Biodiversité, pandémies et mobilisation étudiante 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est elodie-lorimier.jpeg

Photo: Élodie Lorimier

« Fischia il vento e infuria la bufera 

Scarpe rotte eppur bisogna andar 

A conquistare la rossa primavera 

Dove sorge il sol dell’avvenir » 

« Le vent hurle et la tempête fait rage 


Tes chaussures sont cassées et pourtant tu dois partir 

Aller conquérir le printemps rouge 

Où se lève le soleil des jours futurs » 

Extrait de la chanson révolutionnaire italienne « Fischia il vento »)

Jeudi le 1er décembre devait avoir lieu une assemblée générale de grève de l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux Montréal (AGECVM) où allait être discutée la tenue d’une éventuelle grève pour la biodiversité et contre la COP15. Malgré les efforts considérables menés par les membres du syndicat étudiant dans le but de mobiliser la population étudiante autour de cet enjeu, celle-ci n’a pas été au rendez-vous jeudi. En effet, l’assemblée a dû être annulée du fait que trop peu d’étudiants s’y sont rendus, 645 étudiants (10% de la population étudiante) devant être présents pour que les décisions de l’assemblée soient considérées comme démocratiquement valides.  

Mais que signifie ce manque d’engagement étudiant, quelles pourraient être ses causes?  

Pour commencer, il faut dire que depuis la pandémie, l’AGECVM, comme d’autres organisations militantes, a été aux prises avec un problème de mobilisation inédit. Il est plus difficile que jamais de convaincre les étudiants de participer aux assemblées générales de leur association étudiante. De la même manière, bien que les choses aient tendance à s’améliorer, les étudiants sont maintenant moins nombreux à s’impliquer dans leur association étudiante. Il est probable qu’ayant vécu durement la crise de la Covid-19 et les nombreux confinements qui en découlèrent, une partie des étudiants se soient refermés sur eux-mêmes politiquement et qu’ils ne souhaitent plus se soucier de considérations autres que celles qui les concernent individuellement et dans l’immédiat.  

Il faut considérer en plus qu’en détruisant les liens sociaux et en plaçant la population dans un certain état d’urgence, la pandémie à créer une crise de la santé mentale d’une ampleur inédite, dont les étudiants sont entre autres victimes.  

Agir politiquement ou mourir 

La population étudiante doit absolument sortir de son état d’apathie actuel. L’apolitisme n’existe pas, ne pas s’impliquer politiquement revient à céder son pouvoir à d’autres, aux riches et aux puissants. Ne pas participer à ses AG de grève, ne pas s’impliquer en politique, ne pas participer à la vie de son association étudiante, cela revient à laisser les rênes de notre avenir à ceux qui sont en train de le détruire.  

Notez que de nombreux scientifiques qualifient la Covid-19 de zoonose, soit une épidémie d’origine animale. La pandémie serait une conséquence de la pression exercée par les activités humaines sur les écosystèmes. Les épidémies de la sorte seraient aujourd’hui de plus en plus fréquentes. (1)  

La pandémie de la Covid-19 est donc à placer en lien direct avec la destruction exponentielles des écosystèmes menée par notre modèle économique capitaliste, productiviste et consumériste. Cela nous ramène à la question de la biodiversité et de la disparition des espèces. La grève contre la COP15 proposée par l’AGECVM avait justement pour but de lutter contre les conséquences létales qu’a l’inaction des différents gouvernements en matière de protection de la biodiversité. 

En étant inactif, en se repliant sur nous-mêmes, nous participons à la reproduction d’un système économique et politique absurde qui va jusqu’à menacer nos vies même. 

Brisons l’ordre quotidien 

Continuer de vivre nos vies quotidiennes comme si de rien n’était, alors qu’autour de nous le monde est en train de tomber sous nos yeux, n’est plus envisageable. Il faut opérer une rupture de l’ordre quotidien qui nous empêche d’agir en nous enfermant dans l’immédiat. Il faut cesser de reproduire ce système qui est littéralement en train de nous tuer.  

Pour cela, il y a les grèves. Les grèves étudiantes viennent briser cet ordre mortifère de différentes manières. Elles nous libèrent pour un moment, nous donnent une voix et nous permettent de mener des luttes politiques nécessaires. Elles seront sans aucun doute un élément essentiel de la mise en place du mouvement social qui nous sauvera de la menace de la destruction littérale du monde. 

