Grève étudiante de 2012 : Le Collectif de débrayage

La grève étudiante de 2012 a beaucoup été couverte par les médias ainsi qu’analysée par les historiens et les sociologues. À l’époque, le Collectif de débrayage a voulu, en sortant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, offrir un point de vue interne des débats qui parcouraient les manifestations.

Le collectif

Le Collectif de débrayage s’est créé en produisant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, un livre publié peu de temps après les manifestations de cette année-là.  Composé d’une dizaine de membres ainsi que de collaborateurs, il était surtout constitué d’universitaires, des personnes qui avaient notamment vécu les importantes grèves antérieures, comme la grève étudiante de 2005 en réaction à l’éventuelle coupure des prêts et des bourses du gouvernement Charest.

Les membres soulignent que le nom du collectif fait référence au mouvement de grève. En effet, le nom « débrayage » vient du verbe à connotation familière « débrayer » qui signifie « arrêter de travailler », « se mettre en grève ». Ils spécifient aussi que c’est l’action qui permet le processus d’arrêt d’une voiture manuelle, donc une manière de mettre les freins sur des situations questionnables.

Une œuvre de « vrais grévistes »

Les membres du collectif, qui ont préféré garder l’anonymat, voulaient faire un grand portrait de ce qui se passait durant la grève. Une participante dit qu’ils « sentaient l’urgence d’écrire à ce moment ». Ils voulaient se distancier des points de vue d’historiens et de sociologues qu’on voyait dans les médias.

Le titre « On s’en câlisse » s’est imposé selon les membres. Celui-ci vient du slogan « La loi spéciale, on s’en câlisse » qui parcourait les manifestations en 2012. Il rappelait l’objectif de l’ouvrage en mettant en valeur une parole collective de la rue, tout en appelant à la revendication avec un vocabulaire du joual québécois.

Les membres du collectif disent aussi que l’ouvrage sert à l’usage des futures grèves. L’un de ceux-ci parle notamment de la cyclicité des grandes manifestations étudiantes. Selon lui, il y a toujours des sujets à débats comme les assurances collectives, la rémunération des stages, l’évincement des associations étudiantes, etc.

L’après On s’en câlisse

Le collectif dit qu’avec l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois et la mise en place de la Charte des valeurs québécoise, il y a eu une repolarisation de la politique, en passant du sujet des frais de scolarité à l’immigration, par exemple. Une réédition de l’ouvrage a été faite en 2014 afin d’ajouter des précisions à ce sujet.

En 2015, le collectif publie Fuck toute, un autre ouvrage sur le mouvement étudiant plus minoritaire qui se produisait à ce moment. Un titre qui rappelait encore le slogan rural qui s’entendait cette année-là. Ils publiaient des chroniques quotidiennes sur leur site web Le littoral qui ont été compilées par la suite pour former cette œuvre imprimée.

10 ans plus tard

Le Collectif de débrayage n’est aujourd’hui plus actif. Cependant, il prépare un événement sur On s’en câlisse qui est prévu le 14 mai prochain à 15h dans la programmation d’une exposition sur les archives du Printemps érable présente durant tout le mois de mai au 2012 rue Saint-Denis, une adresse qui n’aurait pu être mieux choisie pour l’occasion.

L’un des membres du collectif mentionne que « la grève est toujours suspendue » et que le collectif ne souhaite pas entrer dans une logique de célébration pour ces futurs événements, mais plutôt dans une commémoration de sujets qui sont toujours d’actualité. « Ce n’est pas pour être dans une pure nostalgie, mais pour dire que les questions qui se posaient se posent encore, les problèmes dont on a discuté, ils évoluent encore […] c’est se donner une occasion de mettre à jour le livre », dit également ce même membre.

Mois de l’Histoire des Noirs : entrevue avec Frantz Benjamin

Par Édouard Bernier-Thibault

En février, plusieurs pays à travers le monde, dont le Canada, célèbrent le Mois de l’Histoire des Noirs (MHN). Sous l’initiative d’organisations de la société civile et de certains représentants ou élus, de multiples États ont passé des lois faisant du mois de février le Mois de l’Histoire des Noirs depuis les années 1970 et 1980. Cependant, cet évènement était déjà organisé et fêté sous une forme ou une autre par et dans plusieurs communautés noires au Canada et aux États-Unis depuis les années trente. En 2007, une loi qui avait été votée par l’Assemblée nationale du Québec l’année précédente entre en vigueur, instituant officiellement le MHN dans la province.

Tel que mentionné par le site web, le Mois de l’Histoire des Noirs a comme principaux objectifs de « souligner la contribution historique des communautés noires à la société québécoise » ainsi que de mettre « en évidence les enjeux sociaux, économiques, culturels, éducatifs et institutionnels qui touchent les communautés noires ». Durant tout le mois, des visionnements de films, des cours de musique, des conférences et plusieurs autres types d’activités se dérouleront à ces fins. Vous pouvez consulter le site web de l’évènement où vous retrouverez entre autres la programmation des activités.

Une entrevue avec M. Frantz Benjamin

Depuis 2018, M. Frantz Benjamin est député de la circonscription Viau pour le Parti libéral du Québec. Dans son passé, il a occupé plusieurs autres fonctions dont conseiller municipal ainsi que consultant en relations interculturelles et en gestion de la diversité (de 2004 à 2009). Il sera présent le 17 février au cégep pour une table ronde sur le thème du Mois de l’Histoire des Noirs. Voici ce qui est ressorti de notre échange.

« La présence des Noirs au Québec, c’est une présence qui se compte en siècles, et pas en décennies ni en terme d’années. […] Les Noirs sont présents partout au Québec, dans toutes les régions du Québec. »

M. Benjamin a tout de suite souligné comment la présence de Noirs d’origines distinctes dans toutes les régions et les domaines de la vie québécoise doit nécessairement impliquer une meilleure connaissance de leurs réalités ainsi que de leur histoire. Selon lui, c’est quelque chose qui s’impose pour le vivre-ensemble afin de mieux se connaître et de s’enrichir culturellement les uns les autres. C’est aussi et autant pour permettre de s’attaquer à des enjeux économiques, politiques et autres touchant particulièrement les afro-descendants vivant au Québec.

