À la fin du mois de septembre 2021, j’apprenais avec joie que j’allais enfin avoir une excuse pour parler d’un groupe sur lequel j’avais trippé en 2020 : Brunnemer sortait un second album. J’étais comblé. Vous l’aurez compris, voici une présentation du groupe Brunnemer, de sa leader et fondatrice ainsi que de leurs deux albums pas piqués des vers.
Brunnemer, c’est un sextuor à l’intersection du jazz, du funk, du soul, du rock et j’en passe. Un mélange difficile à décrire, mais sans l’ombre d’un doute excellent ! A-t-on vraiment besoin de mettre une étiquette de style ?
C’est Sarah Michel-Brunnemer à la tête qui lance ce projet pendant un retour aux études en musique en assumant enfin le désir de faire de la musique sa vie. Elle commence en duo avec son guitariste à faire des petits concerts un peu partout et plus elle écrit et partage sa musique, plus le groupe grandit, jusqu’à se composition actuelle. Entourée d’excellents musiciens, elle met l’accent sur le travail de groupe.
« […] avec les nouveaux contacts que je me suis fait à l’école, là j’ai une équipe de rêve avec du monde qui font des bacs et des maîtrises en musique à l’université. Tsé du monde de calibre vraiment élevé ! »
Sarah Michel Brunnemer
Ce superbe potluck nous est donc proposé pour la première fois dans l’album Jazz is the new triste en mai 2020, en début de pandémie. Se plonger pour la première fois dans le son de Brunnemer, c’est découvrir un environnement que j’ose qualifier de rare. Plus accessible pour les non-initiés, qu’un album de jazz contemporain, mais tellement complet et complexe, les répétitions d’écoutes et d’analyses nous font découvrir des détails rythmiques et des progressions musicales qui ajoutent au travail recherché qu’est ce premier album.
C’est avec encore plus d’audace et de styles différents que le groupe sort *PAON*HYÈNE* le 24 septembre 2021. Une nouvelle fois, c’est un tour de force. Un album perfectionniste tout en étant encore plus éclectique que le premier, c’est une nouvelle fois les rythmes changeants et les incroyables riffs de basse qui nous entraîne qu’on le veuille ou non dans leur funk dansant. Leur travail est tout simplement riche et authentique, ce qu’on retrouve aussi en concert.
Le groupe lançait enfin ses deux albums à Montréal le 29 septembre 2021 au Quai des brumes et j’ai eu la chance d’y assister. En spectacle, Sarah et son groupe ne déçoivent pas, je dirais même qu’iels excèdent les attentes de beaucoup. Dans nos écouteurs, on aime, on danse, on groove avec la musique, mais devant le groupe accompli, on la vit avec eux. Le groupe a tout l’air d’une belle bande de joyeux lurons à se tortiller aux rythmes déchaînés tous en chœur. Tout le monde participe activement à la musique et transmet cette même énergie au public. Sarah est aussi magistrale à voir; c’est un véritable monument sur scène. Elle gesticule entièrement sa musique par tous les moyens qu’elle possède ce qui la rend plus dansante encore. Ses mouvements explosifs et surprenants viennent s’allier à un regard public intense et soutenu lorsqu’elle déclame ses paroles. En tant que leader, Sarah donne une grande place au groupe durant les pièces dans lesquelles s’enchaînent les solos de guitares, de clavier, de saxophones et de flûte. C’est ce magnifique alliage particulièrement bien équilibré qui fait de Brunnemer en live un groupe à voir!
Une vraie fête d’un bout à l’autre, Brunnemer mérite entièrement les éloges que je lui fais et si ça ne vous a pas convaincu, restez alerte pour leurs prochaines représentations et allez écouter toute leur discographie. Le groupe est présent sur Instagram et Facebook.
Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.