Ce mouvement, il faut le mettre en place. Il nous faut retrouver confiance en notre pouvoir collectif de changer l’ordre des choses. C’est aujourd’hui notre devoir et notre plus grand intérêt.  

P.S. Ce texte est librement inspiré d’une conférence d’Alain Deneault intitulée « Nature, économie et pandémie » ayant eu lieu au Cégep du Vieux Montréal, le 12 avril 2021, dans le cadre de la Semaine de la citoyenneté : Pour une autre suite du monde. 

  1. Piedboeuf, G (9 avril 2020). Comment la planète a manqué le bateau. Récits numériques (Radio-Canada). Repéré le 1er décembre 2022 à https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/843/pandemies-science-zoonose-solutions-prevention-virus-covid-19 

Un projet qui pourrait changer la donne, surtout pour les personnes en situation d’itinérance

Le dossier de l’itinérance est lourd à Montréal, toutefois, une étudiante aurait peut-être trouvé une façon de l’alléger. Son projet pourrait aussi servir dans les hôpitaux, dans les écoles postsecondaires et dans les aéroports.

Conçu par Emmanuelle Tessier, une étudiante à la Polytechnique Montréal, l’Abri Pliable, Permanent à Utilisation Intérimaire (APPUI) est un banc-lit accessible dans les lieux publics (parcs, corridors sous-terrain, etc.), dans les hôpitaux, dans les établissements d’études supérieures et dans les aéroports ou aux alentours de ceux-ci.

Une autre étudiante, Camille Gendreau, l’accompagnait dans la réalisation du projet, mais elle s’est retirée il y a quelques mois. « On s’entendait bien […], mais on a eu des malentendus, entre autres sur la propriété intellectuelle », raconte Emmanuelle Tessier.

APPUI a de l’avenir

Selon une estimation du gouvernement du Québec de 2018, 5 789 personnes se trouvaient en situation d’itinérance visible dont 845 dans des lieux extérieurs. 80 % de ces 845 personnes étaient à Montréal, une réalité mise en lumière lors de la pandémie.

Dans un résumé du projet, Emmanuelle Tessier souligne qu’il est fréquent de voir dans les hôpitaux les proches des patients attendre à leurs chevets. APPUI est le genre d’initiative qui pourrait faciliter cette expérience stressante.

L’attente peut également être longue dans les aéroports, surtout pour les parents voyageant avec des enfants. Pour ce qui est du postsecondaire, le manque de sommeil des étudiants est un enjeu assez flagrant. En 2018, Statista a démontré des chiffres inquiétants sur ce phénomène en France qu’APPUI pourrait contrer en permettant de se reposer dans l’enceinte du campus.

« Le docteur Olivier Farmer qui est un spécialiste en itinérance […] trouvait que c’était ingénieux et qu’il y a clairement un besoin pour ça. » Emmanuelle Tessier se réjouit de l’intérêt de la communauté itinérante envers son projet, car elle croit qu’« une fois que c’est accepté par [cette communauté], ça va être plus facile de le faire accepter socialement ».

Au Cégep, Emmanuelle Tessier étudiait dans le programme Science de santé et formation, alors APPUI n’était qu’un projet dans un cours optionnel d’architecture. Cela ne l’a toutefois pas empêchée d’avoir du succès.

Avant que le projet emporte des prix à la compétition « Expo-sciences Hydro-Québec 2021 », le Collège Jean-de-Brébeuf l’avait sélectionné pour représenter l’établissement à la compétition d’architecture internationale professionnelle Laka. « C’est vraiment une compétition pour des architectes professionnels, donc on n’a rien gagné là », dit l’étudiante. Malgré cela, elle dit avoir reçu des commentaires positifs en lien avec son jeune âge et sa capacité à concevoir un tel projet.

