Coupez ! – Des étudiants derrière la caméra

Le vendredi 28 mai 2021 avait lieu la soirée de projection Coupez ! en l’honneur des étudiant.e.s du Cégep du Vieux Montréal en Arts, lettres et communication — Option Médias. On assistait notamment à la présentation de leur travail final : un court métrage de fiction. C’est avec un grand plaisir que j’ai eu la chance d’y participer.

C’est à 19h que j’ouvre mon ordinateur portable, que j’appuie sur le lien Zoom et que je me retrouve dans la salle de conférence de la soirée en compagnie d’une soixantaine d’individus. Parmi le public, on retrouve la vaste majorité des étudiants.e.s. On ressent immédiatement leur excitation de nous présenter leur film.

La soirée débute par une animation divertissante produite par des étudiantes du même programme. Les 12 courts métrages nous sont présentés l’un à la suite de l’autre en un peu plus de 60 minutes. Je n’exagère pas en affimant que ce fut un réel plaisir. Une quantité phénoménale de talent et de passion était déversée sur mon écran. Des films tous autant originaux les uns que les autres y ont été présentés où on retrouve une qualité cinématographique impressionnante, surtout à la suite d’une production réalisée dans un milieu pandémique.

Pour couronner le tout, la remise des prix.

Tout d’abord, la mention spéciale :  

Chapitre 3, réalisé par Adèle Saulnier, Éléonore Turcotte, Mia Ratel, Tristan Silva et Frédéric Carrier, d’après un scénario de Meagan Babin-Alexandre.

Puis, les gagnants ex aequo, qui représenteront le CVM au festival intercollégial de cinéma étudiant, du 2 au 4 juin prochain :  

Dernière minute, réalisé par Marlène Gaudreau, Justine Grivegnée Bariber, Félix Legault-Dignard, Hermine Revel et Ève Myette, d’après un scénario de Hermine Revel. 

J’suis pas ma mère, réalisé par Sara Lefort-Dupras, Béatrice Poirier-Pouliot, Odile Chevrier et Samara Carbajal Branez, d’après un scénario de Rosemarie Raymond-Duhamel.

Les films seront disponibles sur la chaîne Vimeo du programme Arts, lettres et communication — Option Médias du CVM l’an prochain, une fois que sera terminée leur période d’éligibilité dans différents festivals professionnels.

Un retour apprécié, mais précoce au Cégep?

Le 22  janvier 2021, la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann a indiqué le retour graduel d’activités d’enseignement ou d’activités de groupe à caractère pédagogique dans les établissements d’études supérieures à compter du 8 février au rythme idéal d’une fois par semaine.

Alors que les Cégeps et les universités préparent le retour des élèves en temps de pandémie, comment, à leur tour, les élèves réagissent-ils à la suite de l’annonce ? Quelques étudiantes de divers programmes du Cégep du Vieux Montréal m’ont exprimé leur point de vue.

Sportive, mais confinée

Èvemarie B-Lévesque, 19 ans, est une étudiante en sport-études préprofessionnels et en Arts, lettres et communication — Option Médias (Communication et médias). Elle souligne qu’elle était heureuse d’apprendre la réouverture du Cégep. Pour elle, l’école à la maison était difficile en raison de son environnement d’étude et de l’éloignement avec ses amis.

Malgré qu’elle craigne une hausse des cas de COVID-19, elle croit que les mesures sanitaires entreprises par le Cégep seront suffisantes pour assurer le retour des étudiants.es. Lors de ses entraînements en présentiel, elle m’indiquait que tous respectent les consignes de sécurités, faisant en sorte qu’il n’y a aucun cas dans son groupe.  

Èvemarie croit que la vie étudiante reprendra son cours normal au Cégep, malgré la forte présence de consignes sanitaires. 

Elle indique également qu’il serait préférable de permettre le présentiel aux cours ayant souffert le plus en raison de la pandémie, notamment les cours ayant besoin d’équipement spécifique. Elle affirme que nous n’avons pas nécessairement besoin de faire nos cours de littérature ou de philosophie en classe.