Avec la virtualisation des services depuis le début de la pandémie, nous avons observé des entreprises comme Amazon, Uber et les services de streaming prendre de l’ampleur et devenir, dans certains cas, des incontournables du confinement, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Si un réseau a réussi à se développer de façon similaire, c’est TikTok; l’application de création et de partage de vidéos. Ce phénomène international offrant un nouveau médium pour plusieurs disciplines, je désire bien évidemment mettre l’accent sur son impact dans le milieu de la musique émergente. Quoi de mieux pour ce faire que de présenter une musicienne montréalaise méconnue sur la scène locale, mais qui a su utiliser à bon escient la plateforme et se créer une véritable réputation surtout aux États-Unis : Stacey Ryan. Avec l’été qui approche, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec elle pour vous la présenter et ainsi vous permettre de tomber sur ses petites perles par un matin ensoleillé ou pendant une soirée au parc.
Stacey Ryan est une chanteuse multi-instrumentiste montréalaise qui commence la musique très jeune au piano et au chant. Elle poursuit au secondaire dans le programme de musique de l’école Cité-des-Jeunes et fait sa technique au Cégep de Saint-Laurent. Elle est actuellement à l’Université de Montréal en baccalauréat d’interprétation à la faculté de musique et produit de manière régulière des reprises et des créations originales sur Instagram, YouTube et TikTok. Autodidacte à la guitare et nouvellement à la basse, elle mélange les instruments à son piano et sa voix, variant les plaisirs auditifs.
Au début de l’été 2020, alors que les autorités confirment l’étrangeté de la saison dans laquelle nous nous engageons, Stacey décide d’accorder plus de temps à son compte TikTok et commence à publier plus régulièrement. L’ajout d’une nouvelle carte de son à son arsenal la pousse à découvrir ces nouvelles possibilités d’enregistrement, sans aucune attente. Une première vidéo prend de l’ampleur en juillet 2020, ironiquement alors qu’elle est réalisée un peu sur un coup de tête.
Stacey Ryan (S.R.) : « Il était trois heures du matin, j’étais dans ma garde-robe pis je chantais une toune sur du karaoké. Voir que toutes les autres vidéos que j’ai faites avec ma guitare,mon micro pis qui sonnent bien aient moins pogné. »
En effet, c’est un sujet important à aborder : TikTok, oui, mais quel rôle détient l’algorithme? Quoi en penser ? Stacey est partagée. D’une part, c’est une façon simple et accessible de se faire connaître, mais d’autre part, le travail effectué n’est pas mis en valeur ni même tout le temps considéré par l’application. Tout est principalement défini par les modes, souvent appelées trends.
S.R. : « C’est eux qui choisissent s’ils montrent ta vidéo ou pas. Tu peux travailler super fort pis ça pogne : tu as plein de vues, tu gagnes plein de followers. Mais des fois tu fais la même chose pis là : rien. »
C’est un succès qu’on peut qualifier d’aléatoire, mais la chanteuse tient quand même à préciser que plusieurs avenues se sont ouvertes à elle lorsque la popularité l’a touchée. Sur sa page Instagram et sa chaîne YouTube, entre autres, elle a pu se permettre de produire des vidéos plus longues de pièces complètes et surtout de pièces originales. Percer sur les deux plateformes précédemment nommées étant plus difficile, la notoriété de sa page TikTok, qui s’élève à plus de 400 000 abonnés en juin 2021, lui a permis de subsister sur ces plateformes et même de financer un peu la production grâce à YouTube.
Cependant, par-dessus tout, la musicienne parle avec vigueur des connaissances qu’elle a faites sur TikTok. C’est l’élément le plus important dont elle a bénéficié.
S.R. : « Au début, rencontrer du monde par Internet, je trouvais ça weird parce que je n’avais jamais fait ça, mais là sur TikTok, j’ai rencontré plein de bons amis », dit-elle en mettant l’accent sur le « bons ».
