revoir l’un-e des finissant-es illustrer le lauréat de la prochaine édition du prix. C’est le CANIF qui en décidera, lui qui a notamment une collection d’œuvres d’artistes du collège et qui promeut une part de l’art visuel étudiant au CVM.
Image : Département des communications du Cégep du Vieux Montréal – Courtoisie
Le Concours Philosopher est un événement intercollégial important de la communauté et culture philosophique québécoise qui se déroule annuellement. Il a pour but de susciter des réflexions, des débats intéressants et de promouvoir la pensée critique. Tous les étudiant-es du niveau collégial sont invité-es à rédiger un texte d’environ 2000 mots autour d’une question philosophique qui sera jugé par un jury de professeur-es de philosophie de la province. Le gagnant ou la gagnante verra son texte publié dans le journal Le Devoir et aura la chance d’obtenir une bourse.
Cette année, pour la première fois depuis la création du concours, le Cégep du Vieux Montréal accueillera l’évènement. La question abordée est: « L’avenir est-il « woke » »? Pour celles et ceux qui veulent proposer un texte, la date limite pour la remise est le 21 mai 2022.
En parallèle avec le concours, un groupe de discussion parrainé par Mariève Mauger-Lavigne et Rémi Laroche, deux professeurs de philosophie du Cégep, se rencontre occasionnellement pour partager des lectures et échanger sur la question thématique. Si cela vous intéresse, un site web où les réflexions, articles et sources sont partagés est accessible.
Si vous avez des questions ou si vous souhaitez vous inscrire, n’hésitez pas à contacter Rémi Laroche et Mariève Mauger-Lavigne par Mio.
Tragédie d’une jeunesse dorée Il était une fois petite Aphrodite aux cheveux bouclés Une victime de symétrie Une proie de la vie
Princesse des poubelles, beaucoup trop pubère Elle fréquente des bars cramés, elle est bien arrangée, bien parfumée Recherche des requins qui désirent sa chair et méritent son amour Des bleus à la place de bisous
Les veines débordent de spiritueux et la tête tourne Peur de la vieillesse, peur de l’homme couché dans son lit double L’amnésie du lendemain porte un goût amer Fillette avale ses souvenirs en eau de javel
Petite Aphrodite a la figure digne d’un magazine Un regard azuré perçant les yeux à travers Toujours célibataire, son grand cœur derrière barrières Tout ce qu’elle touche, elle détruit
Elle ne reconnaît pas son ombre, son reflet dans le miroir Intestin vide depuis avant-hier soir Il faut souffrir pour être belle Mais cette peine, parles-en pas, c’est naturel
Autant de haine dans un si petit corps de plumes Les femmes mentent, jouent des personnages purs Hantées par l’insécurité et l’amertume Et toi, jalousie, tu les tues
La beauté fatale entame le drame, entame obsession et déprime Des poumons noirs de goudrons et des larmes La perfection n’est pas facile à acquérir Il y en a plein, des filles désir
Le mystère, c’est comment elles survivent
– Andreea Afronie (AA)
Sororité
J’aimerais pouvoir écrire Des sonnets, des chants de mes sœurs de cœur Inventer un langage menstruel qui écœure Les chiens aimant détruire
Ainsi je noie les aboiements fébriles Je nettoie mon deuxième sexe en profondeur Mais les échos demeurent dans la vapeur Impossible d’être stérile
J’aimerais pouvoir crier des mots doux À toutes les femmes qui ne se tiennent plus debout Quand je ne serai plus désolante
Que des larmes ensanglantées dans le silence J’entends l’appel d’une petite fille innocente Et la page reste blanche