Le projet est actuellement en instance de brevet. « Un brevet, c’est une propriété intellectuelle qui fait que si tu l’obtiens, t’as les droits absolus pendant [un maximum de 20 ans] sur la production, la vente et l’utilisation de ton invention, explique-t-elle, même si le but n’est pas de faire du profit dessus, c’est important d’avoir les crédits. »

L’impact écologique

Bouches d’aération, chaleur et espace, Emmanuelle Tessier a pensé à tout. Elle examine la possibilité d’ajouter un port USB et une petite fenêtre pour des raisons de sécurité et pour les personnes claustrophobes. « J’étais vraiment confortable dans le prototype. Je pouvais être couchée et avoir le bras déplié en touchant à peine le plafond », assure-t-elle.

Pour des raisons de sécurité, les matériaux utilisés sont principalement de l’acrylique renforcée par de la fibre de verre. Cela oblige l’utilisation de moules coûtant environ 100 000$, ce qui représente un défi majeur de financement et, alors, de production. Une cagnotte GoFundMe existe pour soutenir le projet.

« [L’environnement], c’est un peu un critère va-et-vient, parce qu’à un moment donné, il faut choisir ses batailles. D’un point de vue écologique, on est un peu avantagé parce que les panneaux de plexiglas utilisés pour la COVID, c’est de l’acrylique. » Emmanuelle Tessier explique que ces panneaux deviendront inutiles, ce qui lui donnera la chance de les réutiliser : « C’est un produit qui, techniquement, fait partie de la liste des produits recyclables. »

Une invitation lancée aux artistes

La structure permettrait aux artistes locaux de se servir de l’extérieur comme canevas pour obtenir plus de visibilité. « Je ne cherche pas à leur imposer un mobilier non plus, s’il y en a qui veulent dessiner dessus [je suis à 100% avec eux], explique Emmanuelle Tessier, tu peux peindre dessus avec un type de peinture particulier, et ça se nettoie aussi ».

Occupée par la pandémie, la Ville de Montréal n’a pas voulu donner suite à la demande d’entrevue sur APPUI. Toutefois, elle a mentionné dans un courriel que « le budget annuel dédié à l’itinérance a été doublé pour 2022 ». Il reste à voir si APPUI fera un jour partie des récipiendaires de ce budget.

Pour une accélération de la transition verte en agriculture: Plus de demi-mesures!

Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

À l’automne dernier, le gouvernement du Québec a fait un pas dans la bonne direction en dévoilant le Plan d’agriculture durable 2020-2030 (PAD) visant à « accélerer l’adoption de pratiques agroenvironnementales responsables et performantes afin de répondre aux préoccupations des acteurs du milieu agricole et des citoyens* ».

Les industries de l’alimentation et de l’agriculture représentent des milliers d’emplois, d’énormes sommes d’argent et un système de gestion extrêmement complexe. Ces secteurs sont reliés à une multitude d’enjeux environnementaux en plus de tenir un rôle décisif dans la transition vers une société plus verte.

Après notre analyse du PAD, nos recherches et échanges sur l’agriculture durable, nous venons à la conclusion que ce plan doit présenter des cibles plus ambitieuses afin d’accélérer la transition verte. Même si celui-ci repose sur de bonnes bases, il ne semble pas tenir compte de l’urgence climatique à laquelle l’humanité doit faire face. Nous ne pouvons plus nous contenter de demi-mesures!

Le Plan d’Agriculture Durable 2020-2030

Ce plan prévoit un investissement de 125 millions sur les 5 premières années, visant à accélérer l’adoption de pratiques agroenvironnementales durables touchant cinq points principaux: réduire l’usage de pesticides et leurs risques pour la santé et l’environnement, améliorer la santé et la conservation des sols, améliorer la gestion de matières fertilisantes, optimiser la gestion de l’eau et améliorer la biodiversité.

Les enjeux auxquels celui-ci s’attaque sont pertinents: l’usage excessif des pesticides et des produits chimiques est un problème pour la protection de notre santé et de nos écosystèmes. Toutefois, en se penchant sur les objectifs concrets qui sont établis, on est rapidemement déçu. Par exemple, le PAD vise à réduire de 500 000 kg la vente de pesticides. Cela équivaudrait à une baisse de seulement 15% de leur utilisation, et ce, sur une durée de 10 ans! Les experts n’ont pas manqué de souligner le manque d’ambition de ses cibles et de son envergure, considérant la période et le budget qui sont prévus. Nous pouvons et nous devons exiger plus pour vraiment faire changer les choses.