En musique, Stacey a tout pour plaire. Que ce soit au piano ou à la guitare, sa compréhension des pièces qu’elle interprète et son aisance dans les progressions harmoniques lui permettent de s’accompagner brillamment. Il faut savoir qu’elle nage dans le soul, le R&B, le jazz, le funk, le folk et j’en passe. Tous ces styles sont maîtrisés avec brio et son jeu instrumental s’agente toujours avec eux, mais surtout avec sa voix. Incroyable chanteuse, c’est ce qui m’abasourdi de la savoir si peu connue localement. C’est une musicienne de grand talent qui réussit à faire des prestations impressionnantes avec sa voix flottante, presque modelable au gré des pièces, et très versatile. Avec sa voix claire et précise au registre considérable, elle nous offre même des solos improvisés tout aussi intéressants et riches. Signez-là, quelqu’un !
Pour la suite, rien ne presse. Elle a plusieurs pièces originales d’écrites et aimerait certainement les enregistrer. Seulement, ça prend de l’équipement, du temps, de l’argent et la possibilité de pratiquer en groupe, ce que la pandémie rend difficile. Néanmoins, elle réfléchit à sortir un projet de reprises folk en lien avec une série de vidéos sur lesquelles elle travaille depuis quelque temps.
S.R. : « Je me suis dit : Pourquoi ne pas prendre les audios de mes vidéos folks, les mettre dans un EP pis les rendre accessibles en streaming? Here you go! On ne gagne rien à mettre notre musique sur Spotify, mais tout le monde me le demande. Tu les voulais? There it is. »
À suivre…
Est-ce qu’on aura répondu à tous les questionnements par rapport à TikTok ? Malheureusement, non. Est-ce qu’on peut considérer la plateforme comme une nouvelle façon légitime et notable pour faire valoir la musique émergente ? Je pense bien que oui. Les temps sont toujours durs pour les artistes, encore plus depuis un an, ne snobons donc pas une plateforme qui en regorge, tout en n’oubliant pas, malgré tout, ses limites. Je vous encourage donc vivement à suivre Stacey Ryan, ne serait-ce que pour vous réveiller et tomber sur une de ses rayonnantes vidéos qui annoncent une bonne journée. En espérant pouvoir apprécier bientôt son travail en personne dans un club de jazz à Montréal ou ailleurs, sait-on jamais.
Vous êtes musicien.nes, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.
La fin de session approche (peut-être êtes-vous déjà dedans). Dans tous les cas, j’écris encore sur de la nouvelle musique pour relaxer entre deux examens ou pour une session d’étude intensive. Tous deux sortis en mars 2021, les projets que je vous propose ont en commun le renouveau d’une identité artistique. J’ai donc eu l’opportunité de m’entretenir avec les principaux intéressés pour vous présenter Le grand héron d’Alexandre Duguay et Printemps de Filpo.
Photo : Malika Maïa et Jules Bédard / Courtoisie
Le grand héron – Alexandre Duguay
Né dans une famille de musiciens, Alexandre Duguay commence son parcours musical en piano et en chant classique, puis touche au jazz au secondaire et poursuit son exploration en s’inspirant de plusieurs genres, allant même plus récemment jusqu’au rap et au beatmaking. C’est en cherchant une nouvelle façon de présenter ses projets qu’il décide d’effectuer un travail complètement solo. Avec l’apprentissage autodidacte de la guitare et une période de nouvelles découvertes musicales plus proches du folk, c’est en partie pour se mettre au défi et découvrir tout ce dont il est capable qu’il se lance dans la création de Le grand héron.
Alexandre Duguay (A.D.) : « Ce projet-là, je l’ai enregistré moi-même dans mon salon, j’ai fait la guitare, le piano, la bass… tout ce qu’on entend! J’ai même fait le mix! »
Le grand héron, c’est un EP touchant. Je dis touchant, car c’est le premier effet que j’ai ressenti après l’écoute. Avec ses airs doux à la voix et ses harmonies recherchées, tantôt rafraichissantes, tantôt conflictuelles, il émane de chaque pièce une énergie qui crie l’émotion. Le mélange d’instruments qu’on entend à un moment ou un autre dans le EP crée chaque fois un nouveau son, une nouvelle couleur musicale et ça rend le tout encore plus agréable. C’est envouté par la guitare sèche caractéristique de tous ses morceaux qu’Alexandre Duguay nous fait traverser des textes empreints de poésie.