« C’est un mois de festivités, donc où on peut découvrir les cultures des communautés noires […] mais c’est aussi un mois de débats, d’échanges, de partages, et c’est pour cette raison que oui, c’est le mois de l’histoire des Noirs, mais c’est un mois tout québécois selon moi. »

L’histoire enseignée dans nos sociétés est de plus en plus critiquée, notamment par rapport aux enjeux autour des potentiels biais dans l’enseignement et dans l’interprétation de l’histoire qu’on transmet dans les écoles. Voici ce que Frantz Benjamin m’a dit à ce sujet:

« Je crois fondamentalement que les livres d’histoire doivent dire la réalité, mais toutes les réalités, et moi je suis de ceux qui croient que oui, il faut travailler sur les enjeux d’inclusion des perspectives historiques des autres groupes, de tous les groupes dans les livres d’histoire. »

« Ça fait quelques années que je rencontre des groupes de jeunes Noirs pour leur dire que, vous savez quoi, l’histoire des Noirs n’a pas commencé avec l’esclavage. […] Ramener l’histoire des Noirs à la seule perspective de l’esclavage, c’est très réducteur. […] Il faut aussi apprendre aux jeunes Noirs, et à tout le monde, l’apport et la contribution des Noirs à la collectivité. »

M. Benjamin est allé plus en détail sur les enjeux et les problématiques que vivent et endurent encore les communautés noires comme le profilage racial, les crimes haineux, dont ils sont encore les plus grandes victimes au Canada, ainsi que la surreprésentation dans les lieux d’incarcération. Plus récemment, la pandémie a frappé de manière disproportionnée les Noirs du Québec et d’Amérique en général, comme l’a souligné mon interlocuteur, en infectant et tuant en un plus grand pourcentage dans les collectivités noires en comparaison au reste de la population. Cela a plusieurs causes, mais la pauvreté dans les quartiers majoritairement afro-descendants en est certainement une pour le député libéral.

« Ce sont autant d’enjeux qui méritent que nous ayons, que nous puissions avoir une conversation franche, mais une véritable conversation sur ces enjeux-là pour dire comme société, quels sont les leviers que nous mettons en place pour favoriser une véritable égalité, une véritable inclusion », mentionne Frantz Benjamin.

La chose est claire pour le député de Viau : en plus et au-delà de l’apprentissage et la sensibilisation que permet un évènement comme le MHN, celui-ci doit avoir comme but de contribuer et participer à la construction d’une société plus juste pour tous.

« Quand on veut enrayer les disparités, quand on veut enrayer les inégalités, il faut se doter de lois, de programmes, mais surtout des indicateurs et des mesures d’imputabilité », dit M. Benjamin.

Pour en apprendre plus au sujet du Mois de l’Histoire des Noirs, vous pouvez évidemment consulter le site web de l’événement. Vous êtes aussi les bienvenus à participer à la table ronde qui se déroulera ce jeudi 17 février à 12h00 au CVM, au local A4.82. Il sera question de diversité, de représentativité, de racisme systémique et de plusieurs autres sujets à débat autour du vivre-ensemble dans une société multiculturelle. M. Benjamin sera présent, accompagné de Dominique Ollivier, qui occupe entre autres la fonction de conseillère de Rosemont-La-Petite-Patrie pour Projet Montréal, ainsi que de Marie-Eve-Lyne Michel, candidate dans Laurier-Ste-Marie pour le Bloc québécois aux dernières élections fédérales.

Le Concours Philosopher

Par Édouard Bernier-Thibault

Le Concours Philosopher est un événement intercollégial important de la communauté et culture philosophique québécoise qui se déroule annuellement. Il a pour but de susciter des réflexions, des débats intéressants et de promouvoir la pensée critique. Tous les étudiant-es du niveau collégial sont invité-es à rédiger un texte d’environ 2000 mots autour d’une question philosophique qui sera jugé par un jury de professeur-es de philosophie de la province. Le gagnant ou la gagnante verra son texte publié dans le journal Le Devoir et aura la chance d’obtenir une bourse.

Cette année, pour la première fois depuis la création du concours, le Cégep du Vieux Montréal accueillera l’évènement. La question abordée est: « L’avenir est-il « woke » »? Pour celles et ceux qui veulent proposer un texte, la date limite pour la remise est le 21 mai 2022.

En parallèle avec le concours, un groupe de discussion parrainé par Mariève Mauger-Lavigne et Rémi Laroche, deux professeurs de philosophie du Cégep, se rencontre occasionnellement pour partager des lectures et échanger sur la question thématique. Si cela vous intéresse, un site web où les réflexions, articles et sources sont partagés est accessible.

Si vous avez des questions ou si vous souhaitez vous inscrire, n’hésitez pas à contacter Rémi Laroche et Mariève Mauger-Lavigne par Mio.

Textes gagnants du concours d’écriture féministe

Au féminin

Tragédie d’une jeunesse dorée 
Il était une fois petite Aphrodite aux cheveux bouclés
Une victime de symétrie
Une proie de la vie

Princesse des poubelles, beaucoup trop pubère
Elle fréquente des bars cramés, elle est bien arrangée, bien parfumée
Recherche des requins qui désirent sa chair et méritent son amour 
Des bleus à la place de bisous 

Les veines débordent de spiritueux et la tête tourne
Peur de la vieillesse, peur de l’homme couché dans son lit double
L’amnésie du lendemain porte un goût amer
Fillette avale ses souvenirs en eau de javel 

Petite Aphrodite a la figure digne d’un magazine
Un regard azuré perçant les yeux à travers
Toujours célibataire, son grand cœur derrière barrières
Tout ce qu’elle touche, elle détruit