L’atteinte des objectifs du plan fonctionne sur un système de reconnaissance pour inciter les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques. Un tel système fonctionnera par « la rétribution des pratiques agroenvironnementales basée sur l’atteinte de résultats et le partage des risques** ». Le gouvernement alloue la plus grande part du budget (70 millions) à cet effet. Cette partie du plan est fondamentale: on doit soutenir concrètement nos agriculteurs et agricultrices pour une transition verte.

Il est vrai que les agriculteurs ne devraient pas avoir à supporter seuls les coûts que peut impliquer une transition durable. Toutefois, nous croyons que cela ne sera pas suffisant pour changer la pratique des grands pollueurs en agriculture puisqu’ils pourront continuer sans pénalité leurs pratiques axées sur l’utilisation intensive des pesticides, la monoculture et la production massive. En continuant de soutenir ceux qui font des progrès, plusieurs proposent aussi de mettre en place une taxe de 10 à 15% sur la vente des pesticides***. Un plan d’agriculture durable complet doit inclure de telles mesures.

Bref, ce Plan d’agriculture durable 2020-2030 démontre que le gouvernement est prêt à faire un pas vers la transition verte. Cependant, nous exigeons des cibles plus élevées. Nous sommes capables de faire beaucoup mieux! Avec un système de reconnaissance fort et des punitions pour les grands pollueurs agricoles, nous pourrions accélérer le changement. Les efforts que nous appliquons doivent être à la hauteur du défi climatique mondial de notre époque. Aux grands problèmes, les grandes solutions!

Sincèrement,
Le Comité COP 26 du Cégep du Vieux Montréal, Alyssa Vézina, Édouard Bernier-Thibault, Frédérique Bordeleau, Orianne Démontagne, Stella Dalbec Chabot et Xavier Courcy-Rioux.

*, ** Gouvernement du Québec, « Agir, pour une agriculture durable – plan 2020-2030, »  Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020

*** Commission de l’Agriculture, des Pêcheries, de l’Énergie et des Ressources Naturelles; « Examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement, ainsi que les pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, et ce en reconnaissance de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois », Assemblée Nationale du Québec, Février 2020 

Lancement d’un projet d’énergie éolienne innu

Invité : Mathieu Bernard Tardif

Le 4 février dernier, le premier ministre du Québec François Legault a annoncé en conférence de presse le lancement officiel du projet éolien Apuiat en collaboration avec la nation innue et la compagnie Boralex. L’ensemble de sa réalisation, qui comprend une cinquantaine d’éoliennes, offrira 200 mégawatts d’électricité distribuée en partie aux Innus et prendra place sur le Nitassinan de Uashat mak Mani-utenam. L’initiative représente un investissement de 600 millions de dollars sur un contrat de 30 ans. « Il s’agit du plus long contrat d’achat d’électricité de l’histoire de la province du Québec », nous explique le président de la compagnie Boralex Patrick Decostre.

Effectivement, le projet s’annonce historique pour le Québec puisqu’il découle d’une initiative innue. Apuiat a vu le jour en février 2015, au Sommet de la Nation Innue, où ses neuf communautés ont conçu le projet à des fins économiques. Par ailleurs, il faut mentionner que les Innus sont actionnaires de 50% du projet. Ils sont donc détenteurs d’un pouvoir décisionnel égal à celui de Boralex sur l’ensemble de sa réalisation. « Pour la première fois de l’histoire, nous sommes les promoteurs d’un grand projet de développement économique national », a mentionné Martin Dufour, le chef de la Première nation des Innus Essipit, fier de cette avancée autochtone sans précédent pour la province.

Apuiat a toutefois attendu longtemps avant d’avoir reçu le feu vert du gouvernement québécois. Malgré son approbation par les Libéraux sous Couillard à ses débuts, le projet s’est retrouvé gelé par François Legault sous prétexte que le Québec n’avait aucun besoin immédiat en matière énergétique. Ce n’est qu’à la suite de fortes pressions tant autochtones qu’allochtones que le gouvernement caquiste a signé l’entente.