A.D. : « C’est un désir de créer pis de le faire entièrement en français avec un langage plus poétique, un peu vaporeux, rêveur. J’aime que les textes donnent l’espace à l’interprétation. »
La suite pour Alexandre : il n’y a rien de coulé dans le béton. Cette nouvelle identité musicale lui plait et il dit souhaiter conserver une certaine uniformité stylistique, mais le désir de recherche de nouveaux sons demeure toujours en lui. On peut peut-être s’attendre à des collaborations ou à encore plus d’instruments joués par une seule et même personne! Dans tous les cas, comme Alexandre le dit si adroitement, c’est un projet qui porte bien son nom, « à l’image du grand héron : patient, solitaire », mais j’ajouterais : « et majestueux ».
Printemps – Filpo
Créé un peu avant la pandémie, Filpo est le nouveau groupe du guitariste, chanteur et auteur-compositeur Paolo Philpot, anciennement à la tête de Cherry Chérie. Avec Gabriel L’Heureux à la basse, Gabriel Lapointe à la batterie et Paul Aubry aux claviers, le quatuor se lance dans le rock indie le plus total avec l’album Printemps. Le groupe, alors sans nom, entre en studio au début de l’année 2020 pour enregistrer certaines pièces et se construire une nouvelle identité sonore, mais l’arrivée de la Covid-19 vient changer la donne. Les concerts étant en temps normal leur principale source de revenu en tant que musiciens indépendants, Paolo et ses camarades doivent tout d’un coup retrouver une certaine stabilité autrement. Malgré tout, pour le projet Filpo, la pandémie aura mis en marche certaines choses.
Paolo Philpot (P.P.) : « La pandémie nous a permis de réfléchir à comment on allait présenter ça au public pis de prendre la décision de lancer un nouveau projet. »
En mars 2021, le groupe nous offre donc un album de 10 plages traversant un vaste tableau de couleurs et d’environnements. C’est ce qui fait tout le plaisir lors de l’écoute : l’évolution, le changement. En plus de caractériser l’album pour ses créateurs, ces thèmes s’entendent dans sa construction et dans la musique même. Chaque pièce suit son propre chemin, assurant ainsi une constante nouveauté durant la découverte de l’album.
P.P. : « Les thématiques de l’album, c’est beaucoup le renouveau, le changement. Ça parle d’amour : de là le titre Printemps. »
À travers les solos de Paul Aubry et les riffs de Gabriel L’Heureux, les textes de Paolo, agrémentés par le jeu puissant de Gabriel Lapointe, passent comme une flèche et nous font vivre ou revivre ses désirs d’émancipation, de revendication et de recherche de soi dans lesquels on se retrouve tous. Un rock aux synthétiseurs très 1970 à l’inspiration punk et à forte tendance 1990 : la recette du bonheur.
P.P. : « Les textes et leur écriture sont très importants pour moi. Je m’inspire beaucoup de jeunes poètes québécois, de la littérature. Je voulais vraiment inscrire le projet dans la tradition québécoise de la chanson. C’est un peu le pont entre le côté anglo-saxon du rock et les textes plus québécois, avec une dimension collective et sociale. »
Avec l’été qui vient, difficile de dire ce qui sera possible côté concerts, mais l’idéal pour Filpo serait d’avoir l’occasion de performer en spectacle avec son nouvel album et le présenter au public en direct. Sinon, ce sera du nouveau travail de studio. « Difficile de relancer la création quand on n’a pas eu la chance de jouer notre musique », explique l’auteur-compositeur. Pour l’instant, je ne peux que vous recommander d’aller écouter Printemps en masse et d’encourager ces excellents musiciens, en attendant de pouvoir apprécier le tout en personne.