Elle ne reconnaît pas son ombre, son reflet dans le miroir
Intestin vide depuis avant-hier soir 
Il faut souffrir pour être belle
Mais cette peine, parles-en pas, c’est naturel

Autant de haine dans un si petit corps de plumes
Les femmes mentent, jouent des personnages purs
Hantées par l’insécurité et l’amertume
Et toi, jalousie, tu les tues

La beauté fatale entame le drame, entame obsession et déprime
Des poumons noirs de goudrons et des larmes
La perfection n’est pas facile à acquérir
Il y en a plein, des filles désir 

Le mystère, c’est comment elles survivent

– Andreea Afronie (AA)

Sororité

J’aimerais pouvoir écrire
Des sonnets, des chants de mes sœurs de cœur
Inventer un langage menstruel qui écœure
Les chiens aimant détruire

Ainsi je noie les aboiements fébriles
Je nettoie mon deuxième sexe en profondeur
Mais les échos demeurent dans la vapeur
Impossible d’être stérile

J’aimerais pouvoir crier des mots doux
À toutes les femmes qui ne se tiennent plus debout
Quand je ne serai plus désolante

Que des larmes ensanglantées dans le silence
J’entends l’appel d’une petite fille innocente
Et la page reste blanche

– Andreea Afronie (AA)

Un entretien avec Mélissa Mollen-Dupuis 

Photo : Mélissa Mollen-Dupuis, gracieuseté.

Lumière sur Mélissa Mollen-Dupuis, grande militante pour les droits autochtones et pour l’environnement ainsi qu’animatrice radio d’origine innue. Elle nous parle de son parcours, de sa vision, de son métier et d’enjeux visant l’éducation et la littérature autochtone.  

Femme engagée 

Mélissa Mollen-Depuis affirme qu’« en étant né Autochtone, tu deviens un peu militant de facto ». Du haut de ses 12 ans, elle est marquée par Ellen Gabriel, porte-parole mohawk de la Crise d’Oka en 1990, qui reprend un rôle de leadership traditionnel chez les femmes autochtones. À la suite de cet évènement qui lui a ouvert les yeux, Mme Mollen-Dupuis veut connaître davantage son histoire, surtout celle d’avant la colonisation.  

Au courant de sa carrière, elle est animatrice au Jardin des Premières Nations du Jardin botanique de Montréal ainsi que dans les musées. En 2012, elle s’est mise en action avec le mouvement contestataire autochtone « Idle no more » présent dans tout le Canada, où elle s’intéresse à adapter les enjeux à la réalité du Québec qui, contrairement au reste du pays, a des nations autochtones francophones. En 2017, elle reçoit également le prix Ambassadeur de la Conscience d’Amnistie internationale. Mme Mollen-Dupuis obtient une demande du consulat français pour le programme d’invitation de personnalité d’avenir où elle est candidate du Canada francophone. Elle est partie dernièrement à Paris et à Grenoble pour découvrir la culture communautaire française et les techniques urbaines et rurales en lien avec l’environnement. 

Une première émission autochtone francophone 

Depuis l’été dernier, Mélissa Mollen-Dupuis anime l’émission de radio Kuei! Kwe! à Radio-Canada. Déjà chroniqueuse depuis quelques années au même diffuseur public, on lui a proposé d’animer la première émission francophone autochtone. Elle décrit son mandat d’animatrice comme ceci : « ce que je veux faire, c’est une émission culturelle, mais à partir d’une perspective autochtone. La seule chose qui serait là, ça serait mon regard sur les choses, puis mon intérêt que j’ai sur l’enjeu. » En effet, Mme Mollen-Dupuis dit qu’elle aborde les sujets avec une perspective autochtone parce qu’elle vient de cette communauté et non parce que les sujets sont nécessairement reliés à des causes autochtones. Cela lui permet notamment de garder un pied dans les enjeux auxquels elle s’identifie, comme la défense des droits des premiers peuples ainsi que la cause environnementale. Mélissa Mollen-Dupuis est d’ailleurs responsable de la campagne Forêts de la Fondation David Suzuki.  

Améliorer l’éducation 

Selon Mélissa Mollen-Dupuis, le manque de connaissances des étudiants sur la culture autochtone est flagrant. Elle mentionne que le fait de ne pas connaitre le nom des 11 nations avec qui l’on partage le territoire du Québec est problématique. 

Au-delà de l’information à savoir sur ces communautés, la manière d’enseigner des premiers peuples pourrait aider à l’apprentissage de tous, et surtout à celui des élèves en difficulté, le système d’éducation n’étant pas bâti pour répondre à leurs besoins. « On devrait permettre aux communautés de ramener les structures qui étaient les leurs avant que la colonisation vienne les effacer », dit-elle. Certains endroits reprennent tranquillement leur système d’éducation traditionnel au sein duquel l’on intègre des activités sur le territoire. Par exemple, dans sa communauté, il y a des semaines dédiées à la chasse et à des promenades dans le bois avec sa famille. 

Dans notre société nord-américaine, on remarque une séparation des groupes d’âge. Des changements structurels dans l’enseignement qui s’inspireraient de traditions autochtones aideraient, selon Mme Mollen-Dupuis, au « renforcement du lien familial et communautaire ».  

Littérature québécoise ou autochtone? 

Le cours de littérature québécoise au collégial peut intégrer la lecture d’œuvres d’auteurs autochtones québécois dans son programme. Une situation qui suscite une question : doit-on classer l’ouvrage comme étant une œuvre dans la littérature québécoise ou autochtone? Mélissa Mollen-Dupuis répond que d’inclure une œuvre autochtone dans la littérature du Québec, c’est montrer qu’on ne l’exclut pas et qu’on ne la met pas « dans une réserve ». Les œuvres autochtones ne devraient donc pas être nécessairement mises dans une case parce qu’elles ont été créées par des personnes originaires des premiers peuples.  