Monsieur Legault dit avoir récemment signé un contrat avec l’État du Massachusetts pour exporter l’électricité que produira Apuiat. Il a aussi stipulé que le gouverneur Andrew Cuomo serait prêt à négocier un contrat pour desservir l’État de New York, donnant ainsi au projet un potentiel économique considérable autant pour le Québec que pour la nation innue et justifiant la signature de l’entente.

Le départ tardif du projet pourrait toutefois susciter un questionnement sur l’état des relations entre la nation innue et les autres partis impliqués. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien, a fait l’éloge du travail commun accompli avec les chefs innus Mike Mckenzie et Martin Dufour, soutenant l’idée que tous ont entretenu un dialogue ouvert et constructif. Cependant, il y a encore anguille sous roche.

En effet, le projet dans son ensemble créera 300 emplois pour la construction et le maintien des éoliennes. Mckenzie dit espérer que ces derniers échoient aux membres des communautés innues. Le président de Boralex ne souhaite toutefois pas divulguer le nombre d’emplois qui seront offerts aux Innus, et ce, malgré les pressions de Québec Solidaire et des Premières Nations.

Conséquemment, la décision ne relève pas des Innus, mais bien de son partenaire, Boralex. La compagnie prétend souhaiter offrir un maximum d’emplois aux membres des communautés locales, sans pourtant vouloir révéler ses réelles intentions. Bien entendu, lesdits postes requièrent des certifications et des formations préalables pour assurer le bon fonctionnement des éoliennes, ce qui rend difficile la recherche d’employés innus qualifiés. Il suffira d’attendre le dévoilement des objectifs d’embauche avant de pouvoir revisiter la question.

Il reste qu’en soi, le projet marque un remarquable pas vers l’avant pour l’autonomie de la nation innue. L’entente signée en février dernier offrira des redevances de 500 000$ par année à la communauté de Uashat mak Mani-utenam pour l’utilisation de son territoire. Les Innus jouiront aussi de la moitié de toutes les retombées économiques que produira le projet, et la somme sera répartie entre les neuf communautés. « C’est un projet synonyme d’autonomie et de possibilités pour nous », a dit, optimiste, le chef Mike Mckenzie en point de presse. Ces montants pourront être réinjectés dans les infrastructures locales par les conseils de bande innus et permettront à ceux-ci de profiter d’une autodétermination plus prononcée au sein de leur territoire, comme l’ont fait les Cris après la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ).

Effectivement, un projet énergétique de cette envergure nous rappelle celui qui s’est négocié en 1975. Les Cris de la Baie-James avaient revendiqué leurs droits ancestraux devant le gouvernement de Robert Bourassa et son projet hydro-électrique. Les négociations s’étaient étendues sur plusieurs années, résultant en une somme de plusieurs millions de dollars offerte aux Cris, un monopole sur la faune et la flore d’une partie du territoire touché par le projet hydro-électrique de même qu’une reconnaissance des activités de subsistance traditionnelles. Ces derniers ont également pu profiter d’une autonomie sur les décisions politiques au sein de leurs communautés — une première à l’époque.

D’ailleurs, depuis la CBJNQ, les Cris ont vu leur espérance de vie et leur revenu annuel augmenter. Ils ont aussi vu leur nombre de logements surpeuplés et leur taux de chômage diminuer. Ce sont des avancées sociales qui découlent en grande partie des négociations entretenues lors de la convention. Maintenant, est-ce que ces mêmes avancées se réaliseront pour autant chez les Innus avec le projet Apuiat? Difficile à dire, mais on peut à tout le moins espérer que les Innus verront leurs conditions de vie s’améliorer de façon similaire.

À noter aussi que le premier ministre Legault souhaite négocier l’enjeu des droits ancestraux comme l’ont fait les gouvernements précédents avec les Cris. Ces derniers ont dû renoncer à leurs droits ancestraux sur la terre compromise par les sites de construction des barrages en échange de redevances du gouvernement. Il est donc possible de supposer que le gouvernement actuel mobilisera ses ressources pour exiger des Innus qu’ils renoncent, eux aussi, aux droits que leur confère le statut de Premier Peuple sur le territoire qu’occupera Apuiat. Cependant, cet enjeu relève aussi d’une compétence fédérale. La nation innue devra donc aussi négocier la question avec Ottawa, un processus pouvant prendre quelques mois, voire quelques années. Toutefois, ces négociations ne retarderont pas pour autant le développement du projet. 