Un Cégep froid

Romane Latreille, 19 ans, est une étudiante en double DEC en Histoire et civilisation et en Arts, lettres et communication — Option Langues. L’étudiante affirme qu’elle était surprise par la réouverture en raison du nombre encore élevé de cas. Elle témoigne qu’elle est néanmoins heureuse de pouvoir reprendre certains de ses cours en classe, bien que les études en ligne comportent certains avantages, notamment l’évitement des déplacements. 

Romane croit à son tour que les mesures sanitaires seront suffisantes pour s’assurer que le retour des étudiants.es soit sécuritaire. Elle indique qu’il serait même préférable que le Cégep n’accueille qu’un certain nombre d’élèves à la fois. 

Contrairement à Èvemarie, Romane croit que la vie étudiante sera différente. Elle indique qu’en raison du protocole strict, un environnement autrefois si stimulant et dynamique deviendra malheureusement froid.

Bref, ces deux étudiantes témoignent de leur joie face au retour du présentiel, mais elles affirment également que nous devons persévérer dans notre combat contre la COVID-19 afin que nous puissions apprécier à nouveau l’atmosphère de nos établissements scolaires.

Se battre sur deux fronts

En raison d’une étude sur l’intersectionnalité, terme désignant « la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, de domination ou de discrimination », j’ai eu la chance d’interviewer Rita Roxane Tsayem Yemeli (R.T.), une jeune femme camerounaise, et Seynabou-Rose Samb (S.S.), une jeune femme métisse, afin qu’elles m’expriment leur vision face à la position, voire l’importance, des femmes de leur origine, en 2021.

XMB: Crois-tu que le terme « Intersectionnalité » peut être employé de nos jours ?

(R.T.) Oui, absolument! On n’arrivera pas à s’en débarrasser de sitôt, car l’humain est une race qui aime tellement être en pouvoir, qui aime dominer, qui aime contrôler. C’est inévitable. De nos jours, c’est flagrant ! Il y a des communautés qui se font discriminer notamment pour leur race, leur orientation sexuelle, leur origine, leur religion. C’est tellement omniprésent!

(S.S.) Je dirais qu’effectivement on peut employer ce terme-ci aujourd’hui, mais plus nécessairement envers juste les femmes noires. De nos jours, il y a tellement d’ethnicités au Québec que le terme peut s’appliquer à tous les cas. Il peut s’appliquer, par exemple, à des femmes portant leurs signes religieux, notamment le hijab, et qu’elles se font discriminer en raison de cela!

XMB: L’intersectionnalité t’empêche-t-elle de te battre ?

(R.T.) Non. Toutes femmes peuvent se battre désormais. Je crois que nous sommes rendues à un point où nous sommes conscientes des droits que nous méritons. Nous avons encaissé tant de coups que nous n’avons plus peur des réprimandes créées en utilisant notre voix, en criant tous les préjudices que l’on reçoit. Ce n’est plus comme avant où ouvrir sa bouche en étant une femme noire par rapport à quelque chose d’irrespectueux ou d’inadmissible crée un lot de conséquences. Aujourd’hui, nous avons moins peur de ces conséquences-là. Nous pouvons totalement nous battre.

(S.S.) Non, c’est vraiment la bataille de tous désormais, car nous sommes humains et nous sommes tous pareils. Un parfait exemple de ceci est la manifestation BLM à Montréal dans laquelle nous pouvions voir se battre côte à côte des gens de toutes ethnies. C’est important qu’hommes et femmes de toutes ethnicités se soutiennent!

XMB: Comment réagis-tu face aux batailles antiracisme ?

(R.T.) J’ai développé une indifférence face à toutes les atrocités envers ma communauté en raison de tout ce que j’ai vu et entendu. J’ai fini par refouler mes émotions, par former une barrière face à tout ce racisme et cette discrimination. C’est tout naturel! Quand tu perçois un malheur pendant si longtemps et que quoique tu fasses il n’y a rien qui change, tu finis par croire qu’il n’y aura jamais de fin. Néanmoins, la goutte de trop avec George Floyd a remis en vie mes émotions. Cela m’a remise dans une rage, dans une haine, dans une tristesse profonde. Franchement, je suis ravie de constater tout le progrès, toute la sensibilisation et toute l’ampleur que prend le Black Lives Matter. Je suis fière de voir des gens qui ne se sentaient pas nécessairement concernés auparavant, des communautés non noires, se battre désormais à nos côtés parce qu’ils réalisent qu’il y a un problème. Ils comprennent que c’est la bataille de tous, et non simplement la bataille des noirs.