Cependant, elle mentionne qu’il faut se départir des idées préconçues de la structure littéraire européenne qui ont, selon elle, peur du silence et des pauses qui souvent utilisés dans les œuvres d’auteurs originaires des Premières Nations, de la communauté des Métis ou des Inuits. Elle dit que « si on veut vraiment que ça soit intégré comme littérature québécoise, il faut voir une ouverture à la forme de littérature autochtone qui est mise de l’avant ».  

Élections fédérales : Qui se présente?

La population canadienne ira aux urnes le 20 septembre afin d’élire le parti qui sera au pouvoir pour les quatre prochaines années. L’Exilé vous présente les candidat.e.s des principaux partis politiques qui se présentent dans la circonscription du Cégep du Vieux Montréal, Laurier – Sainte-Marie.

Officiellement, 11 candidat.e.s se présentent dans Laurier – Sainte-Marie. Nous présentons les cinq candidat.e.s des principaux partis.

Steven Guilbeault (Parti Libéral du Canada, actuel ministre du patrimoine) 

Steven Guilbeault est le député sortant de la circonscription et se présente sous la bannière du parti de Justin Trudeau dont il a rejoint les rangs en 2019. Rencontré à son local de campagne, il tire un bilan positif de son premier mandat (mandat écourté en quelque sorte par ces élections impromptues). La COVID-19 a bien évidemment marqué celui-ci : « ce qu’on a fait surtout au niveau local, c’est d’aider le plus de personnes, d’organisations, d’organismes possibles à passer à travers la pandémie », dit-il en entrevue. Il cite comme exemples d’aide, des subventions (la PCU, la subvention salariale d’urgence, etc.)

« Le travail d’un député et de son équipe, c’est vraiment d’être au service, je ne sais pas combien de milliers d’appels ou de courriels nous avons reçu au cours de ces 18 mois-là » ajoute-t-il.

« Le travail d’un député, c’est de servir, de servir sa communauté, de servir les gens qui la composent ». C’est le début de sa réponse lorsqu’on lui demande ce qu’il souhaite faire s’il est réélu. Il nomme tout d’abord la lutte aux changements climatiques : « J’ai beaucoup travaillé ce dossier-là au niveau national mais aussi au niveau local ». Il nomme quelques projets comme l’accessibilité douze mois par année à la piste cyclable du pont Jacques-Cartier.

Lui-même co-fondateur d’Équiterre, il se dit satisfait des mesures prises par son parti : « nous avons fait beaucoup de choses, mais il faut en faire plus ». Il dit s’être lancé en politique pour que son pays « en fasse plus en matière de lutte aux changements climatiques ». Je pense qu’on peut s’entendre qu’aucun pays en fait assez présentement et cela inclut le Canada ». Même s’il n’est pas ministre de l’environnement, il pense que cette lutte n’est pas seulement l’affaire du gouvernement mais bien de tout le monde.

L’enjeu du logement abordable, l’accès à la propriété sont des enjeux importants pour les jeunes, selon lui. Deux projets récents de logements étudiants ont par ailleurs vu le jour au cours de son mandat. Finalement, si le gouvernement est réélu le 20 septembre, il affirme qu’il en fera davantage pour la lutte contre les changements climatiques et qu’il continuera de s’occuper du dossier des géants du web.

Marie-Eve-Lyne Michel (Bloc Québécois)

Provenant du milieu des communications, Marie-Eve-Lyne Michel s’implique auprès du Bloc Québécois depuis 2019. Elle a précédemment occupé les fonctions d’attachée politique aux relations internationales au sein du cabinet du chef du parti, Yves-François Blanchet, dont elle est devenue la directrice adjointe peu de temps après. Elle a reçu une proposition pour se présenter en 2019 mais elle a décliné pour des raisons personnelles. Cependant, pour cette élection, elle a bien voulu tenter que la circonscription revienne sous la bannière du Bloc. En effet, le Bloquiste Gilles Duceppe en a été député de 1990 à 2011.

Pourquoi s’est-elle lancée en politique ?  Elle explique en entrevue qu’elle savait qu’il y avait une partie dans sa carrière où elle allait « redonner ». Vers 2018-2019, elle a commencé à s’intéresser davantage à la politique et c’est après une rencontre avec Yves-François Blanchet qu’elle a commencé à s’impliquer auprès du Bloc Québécois.

Si elle est élue, son principal enjeu est l’accessibilité au logement, ce qui la « préoccupe beaucoup ». La lutte aux changements climatiques est également un enjeu qui s’impose. Elle souhaite s’assurer que le gouvernement s’attaque de « manière très sérieuse » à cette problématique. Finalement, le soutien aux industries culturelles est également important à ses yeux, elle-même provenant de ce milieu.

Ronan Reich (Parti Conservateur du Canada)

Présentement étudiant à HEC Montréal pour une spécialisation en finance, Ronan Reich se présente pour la première fois pour le Parti conservateur. D’après sa biographie présente sur son site internet de campagne, il s’est notamment impliqué auprès d’organismes comme UNICEF. Dans les mesures présentes dans le programme du parti, il met notamment en avant un crédit d’impôt qui pourrait couvrir jusqu’à 75 % des frais de garde. Selon lui, cette mesure viserait à aider les familles qui ont un faible revenu. Finalement, des vidéos sont disponibles sur sa page Facebook de campagne portant sur différents enjeux. On y parle d’environnement, de santé mentale et dans une d’entre elles, on y dénonce la politique monétaire de l’actuel gouvernement (le parti promet par ailleurs de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici 10 ans) ainsi que les dépenses faites par le gouvernement.

En se fiant aux titres des vidéos qui débutent toutes par « Il est temps d’AGIR », on peut en déduire qu’il souhaite réaliser beaucoup de choses et ce, rapidement.

Nimâ Machouf (Nouveau Parti Démocratique)

Épidémiologiste, Nimâ Machouf s’est précédemment présentée sous la bannière duNPD aux dernières élections fédérales de 2019. Elle avait obtenu 25% des voix comparativement à Steven Guilbeault qui avait obtenu 42% des voix. Le parti pour lequel elle se présente a régné sur la circonscription de Laurier – Sainte-Marie de 2011 à 2019. De nombreux enjeux sont mis de l’avant sur son site internet de campagne : l’accès au logement, un système de santé accessible, le changement des habitudes de transport et la santé (dont la création d’un régime national d’assurance médicaments). L’environnement semble également être un enjeu important pour elle.