Réforme, pouvoir populaire et environnement

Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

Il y a quelques temps de cela, durant la première semaine du mois de mars, le co-porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, présentait un intriguant projet de réforme parlementaire. Celui-ci affecterait le pouvoir détenu par la population sur le cours de la politique. En effet, il est déplorable de constater que le poids dans la balance démocratique de bien des Québécois aujourd’hui se résume au passage à l’urne environ tous les quatre ans.

Conséquemment, le député de Gouin propose l’instauration d’un principe permettant aux citoyens d’une circonscription donnée de révoquer le mandat de leur représentant parlementaire. Concrètement, le processus d’expulsion serait entamé par la signature d’une pétition d’initiative populaire qui donnerait suite à la tenue d’un référendum confirmant démocratiquement le choix du renvoi.

Cela signifierait que les électeurs seraient dorénavant en mesure de remplacer un député dont la gestion ne conviendrait plus aux yeux de la majorité, en évitant l’attente des prochaines élections. Ceci, entre autres, contraindrait les élus à travailler davantage au gré des préoccupations de la population, puisque ceux-ci ne bénéficieraient plus d’une assurance, jusqu’à la prochaine dissolution parlementaire, de conserver leur poste.

Conjointement à cette première motion, le co-porte-parle de Québec Solidaire suggère la création d’une chambre des générations. Cette dernière, en l’occurence, rassemblerait 60 membres, soit 30 experts environnementaux ainsi que 30 citoyens aléatoirement nommés. En somme, ce nouvel ensemble jouerait un rôle de contrepoids au sein de l’Assemblée Nationale en matière environnementale via l’exercice de son droit de véto pouvant interrompre temporairement un projet de loi afin d’en exiger son réexamen.

Des idées sont, certes, porteuses d’une éventuelle refonte participative de notre démocratie, mais encore faudrait-il qu’elles se concrétisent. À vrai dire, les chances qu’advienne l’adoption de ces réformes sont minces si l’on se fie à l’historique peu concluant des projets antérieurs du même ordre.

Par exemple, mentionnons que le premier ministre actuel, comme beaucoup de ses prédécesseurs, proposait, avant sa victoire, une réforme au niveau du mode de scrutin alors qu’aujourd’hui ce dernier semble, sans s’étonner, avoir perdu de son enthousiasme pour la question.

Les camps politiques, victimes de la structure électorale comme parlementaire, souhaitent la voir évoluer. Or, lorsque celle-ci joue finalement en leur faveur, les partis perdent, avec raison, tout intérêt à ce que la conjecture soit altérée. Bref, la règle voulant que les changements institutionnels majeurs soient remis aux calendes grecques risque de rester effective.

Ainsi, des messures permettant que davantage de décisions soient prises de façon extraparlementaire, telles que celles proposées par M. Nadeau-Dubois, mentionnées plus haut, contribueraient à la résoluton de l’impasse persistante à laquelle se heurtent les réformes systématiques de notre démocratie. En soi, cela limiterait la mesure dans laquelle les politiciens se permetteraient de diverger des aspirations spécifiques de la majorité des électeurs.

Justement, en parlant de décisions parlementaires de l’opinion publique ou controversée selon celle-ci, un projet ayant en ce moment lieu au Québec illustre cette problématique pouvant découler d’un parlementarisme caractéristique du système démocratique québécois.

En effet, il est question ici du projet piloté par l’entreprise GNL Québec; celui-ci se résume à la construction, dans la porton Nord du Québec, d’un gazoduc dont le contenu serait liquéfié, entreposé et exporté depuis le Port de Saguenay où des infrastuctures seraient bâties à cet effet. Ce plan, si concrétisé, représente un risque environnemental considérable. Non seulement cela créerait de nouvelles opportunités commerciales pour les combustibles fossiles sur le marché international, mais il planerait aussi dorénavant la menace d’un déversement et d’une perturbation de l’écosystème qu’abrite le Parc national du Fjord à proximité de Saguenay.