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Toujours en recherche de nouveauté, je me suis tourné vers une musique aux couleurs du soul, du rap et de la pop pour le mois de mars. Sans le remarquer, deux thèmes semblent revenir dans mes trois découvertes : l’introspection et le ressentiment personnel. Projets que j’attendais, musiciens découverts récemment, voici trois artistes qui ont sorti de la nouvelle musique dans le dernier mois. Je vous présente donc Magi Merlin, Nomad et Meloire.
Magi Merlin – Drug Music
Excellente chanteuse à la voix particulièrement libre et malléable, Magi Merlin offre un EP qui, avec ses sons graves et lents, semblent pesants, lourds, comme si elle sortait un poids d’elle-même pour nous l’offrir en musique. Un univers sonore complet et complexe se crée autour des quatre plages du projet et nous entraîne dans cette écoute. À la croisée entre le néo-soul très présent et le RnB, j’entends également des couleurs du jazz et particulièrement du gospel dans ses harmonisations et dans ses choix d’instrumentation. Les pistes s’entremêlent et se superposent dans lesquelles sa voix est complémentée de chœurs et de fioritures chantées, le tout dans cette étagement musical dichotomique entre l’onirique et l’écrasant. Vraiment, un magnifique projet. Réalisé par un artiste dont j’ai déjà parlé, Funkywhat, c’est avec la même adresse que ses beats se mélangent à merveille aux chansons et à la voix de Magi. Évidemment, Magi Merlin ne se résume pas à cet EP. C’est pourquoi, pour découvrir cette artiste, je vous recommande aussi tous ses singles sortis auparavant et son autre EP On My Way to the Listening Party qui sont tous aussi réussis. Personnellement, j’ai un faible pour sa chanson Sit with your friends. En somme, une artiste à garder à l’œil et si je ne vous ai pas convaincu, l’écoute de Drug Music le fera à ma place.
Nomad – Zéro
Musicien dont je suivais déjà le travail et album que j’attendais, vous l’avez peut-être entendu avec Kirouac et Kodakludo sur FEU de leur album AMOS, ou avec l’artiste et beatmaker Abadie, Nomad est un rappeur prometteur qui a sorti son premier projet solo le 26 mars 2021. Dans un message partagé sur sa page Instagram, il nous fait comprendre que ce n’est pas le EP qu’il voulait sortir, mais celui qu’il devait sortir, avec des pièces qui lui ressemblent plus et qui sont témoins de sa vie. C’est tout à son honneur puisqu’on le ressent très bien dans sa musique et particulièrement dans ses textes. Plusieurs peuvent certainement être rejoints par son écriture qui semble même évoluer durant le EP. Passant d’un message plus difficile, représentatif d’un moment précis au début du projet, et allant jusqu’à Bad Vibes, la dernière pièce, dans laquelle on écoute une certaine acceptation, comme une arrivée à une nouvelle étape. En musique, c’est une production minutieuse et un rap souvent chanté qui me fait penser aux couleurs franco-européennes. Toujours une belle évolution dans l’instrumentation et dans les beats, on écoute des environnements sonores différents et variés qui fonctionnent très bien avec le propos. Nomad réussit vraiment à nous faire voyager avec lui dans ses textes et sa musique. À écouter d’un trait pour bien en profiter.
Meloire – Les enfants seuls
Je voulais terminer par vous présenter rapidement Meloire, un jeune artiste dont nous avons eu la chance d’entendre le premier projet au printemps passé avec le single Mouth Closed. Le 12 mars 2021 sortait son troisième single Les enfants seuls et je trouvais important de le présenter, aussi simplement faut-il, car il mérite d’être surveillé. Jouant sur la frontière entre la musique électronique et le chant avec ce qui pourrait s’apparenter au rap, Meloire présente des pièces chantées par-dessus une instrumetation électronique complètement faite maison. Je mets l’emphase sur sa production, soignée et particulièrement bien mixée, puisque ça le fait réellement briller. Texte particulièrement frappant, Les enfants seuls présente la réalité d’un jeune artiste se cherchant à l’aube de l’âge adulte. Une réalité partagée par plusieurs jeunes, surtout en ce moment, tous confinés, tous seuls. En conclusion, de beaux textes, une construction de l’instrumentation recherchée et une utilisation personnelle de la voix. J’ai très hâte de voir son développement futur.
Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.
Février 2021 fut un mois de deuil pour la grande communauté du jazz à l’international en predant trois musiciens qui ont marqué les esprits. Les décès du saxophoniste Howard Johnson, du batteur Milford Graves et finalement du pianiste Chick Corea furent tout aussi attristants que fulgurants dans le cas de Chick. C’est sur ce dernier que portera cet article de recommandations musicales, Sans aucun doute l’un des pianistes les plus influents de son époque, je vous propose de découvrir en musique ce jazzman légendaire.
Un peu d’histoire
Amateurs de jazz, soyez indulgents. Ce n’est pas un tâche aisée que de résumer la carrière d’un monument en quelques centaines de mots, mais je me lance!
Chick Corea naît le 12 juin 1941 à Chelsea, dans le Massachussetts. Très jeune, son père trompettiste lui apprend le piano classique, étant d’ailleurs sa formation de base comme presque tous les musiciens de jazz de l’époque. En parallèle du piano, il apprend aussi la batterie, qui demeure encore aujourd’hui l’un de ses talents cachés. Chick est accepté dans les prestigieuses écoles de la Columbia University puis Julliard, mais quitte rapidement; c’est en jazz qu’il veut faire carrière. Dans ses débuts, on le voit jouer avec Cab Calloway, Blue Mitchell, et plusieurs spécialistes de la musique latine, élément qui deviendra central dans son style. Déjà reconnu pour son jeu, son premier album paraît en 1968 avec pour titre Tones for Joan’s bones.
Après cela, tout s’enchaîne. Il performe avec le saxophoniste Stan Getz et le trompettiste Miles Davis, une collaboration qui deviendra tournante dans son parcours alors qu’il deviendra membre du fameux quintette, et il enchaîne les sorties d’albums. Novateur, Chick Corea arrive pile au bon moment pour participer aux débuts du jazz fusion en participant entre autres au mythique Bitche’s Brew et est considéré comme un des fondateurs du jazz rock. Dans cete montée en 1971 le groupe Return to Forever qui sera un ensemble phare du mouvement fusion en alliant jazz latin que Chick chérit toujours. Sans cesse en création, le Chick Corea Elektric Band sort son premier album éponyme en 1986 dans lequel Corea explore encore plus les couleurs du synthétiseur, de la basse et de la guitare électrique en continuité avec le son qu’il avait commencé à créer avec Return to Forever. S’ensuit l’album Chick Correa Akoustic Band en 1989 avec le même batteur et bassiste que dans l’Elektric Band. On le voit alors revenie tranquillement à un jazz lus traditionnel dans la formation de ses ensembles et le son de ses albums sans jamais vraiment oublier son style.
Il participe à des dizaines de projets musicaux en plus des siens, notons entre autres les collaborations avec le vibraphoniste Gary Burton, le pianiste Herbie Hancock et le chanteur Bobby Mcferrin. Le 9 février 2021, le pianiste s’éteint, attaqué d’un cancer violent détecté tardivement. Une belle carrière aux multiples couleurs, aux multiples collaborations et aux multiples récompenses (il recevra 23 Grammys au total), Chick Corea ne cessa jamais d’impressionner, d’innover et surtout de jouer.
Dans le but de vous faire connaître le musicien et de vous inciter à écouter un peu de jazz, j’ai sélectionné cinq albums de sa discographie qui m’ont particulièrement marqué. Certains très connus, d’autres moins, j’ai essayé de trouver de la musique éclectique et variée qui sauront, je l’espère, plaire au plus grand nombre. Voici donc le pianiste Chick Corea.