Jean-Michel Lavarenne (Parti Vert du Canada)

Jean-Michel Lavarenne s’est déjà présenté aux dernières élections fédérales pour le Parti vert dans la circonscription d’Ahuntsic-Cartierville. Il avait obtenu 6 % des voix et avait comme principale adversaire Mélanie Joly du Parti libéral.

Selon sa biographie sur son site internet de campagne, il s’est présenté « dans l’espoir de combattre le cynisme et le dégoût qu’inspire la politique aux jeunes ». Toujours sur son site internet de campagne, une liste d’enjeux importants à ses yeux sont présents comme la sécurité alimentaire où il est écrit qu’il croit que « nous devons protéger la population des perturbations en mettant en place d’importantes infrastructures d’agriculture urbaine ». Le commerce local, le logement abordable ainsi que l’accroissement du pouvoir et de l’autonomie des villes font également partie des enjeux qu’il met en avant.

« La parfaite victime » : un électrochoc

Meggie Cloutier-Hamel & Olivier Demers

Résultat d’un travail de plus de trois ans, réalisé par les journalistes Monic Néron et Émilie Perreault, le documentaire La parfaite victime raconte le parcours de victimes d’agressions sexuelles dans le système judiciaire québécois dans la foulée du mouvement #MoiAussi, des affaires Rozon et Salvail et des dénonciations sur les réseaux sociaux. À ce propos, pourquoi des victimes se tournent vers les réseaux sociaux et non vers notre système de justice? C’est une des questions auxquelles les deux journalistes ont voulu répondre à travers ce documentaire.

Une bombe médiatique

Le 19 octobre 2017, Néron, Perreault de même qu’Améli Pineda, dévoilent ensemble les témoignages d’une dizaine de femmes affirmant avoir été victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles de la part de Gilbert Rozon, fondateur du Groupe Juste pour rire, groupe organisateur du festival d’humour du même nom. À ce moment-là, Monic Néron est chroniqueuse aux affaires judiciaires et Émilie Perreault, chroniqueuse culturelle, toutes deux au 98,5 FM. À l’époque, elles œuvraient avec Paul Arcand dans Puisqu’il faut se lever, l’émission matinale la plus écoutée dans le marché de la grande région montréalaise. Améli Pineda est, quant à elle, journaliste au Devoir. Pour leur reportage choc, les trois journalistes remportent en 2018, le prix Judith-Jasmin dans la catégorie Enquête. Néron et Perreault ont également eu une mention d’honneur lors de la remise du prix Michener de journalisme.

C’est cette enquête qui a donné envie aux deux réalisatrices de produire un documentaire à propos du parcours que doivent entreprendre les victimes pour obtenir justice dans le système actuel. La parfaite victime fait lumière sur des aspects méconnus notamment le déroulement des contre-interrogatoires, le doute raisonnable ou bien du facteur neurobiologique, un grand oublié des procédures judiciaires.

« On sait plus comment ça fonctionne faire un vaccin qu’un système judiciaire »

Denise Robert, productrice de « La parfaite victime »

Témoignages

Lors de la production de ce documentaire de 89 minutes, les réalisatrices ont reçu de nombreux témoignages. Quatre histoires de présumées victimes* nous permettent de plonger dans le système judiciaire du Québec. De nombreux spécialistes (avocat.e.s, juristes, ex-juges, criminalistes, procureur.e.s, psychiatres, etc.) apportent également leur expertise et donnent leur opinion sur des différentes situations, ce qui permet d’éclairer le processus complexe menant au tribunal.

Faire bouger les choses

En entrevue, la productrice du documentaire, Denise Robert, fait part de son amour pour ce genre du septième art : « Ce que j’adore dans les documentaires, ce sont des sujets qui poussent à changer les choses, qui poussent notre société à avoir un vrai débat de société. Tous les documentaires que j’ai faits étaient [sur] ces sujets-là. » En effet, elle a produit les films de l’animateur Paul Arcand, comme Les voleurs d’enfance (2005), Québec sur ordonnance (2007) et Dérapages (2012), des œuvres chocs, mais nécessaires au changement. Elle s’attend à ce que La parfaite victime ait un impact semblable à ses productions précédentes. De plus, ayant reçu de nombreux témoignages de présumées victimes provenant de la communauté étudiante, Monic Néron mentionne que « c’est un fléau » ce qui se passe dans les cégeps et universités. Elle a affirmé, durant la conférence de presse suivant le premier visionnement, que la jeune génération est « celle qui a cette capacité, justement, de s’indigner et de faire changer les choses. » Émilie Perreault souligne pour sa part que même si cette génération est d’autant plus présente sur les réseaux sociaux « il n’y a rien comme se plonger complètement dans cette expérience-là [être au cinéma]. » Elle se dit optimiste : « J’ai l’impression qu’ils vont se déplacer, on l’a vu avec La déesse des mouches à feu, il y a beaucoup de jeunes qui sont allés au cinéma. » Le film était attendu par le milieu judiciaire (celui-ci a par ailleurs réagi au film) et les trois femmes espèrent que le film aidera à faire bouger les choses.

Un duo complémentaire

Provenant de mondes journalistiques différents, les deux femmes forment un duo qui se complète. En entrevue, Perreault souligne que leurs points de vue provenant de milieux variés aident à clarifier les propos pour le public. Elle mentionne qu’elle était là pour représenter le public, car sa collègue, Monic Néron, provenant du milieu judiciaire utilisait parfois des termes que peu pouvaient comprendre. Elle servait donc de vulgarisatrice. Ayant étudié à l’INIS (l’Institut national de l’image et du son), Émilie Perreault a également apporté ses connaissances sur le documentaire. C’est d’ailleurs elle qui a approché sa collègue et amie pour faire ce projet qu’est le film.