L’illustration de mon propos réside dans ce projet en ce qu’il relève entièrement de l’initiative du parti majoritaire au Québec que travaille activement à son développement alors que, selon les sondages, près de la moitié des Québécois s’opposent à sa réalisation. Dès lors, considérant la gravité des enjeux, la suspention temporaire de la progression du plan serait de mise. Or, la Coalition Avenir Québec, bénéficiant de la majorité, ne déroge pas à sa décision initiale et prévoit toujours entamer le développement des infrastructures sous peu. Ajoutons que le parti persiste dans cette voie malgré la résistance acharnée d’organisations citoyennes qui, par ailleurs, sont parvenues à décourager maints investisseurs de soutenir le projet.

La présente situation est donc, en ce sens, la démonstration de sérieuses lacunes quant à la représentativité et au réel pouvoir de l’opinion publique au sein de nos institutions démocratiques, sans compter que, dans le cas de GNL, le défaut en question permet l’élaboration d’un projet aux effets délétères sur l’environnement. Mentionnons également que le recours à la formation d’un bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE), tel qu’instauré afin de consulter la population avant que le projet ne se réalise, demeure insuffisant étant donné que la décision de ce dernier ne peut primer sur celle d’un parti majoritaire.

En conclusion, le tout nous éclaire sur les effets bénéfiques qu’apporterait la concrétisation des propositions de réformes parlementaires du député de Gouin. Effectivement, le droit de véto, détenu par la chambre des générations permetterait un ralentissement considérable du processus d’adoption de motions faisant l’objet d’un litige au sein de la population. Le principe de révocation citoyenne du mandat d’un représentant de circonscription, quant à lui, ouvre la porte à d’éventuelles réorganisations des rapports de forces au sein de l’Assemblée Nationale à tout moment, en cas d’une baisse subite du degré d’approbation de ses décisions. L’évolution des actions menées par le gouvernement saurait être interrompue par le consensus populaire, palliant ainsi les limites d’un système démocratique où le pouvoir émanant du peuple est réduit au suffrage d’une poignée de représentants.

La mode, c’est démodé!

Le fast fashion est un phénomène terriblement néfaste pour l’environnement. Chaque année, sur les 53 millions de tonnes de produits textiles vestimentaires fabriqués, 73% d’entre eux finissent enfouis ou incinérés, et ce, indifféremment de leur état. Il nous est possible de poser des gestes concrets pour contrer ce phénomène, comme boycotter les grosses compagnies et encourager les petites entreprises qui se soucient de notre environnement.

Dans une société développée comme la nôtre, la mode occupe une place importante. De nombreuses personnes cherchent constamment à améliorer leur garde-robe et à se vêtir de la nouvelle collection. Ça, de nombreuses compagnies et boutiques de vêtements l’on comprit. Elles vont confectionner et rendre disponible de nouvelles collections de vêtements plusieurs fois par mois, en offrant à leurs consommateurs des vêtements à la dernière mode et à prix réduit. C’est ce qu’on appelle la mode éphémère, ou la fast fashion. Mais quel est réellement le prix de cette façon de faire?

Il est important de comprendre que pour réussir à vendre ses vêtements à des prix réduits, les compagnies textiles font confectionner leurs vêtements dans des pays où les coûts de productions sont ridiculement bas, mais où les conditions de travail sont à leur tour, ridiculement inhumaines.

Au Bangladesh, la situation est particulièrement difficile, souligne le Centre International de Solidarité Ouvrière (CISO). Depuis 2005, environ 1 500 travailleurs ont été tués dans des incendies et des effondrements d’usines qui auraient pu être évités. Des édifices mal construits, des sorties de secours inexistantes, la présence de matériaux inflammables et une pression constante des dirigeants pour qu’ils restent à leur poste contribuent à la situation déplorable dans laquelle les travailleurs de ce pays d’Asie du Sud gagnent leurs vies. Il s’agit ici d’une généreuse déclaration, puisqu’ils reçoivent à peine de quoi subsister.

La fast fashion a aussi un impact notable sur l’environnement. Selon Recyc-Québec, les émissions de gaz à effet de serre produites par l’industrie du textile correspondaient à 1,2 milliards de tonnes de CO2 en 2015, ce qui est supérieur à l’impact planétaire du transport aérien et maritime combinés. Il est aussi dit que sur les 53 millions de tonnes de vêtements produits chaque année, 73% d’entre eux finissent enfouis ou incinérés. La mode éphémère accentue davantage ce phénomène, puisque la vitesse à laquelle les vêtements sont produits et enlevés du marché pour faire place aux nouvelles collections ne fait que créer encore plus de déchets vestimentaires.