« Nous avons encaissé tant de coups que nous n’avons plus peur des réprimandes créées en utilisant notre voix, en décriant tous les préjudices que l’on reçoit. »

Rita Roxane Tsayem Yemeli

Vivre sous une pression

XMB: En raison du privilège blanc, crois-tu que les femmes blanches soient moins malmenées que celles d’autres ethnies ? 

(R.T.) Pour moi, le privilège blanc c’est un laissez-passer dans plusieurs situations simplement parce que ta couleur de peau te protège de toutes les sous-entendus, de tous les stéréotypes. Il nous est déjà difficile de faire sa place en tant que femme dans ce monde d’hommes. C’est bien plus complexe d’accomplir tout ce qu’un homme peut accomplir. Ajoute à cela que tu proviens d’une ethnie différente! Cela complique davantage les choses. Présentons cela au niveau social, au niveau professionnel. Une femme qui se présente à une offre d’emploi avec son afro ou avec son hijab, etc., cela crée un frein. L’idée préconçue est « qu’est-ce qu’elle va apporter de plus qu’une femme blanche? » Ainsi, une femme blanche, si vénérée par notre société, présente ses papiers à une offre d’embauche, aucune question ne lui sera posée ; une femme non blanche s’y présente, des doutes se forment. Bref, ces dernières ont davantage de difficulté à trouver leur place dans le monde professionnel, dans le monde politique.

(S.S.) Oui, grandement ! Le privilège blanc existe assurément ! C’est une protection contre les préjugés que les gens pourraient avoir. Par exemple, quand tu marches dans la rue, les gens peuvent te regarder, te juger et même changer de côté de rue. J’ai entendu beaucoup de cas auprès de mes proches où ils marchaient dans la rue et ils étaient évités. Être blanc c’est vivre sans soupçons et sans la peur du regard des gens. L’inconnu effraie et crée des préjugés. Les femmes blanches sont ainsi mieux perçues.

XMB: Vis-tu avec une pression supplémentaire que les femmes blanches ne subissent pas ? 

(R.T.) Oui, cela affecte grandement mon style de vie! En étant une femme noire immigrée au Canada, c’est une situation difficile. Cette pression se base sur des attentes que la société a sur nous, et nous tentons de les satisfaire tout le temps. J’en ai de partout, principalement dans ma famille qui est restée dans mon pays natal. Quand on te place ici au Québec, où tu as accès à toutes les ressources, on attend de toi que tu changes le monde. C’est une pression constante d’insinuer qu’avec toutes ces ressources au bout de mes doigts, le succès m’attend. Pourquoi as-tu échoué ? Quelle est ton excuse ? L’échec n’est pas une option. Déménager ici à huit ans et ne pas me voir dans ce Nouveau Monde ni voir dans les médias ou en politique quelqu’un qui me ressemble, c’est un choc. Cela devient ainsi mon devoir de prouver à ma communauté que l’on est capable et que je suis capable.

(S.S.) Cela dépend des facettes de ma vie. Du côté de ma famille, c’est davantage la crainte du fait que je suis une femme. Cela se voit par des commentaires qu’ils expriment, principalement vis-à-vis mon style vestimentaire. Il y a également la crainte de me voir grandir dans ce monde d’hommes. Du côté social, je ne vis pas nécessairement de discrimination, à part pour quelques commentaires sur les femmes noires de temps à autre, dûs au fait que je suis métisse et que j’ai un accent québécois. C’est entre autres une certaine protection, un avantage.

« Être blanc c’est vivre sans soupçons et sans la peur du regard des gens. »

Seynabou-Rose Samb

Bref, la bataille pour l’égalité sociale des êtres humains, peu importe la race et le sexe (sans parler de l’orientation sexuelle, de la religion, etc.), est loin d’être achevée. Il est important de continuer à s’informer et de s’unir afin qu’un jour nous puissions réaliser ce rêve.

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