Notre avis

C’est un documentaire qui est à voir, assurément. Nous sommes sortis de la salle à la fin du visionnement de presse en se disant : « Cela va avoir un impact. C’est certain. » Nous n’étions pas boulversés, mais on parie que le film aura sûrement un effet d’électrochoc. Pendant 1h30, les intervenant.e.s défilent, les témoignages aussi. Pendant tout ce temps, on ne s’ennuie pas. Chaque passage du documentaire a sa pertinence. Lors de certains, nous sommes en colère intérieurement, on doit vous l’avouer, surtout lorsques les présumées victimes témoignent des évènements traumatisants qu’elles ont vécus et du long processus judiciaire qu’elles doivent subir. On en apprend notamment sur les contre-interrogatoires et les tactiques des criminalistes, des stratégies qui prônent la justice, mais qui, dans un tel contexte, semblent elles-mêmes bien loin d’être justes.

Nous savons qu’il y a une multitude de films à votre disposition, mais comme nous a dit Émilie Perreault en entrevue : « Si tu n’es jamais allé voir un film documentaire : pourquoi tu n’essayerais pas ? » Oui, pourquoi ?

« La parfaite victime », au cinéma partout à travers le Québec.
Note : 4 sur 5

*NDLR : L’agresseur d’une victime a toutefois été reconnu coupable

« Speak québécois »

Invité : Gaetan Tellier

Le poème qui suit est un travail qui s’appuie sur les œuvres de Marco Micone « Speak What », et de Michèle Lalonde « Speak White ».

Il est si beau de vous entendre parler
De votre Torrent, (1)
Vous qui vous êtes rebellés
Avec votre joual (2)
Face à l’Erreur Boréale (3)

Nous sommes venus des 5 continents
Mais ne sommes pas sourds à votre étranglement
Face à votre combat linguistique
Speak québécois
Et pardonnez-nous de causer des problèmes ethniques
Nous, vos cousins, qui ramenons les valeurs de Madiba, (4)
Les paroles d’El Sol de Mexico, (5)
Et les souvenirs d’un Mausaulée à Agra (6)

Speak québécois
Contez-nous vos légendes autochtones
Montrez-nous votre Ookpik (7)
Parlez-nous de vos couleurs d’automnes
De la vue au sommet des pics
Du printemps érable (8)
De votre tire hivernale (9)
Nous venons d’un peu partout
Mais nous avons le goût
Que vous nous chantiez Gens du pays (10)
Nous sommes sensibles aux esprits cadenassés
Et aux esprits en quête d’identité

Speak québécois

Pour scander « Je me souviens » (11)
Dans votre combat non sans vain
Vous souvenez-vous d’être durs d’oreille
« And of the voice des contremaîtres
You sound like them more and more » (12)

Speak québécois tabarnak
Qu’on vous entende
De Montréal jusqu’aux innombrables lacs
Pour choisir vos immigrants,
Pour ordonner
Votre langue sans essayer
De comprendre le plus important
De comprendre que ces personnes
Qui ne sont pas francophones
Donnent leur voix
Pour vous aider à ouvrir la voie

Crisse Speak québécois
Pour imposer tes domaines
Sans prendre la peine
De prendre des mesures exceptionnelles
Pour ces âmes humaines
En cette période de crise mortelle (13)
Qui secourent les progéniteurs de la relève
Bien peu considérées, je leur allume un cierge
Pour leur montrer qu’elles ne sont pas un « peuple-concierge » (14)

Speak québécois
Parle-nous de toé
Oubliez la liste (15)
Oubliez l’immigration élitiste (16)
Parlez-nous de notre avenir ensemble
Afin que vos détracteurs tremblent

Ayez le confort de partager vos combats
Imposez-nous votre idiome
Que notre corps becomes the home
Implantez-nous une graine du Québec
Pour qu’elle devienne un arbre,
Une forêt le nouveau poumon du Québec

Speak québécois
Tell us about votre recherche de reconnaissance
Nous savons que ce mot n’est pas que votre sens
Considérez-nous comme un réceptacle
Et non comme un obstacle.

Notes de l’auteur

(1) Le torrent d’Anne Hébert, autrice qui a écrit sur des sujets qui n’étaient pas jugés « pour les femmes » à son époque.
(2) Un sociolecte du français québécois qui fait débat
(3) Documentaire de Richard Desjardins, artiste engagé
(4) Surnom de Nelson Mandela, politicien d’Afrique du Sud
(5) Surnom de Luis Miguel, Chanteur mexicain et icône d’Amérique latine
(6) Cf au Taj Mahal, une des 7 merveilles du monde moderne
(7) Jouet artisanal inuit en forme de hibou
(8) Cf aux grèves et manifestations étudiantes de 2012 
(9) Allusion à la tire d’érable
(10) Chanson considérée par beaucoup de Québécois comme l’hymne du Québec
(11) Devise du Québec
(12) Tiré de Speak What de Marco Micone 
(13) Cf à la période de covid où il y a eu un ralentissement des services de l’immigration au Canada et au Québec, sans que des mesures exceptionnelles soient prises pour les protéger de l’impact d’un tel ralentissement. Exemple : aucun allégement pour les étudiants étrangers qui attendent leur permis d’études ; un an pour que le Canada (et pas le Québec) monte un programme pour faciliter l’immigration des préposés aux bénéficiaires immigrants.
(14) Cf aux propos de Michèle Lalonde, et au fait que 1 tiers des préposés aux bénéficiaires et à l’entretien sont issus de l’immigration.

(15) Cf à la liste des professions admissibles au Programme de l’expérience québécoise, créée par la CAQ qui détermine les domaines dans lesquels tu dois étudier et/ou travailler pour avoir accès à la voie rapide (2ans) pour la demande de résidence permanente. Beaucoup d’étudiants étrangers ont été touchés par cette création, ainsi que beaucoup de travailleurs.
(16) Cf à l’ambition du gouvernement de Legault à avoir une immigration intellectuelle ou riche : « À chaque fois que je rentre un immigrant qui gagne moins de 56000 dollars, j’empire mon problème » au conseil du patronat du Québec.