Que pouvons-nous faire?

De nombreuses personnes ont la dangereuse tendance d’affirmer ne rien pouvoir faire face à une situation comme celle-ci, car il s’agit d’un problème concernant les grandes compagnies multinationales. Pourtant, tout le monde est impliqué lorsque l’on parle d’environnement. Il est ainsi encouragé de donner, de vendre ou d’échanger ses vêtements lorsqu’ils sont encore en bonne condition. Pour l’obtention de nouveaux habits, il faut favoriser les entreprises locales et indépendantes qui produisent des vêtements éthiques et écologiques, ou bien tout simplement se procurer des vêtements usagés dans diverses boutiques qui se spécialisent dans le recyclage vestimentaire. Protéger l’environnement, ça commence en choisissant ses vêtements de manière responsable.

Les friperies, ou les boutiques de vêtements rétros, sont une bonne alternative écologique pour trouver des vêtements abordables et de qualité, sans toutefois négliger son style vestimentaire. On peut penser, par exemple, aux magasins Renaissance. Avec ses vingt-neuf friperies et librairies dans le Grand Montréal, Renaissance se base sur le principe d’économie circulaire, qui consiste à récupérer les vêtements usagés et à leur donner une deuxième vie, ce qui conséquemment réduit la production de déchets vestimentaires. Renaissance a aussi mis en place un programme d’insertion sociale dans le but d’aider les immigrants et les personnes moins avantagées économiquement à se frayer un chemin dans le marché du travail. Elle ne vise rien de moins que l’épanouissement personnel et professionnel de ses employés. C’est un bon exemple d’entreprise qui a le cœur à la bonne place.

Également, certaines friperies se spécialisent dans un certain type de vêtements. C’est le cas pour la friperie Hadio sur la rue Mont-Royal, qui se spécialise en vêtements vintage datant des années 80 et 90. J’ai eu l’immense privilège d’échanger quelques mots avec l’une des formidables employées de cette boutique. Entreprise familiale fondée en 1991, Hadio a été une des premières – si ce n’est pas la première – friperie montréalaise. « Depuis très longtemps, même avant les années 1990, le fondateur avait réalisé qu’il y avait des quantités énormes de vêtements usagés en bon état qui allaient dans les sites d’enfouissement landfills, et on trouvait ça ridicule », affirme une des employées du Hadio. Toujours d’actualité, selon Recyc-Québec en 2013, 95 000 tonnes de vêtements étaient mises à la poubelle à chaque année par les ménages québécois.

En tant qu’entreprise spécialisée en vêtements vintages, Hadio se porte très critique de ce qu’elle reçoit pour fournir des vêtements de qualité. « On a déjà nos partenaires depuis 1991 et c’est seulement avec eux qu’on travaille, […] tout est sélectionné à la main ». Que vous aimiez les vestons de cuir ou de jeans, les chemises colorées, les t-shirts originaux ou les jeans de haute qualité, Hadio est la place où aller si l’on veut trouver chaussure à son pied tout en ayant un impact positif sur l’environnement. « 90% de la marchandise ici c’est du vintage, qui date de plus de 20-25 ans d’ancienneté », soutien une employée du Hadio.

Une autre de ces boutiques spécialisées dans un certain type de vêtements est Charlotte & Gabrielle, dans Westmount. La particularité de celle-ci, est qu’elle offre des vêtements élégants et de grandes marques, et ce, à un prix beaucoup moins élevé qu’en magasin. La base de leur commerce est la consignation de vêtements, qui non-seulement a un impact positif sur l’environnement, mais qui permet aussi une vie nouvelle à des habits tendances de haute qualité. Pourquoi continuer à faire ses achats dans les grands magasins de marque, ce qui encourage la fast fashion, lorsque l’on peut trouver des boutiques formidables à deux stations de métro de chez soi? C’est en dépensant de manière plus éthique et écoresponsable que l’on fait réellement une différence. Les actions de chacun ont un impact sur l’environnement, il ne reste qu’à choisir la direction que cet impact prendra.

%d blogueurs aiment cette page :