Now He Sings, Now He Sobs (1968)
Afin que vous puissiez écouter un musicien en évolution, j’ai décidé de construire ma liste en ordre chronologique. Ainsi, si l’envie vous prend, vous pourrez écouter Chick Corea à différents moments de sa carrière. Je choisis de commencer par son deuxième album : Now He Sings, Now He Sobs. Sans le cacher, il faut dire que pour un non-initié, cet album peut paraître quelque peu ardu par moments, mais il en vaut complètement la peine. En trio avec Roy Haynes à la batterie et Miroslav Vitouš à la contrebasse, Chick est encore dans une volonté de découvrir, de rechercher et de se prouver. Je recommande la réédition de 2002 en CD dans laquelle sont ajoutés plusieurs enregistrements supplémentaires. Dans ces compositions presque toutes originales, le pianiste enchaîne les solos ininterrompus et les longs échanges musicaux avec ses collègues en reprenant un rythme de batterie ou une ligne de contrebasse. Malgré un jazz très moderne aux couleurs et aux rythmes libres et déjantées, on retrouve du post-bop très présent autant que du latin dans Bossa et un peu dans Samba Mantra de même que de l’exploration sonore dans The Law of Falling And Catching Up qui s’apparente au free jazz. Un musicien jeune et imaginatif, particulièrement inspiré et inspirant.
Crystal Silence (1972)
Collaboration mémorable qui deviendra représentative de la carrière des deux artistes, cet album de duo fait collaborer Chick Corea avec le vibraphoniste Gary Burton sur huit pièces dont cinq compositions originales. Un choix de pièces au tempo plutôt lent permet aux deux musiciens de développer des idées musicales sans se presser. Burton se mêle parfaitement au style latin de Corea pour allier swing et inspirations sud-américaines ou espagnoles. Toujours dans la découverte, les solos s’entremêlent, se juxtaposent et s’échangent du vocabulaire dans cet environnement souvent calme et facile d’écoute. Le duo se retrouvera pour offrir de nouveaux albums et concerts. Un jazz relaxant et magnifique, une collaboration à écouter lors d’une soirée froide ou pour le plaisir de s’immerger dans leur univers musical.
Light As A Feather (1973)
Deuxième album de la formation Return to Forever créée par Chick un an plus tôt, l’album ne se fit pas attendre et reçut une réception aussi encourageante que la première. Sans doute la porte d’entrée pour plusieurs au jazz fusion et à la musique de Chick Corea, l’album et le groupe sont devenus mythiques. J’aurais pu parler du premier album du groupe (que je recommande évidemment), mais ce second, même s’il parait seulement un an plus tard, me semble encore plus accompli, comme la suite logique au premier. La formation de Chick Corea au piano électrique, Flora Plurim au chant, Airto Moreira aux percussions latines et à la batterie, Stanley Clarke à la basse et Joe Farell à la flute traversière et aux saxophones reprend le son sud-américain mêlé au fusion débuté dans le premier album et l’emmène vers des couleurs encore plus rock, annonçant la suite des travaux du pianiste. Des thèmes dansants aux harmonisations plus poussées par l’incorporation de la chanteuse qui se fait beaucoup plus présente transforme l’album en une véritable fête. De cet œuvre sortent des classiques comme Spain, You’re Everything ou Light as a Feather. Encore une fois je vous recommande la version 2 CD de 1998 dans laquelle vous aurez les enregistrements alternatifs ainsi que de nouvelles pièces que vous reconnaitrez peut-être de Crystal Silence.