Entrevue avec Valérie Plante, mairesse de Montréal

Les élections municipales approchent à grands pas! En effet, le 7 novembre prochain, plus de six millions de personnes inscrites sur la liste électorale permanente seront appelées aux urnes afin d’élire la mairesse ou le maire de leur patelin. L’Exilé vous proposera par ailleurs une couverture des élections municipales. Celle-ci commence par une entrevue avec Valérie Plante, mairesse de Montréal et mairesse de l’arrondissement de Ville-Marie (arrondissement où se situe le Cégep du Vieux Montréal) qui a bien voulu nous accorder 15 minutes de son temps, afin de faire le bilan de son premier mandat.

Ayant débuté son mandat en 2017, Valérie Plante ne s’attendait sûrement pas à vivre une pandémie. Mais selon elle, elle a réalisé tout ce qu’elle souhaitait faire dans un premier mandat. « Les gros morceaux », comme elle l’a souligné lors de l’entrevue. Ses plus grandes fiertés sont le projet du « Grand parc de l’Ouest »,  qui consistait à acheter les derniers terrains verts du secteur afin de former le plus grand parc municipal du Canada. Il y a également eu le règlement pour une métropole mixte (surnommé le « 20-20-20 »*) qui oblige maintenant les promoteurs à inclure dans leurs projets immobiliers, du logement abordable, du logement social ainsi que du logement familial. Le Réseau express vélo (REV) est également une de ses grandes fiertés. Sa dernière, se situe au niveau du transport : « Très fière qu’il y ait un tronçon de la ligne rose du centre-ville vers l’Ouest qui est déjà engagé auprès du gouvernement du Québec et il y aussi d’autres beaux projets de transport qui sont arrivés pendant qu’on était là. » Ceux-ci n’étaient pas nécessairement dans ses promesses électorales : « J’ai toujours dit que le transport collectif, c’était très important donc on a mis beaucoup d’énergie pour faire atterrir ces projets-là. ». Le Réseau Express Métropolitain (REM) de l’Est en fait partie. Par ailleurs, concernant le dossier du REM sur le boulevard René-Lévesque, elle dit qu’elle aurait souhaité que cela soit en souterrain. Elle a décrit ceci comme l’idéal. Lorsque le projet a été présenté comme étant un projet aérien, elle a demandé qu’un comité aviseur composé d’architectes soit formé afin de faire des recommandations. Elle a également demandé des consultations publiques à ce sujet : « Pour moi, ça fait partie des conditions gagnantes ! ». « Il faut s’assurer que ce projet-là va être accepté socialement. »  a-t-elle ajouté.

Des projets qui n’ont pas (encore) été réalisés

La mairesse a tout de même quelques projets qu’elle n’a pas encore réalisés. « La COVID n’a pas vraiment aidé ». Le premier projet qui lui vient en tête est le bain portuaire dans le Vieux-Port. Parmi cette liste, il y a également le projet de piscine derrière l’ancien hôpital Royal Victoria. Elle était supposée être refaite mais un nouveau propriétaire a pris possession des lieux. « Cela prend plus de temps mais, on va le faire ! Mais ça prend plus de temps. (Rires) »

Intérêt des jeunes envers la politique municipale

Lors des dernières élections municipales, seulement 24,6% des jeunes de 18-25 ans inscrits sur la liste électorale ont exercé leur droit de vote à Montréal. Une des raisons de ce faible taux de participation dans cette tranche d’âge serait le désintérêt envers la politique pour les jeunes ainsi que la méconnaissance de la politique municipale d’après une étude réalisée par la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval. La politique provinciale et fédérale étant beaucoup plus médiatisée, le municipal peut avoir l’air de ne pas avoir d’impact dans nos vies alors qu’en fait, il y en a. Questionnée à ce sujet, Mme Plante affirme qu’elle tente de trouver des stratégies afin d’inciter les gens à se rendre aux urnes. « J’espère beaucoup que les jeunes vont avoir envie d’aller voter entre autres sur la question de la transition écologique parce qu’à un moment donné, « parle parle, jase jase » mais il faut poser des gestes et c’est ce qu’on fait depuis qu’on est en poste avec les parcs, avec justement le transport collectif, toutes ces choses-là ». Un autre enjeu important pour les jeunes selon elle est l’habitation. Elle souligne que de l’argent a été mis sur la table et que la ville a travaillé avec des organismes tel que UTILE (Unité de travail pour l’implatation de logement étudiant). Elle nomme finalement le transport collectif pour les enjeux importants pour cette tranche d’âge : « C’est facile de se déplacer mais ça peut-être aussi les BIXIs. Ils étaient très intéressés par les trottinettes quand il y en avait. Donc, de réfléchir à des façons pour eux de se déplacer facilement et à peu de frais. »

À la question à savoir comment l’avis des jeunes (qu’ils votent ou pas) transparaît dans les décisions qui sont prises, elle répond que leur avis (des jeunes que ce soit des 18-24 ans ou aussi de celles et ceux n’ayant pas le droit de vote encore) est important à prendre en compte puisqu’ils sont « citoyens mais cela va être les payeurs de taxes de demain ». De ce fait, « leurs intérêts sont importants pour guider les choix que l’on fait maintenant ». Elle dit entendre celles et ceux qui ne votent pas et qu’elle reçoit beaucoup de lettres. Notamment des plus jeunes. « Je dirais surtout des plus jeunes, peut-être 12 ans, quelque chose comme ça. Mais, honnêtement, chaque fois que je vais me promener et que j’ai la chance de… Pouvoir surtout… Je ne vais pas dire « me promener proche des écoles », cela a l’air weird ! (Rires) Je prends le temps de jaser et je sens que les jeunes ont envie de me parler, ils voient que cela me tient vraiment à cœur l’environnement. Et c’est vrai ! Mais là, le défi, ce sont les 18-24 qui ne votent pas beaucoup. » a-t-elle ajouté en terminant le volet de l’entrevue sur cette question. Tout en faisant un vœu : « Ce que j’espère, c’est de trouver un enjeu qui va donner le goût aux jeunes d’aller voter ».

Selon elle (et elle tenait à ne pas généraliser), l’environnement ainsi que les changements climatiques sont les principaux enjeux qui les préoccupent. « Moi je dis souvent que… Bien sûr je dirige pour le maintenant et la COVID l’a clairement en évidence. Mais, je veux aussi prendre des décisions pour les générations futures et quand on parle de la transition écologique, justement, c’est prendre des décisions qui ne sont pas faciles parce qu’on n’a pas le temps de niaiser, à attendre vingt ans avant de trouver la solution qui ne dérange personne ».

L’environnement : Une priorité

Une chose qui ressort après cette entrevue, est que l’environnement est au cœur des priorités de la mairesse. Elle a réitéré à de nombreuses reprises que la transition écologique était au centre de celles-ci. La réduction de l’utilisation de la voiture solo, augmenter le transport collectif, améliorer les qualités énergétiques des bâtiments sont des objectifs qu’elle souhaite réaliser. « Quand il est question des changements climatiques, il faut agir maintenant. C’est réduire l’utilisation de la voiture solo, augmenter le transport collectif, améliorer les qualités énergétiques des bâtiments, c’est enlever le mazout… C’est toutes ces choses-là mais qui dérangent quand même, mais j’y crois ».

Le Montréal de l’avenir

L’entrevue s’est terminée avec cette question : Comment voyez-vous le Montréal de l’avenir? Mme Plante voit (malgré le fait qu’elle ne possède pas une boule de cristal) un Montréal vert : « Sous ma gouverne, il sera beaucoup plus vert ». Elle souhaite faire un parc semblable au grand parc de l’Ouest mais, dans l’Est cette fois-ci : « Un grand parc de l’Est. On fait de grands corridors verts à travers la ville qui vont rejoindre tous les grands parcs. On va pouvoir marcher, y aller à bicyclette. Tout ça, je considère que c’est bon pour la ville parce qu’on est une île mais c’est aussi la voie de l’avenir pour le tourisme, pour la qualité de vie. Les gens vont vouloir venir à Montréal parce que cela ne va pas être un immense parc mais presque. » Elle souhaite saisir toutes les occasions d’enlever du béton. Elle précise que cela ne signifie pas que la voiture disparaîtra. L’objectif est de favoriser le verdissement et d’enlever les îlots de chaleur. Elle souhaite offrir une « qualité de vie basée là-dessus ».

En résumé avec la COVID, « les gros morceaux » de ce qu’elle souhaitait faire dans un premier mandat à la mairie de Montréal ont été réalisés selon elle. « Ceux qui demandaient beaucoup d’énergie, du will power, des convictions, du courage politique : C’est fait ! Après ça, c’est d’autres projets que j’aimerais amener plus loin évidemment. On a mis les assises, les fondations. Le deuxième mandat, on va construire les murs… Verts ! »

*20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables ainsi que 20 % de logements familiaux de trois chambres ou plus. Le règlement est entré en vigueur le 1er avril dernier, NDLR.)

Un mois pour s’adapter : l’histoire d’un professeur de l’Université Laurentienne

Le 15 mai prochain, 110 professeur.e.s de l’Université Laurentienne à Sudbury se retrouveront sans emploi, après un licenciement annoncé le 12 avril dernier. Leur employeur leur a donc donné un mois, en pleine pandémie, pour se trouver un nouveau travail, potentiellement déménager, réorganiser leur vie familiale et faire le deuil de leur carrière laurentienne.

« On m’a lu un texte en anglais qui a duré moins de trois minutes [par Zoom]. La vice-rectrice en enseignement nous a dit “Vous êtes là parce que votre emploi se termine le 15 mai.” »

François Boudreau, désormais ancien professeur de travail social de l’Université Laurentienne 

Dès que François Boudreau a appris l’ampleur des problèmes financiers de la Laurentienne, il a décidé, début février, de devancer sa retraite de deux ans pour soulager l’Université de son salaire. Sa retraite était donc planifiée et devait commencer le 30 juin 2021, soit un peu plus d’un mois après le 15 mai. Toutefois, lui et 27 autres professeur.e.s qui partaient en retraite cette année ont été licencié.e.s avec les 83 autres. C’est donc après 32 années de carrière et de service au sein de cette institution que François Boudreau se voit remercié par l’Université qui n’a pas respecté sa date de départ prévue, ni son départ de retraite qui était pourtant un geste de bienveillance. Il nous apprend aussi qu’il fut le seul de l’École de service social à avoir perdu son emploi : « Si je n’avais pas demandé ma retraite, je serais encore à l’emploi de la Laurentienne. » Le désormais licencié dit « qu’après 32 ans de service, je voulais quitter dans l’honorabilité et dans la dignité. Je me vois privé de ce rapport qui n’arrive qu’une fois dans sa vie, celui de quitter l’emploi qu’on a occupé pendant 32 ans. Je me sens insulté et je sens que personne ne considère ce que j’ai contribué à la Laurentienne. »

François est un parmi 110 personnes qui se retrouveront sans emploi dans quelques semaines, et il n’est pas le seul à partir dans un contexte éprouvant. Des gens dont la carrière entière reposait sur cet emploi, des parents et même des parents en devenir comme Valérie Raymond, professeure au département d’études françaises qui ne recevra aucune indemnité (les papiers concernant son congé de maternité étaient signés et l’Université a fait volte-face), mais qui a accouché à la fin avril, perdront leur source de revenu, et ce, dans un contexte pandémique. La perte se fera certainement ressentir au sein de l’institution, car ces professeur.e.s étaient souvent des mentors, des sources de soutien et surtout, des gens inconditionnellement dévoués à leurs étudiant.e.s. 

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