The Chick Corea Elektric Band (1986)
Nouvelle formation, nouveau son, ce groupe nous projette dans une musique complètement différente: le jazz-rock. Il est formé de Scott Henderson et Carlos Rios à la guitare électrique, Chick Corea sur différents claviers ainsi que sur son Keytar caractéristique, John Patitucci à la basse électrique et Dave Weckl à la batterie. Les deux derniers étant aussi les membres d’un prochain trio, le Chick Corea Akoustic Band. Avec des ambiances à la croisée entre le pop-funk des années 1980 et le rock progressif, leur jazz-rock est reconnaissable entre autres par le jeu de Weckl, une batterie puissante et omniprésente sur toutes les pistes en plus d’une basse solide et créative. Dans son genre, cet album a tout pour lui. Il représente à merveille le jazz rock et aucune pièce ne mérite d’être ignorée, mais il me faut parler de Got a Match? Probablement la pièce la plus connue et appréciée de l’album et même du groupe, elle est plus proche de la tradition ce qui offrait sans doute du repos aux oreilles des puristes. Elle reste néanmoins une pièce dansante, au solo déjanté du Keytar et une performance incroyable de Patitucci. Si l’album et la pièce en question vous plait, je vous recommande vivement le concert enregistré au Festival International de Jazz de Bern la même année (1986) pour encore plus de plaisir avec des versions de 15 minutes et plus!
Further Exploration (2012)
Je termine avec un album plus récent qui m’a vraiment fait découvrir un nouveau Chick Corea. Enregistré devant un public au Blue Note en 2010, l’album se veut un hommage musical à un grand, si ce n’est le plus grand, pianiste de l’histoire: Bill Evans. Qui de mieux pour accompagner Chick que les deux membres des trios originaux d’Evans: Eddy Gomez à la contrebasse et Paul Mortian à la batterie. En plus de revisiter le répertoire, chaque musicien contribue avec du matériel personnel. On entend entre autres une autre composition originale de Chick Corea intitulée Bill Evans ainsi qu’une pièce d’Evans encore jamais jouée devant public: Son No.1. Le génie de Chick derrière l’album est de réussir à rendre hommage sans simplement imiter le pianiste. Il crée collaborativement à la manière du génie d’Evans tout en conservant son originalité. donnant une toute autre touche aux pièces. Si vous conaissez la musique d’Evans, vous serez en terrain connu en entendant les échanges et entremêlements des improvisateurs, sinon, vous en serez tout autant émerveillés. Un véritable tour de force et un magnifique honneur rendu à Bill Evans.
C’était donc cinq albums du regretté pianiste Chick Corea. En espérant vous avoir fait découvrir un pianiste ou même un style si le jazz n’était pas votre tasse de thé. Je vous souhaite évidemment d’avoir apprécié. Si c’est le cas, jetez un coup d’œil à ses albums Trilogy ou encore à sa collaboration avec Bobby Mcferrin, ça vaut toujours la peine. Dans tous les cas, il est certain que cet oldcat ne sera pas oublié et sa musique, jouée encore longtemps.
Si le temps des fêtes ne fut pas des plus agréables, j’ai eu l’opportunité de découvrir deux artistes qui, en novembre dernier, ont sorti leur premier EP, qui m’a gardé au chaud pendant ces semaines éloignées de tous. J’ai eu le privilège de parler avec ce duo de créateurs afin de vous présenter de fond en comble, NKUSI et Funkywhat ainsi que leur sortie récente : FWNK.
Dans le petit monde du beat-making au Québec, c’est grâce à des cercles d’amis en commun que les producteurs entrent en contact pour une première fois par les réseaux sociaux. D’ailleurs, Mori$$ Regal, qui est le MC de la dernière pièce du EP, est en grande partie responsable de cette rencontre fortuite. C’est malgré tout sans s’être rencontrés en personne qu’ils apprennent à se connaître par la musique en écoutant le travail de l’un et l’autre.
« C’est comme une blind date! »
NKUSI
Ils réalisent rapidement qu’ils aiment le même genre d’univers musical et sonore, pourtant, l’idée d’un projet commun n’est pas aussi présente que celle du plaisir de faire de la musique ensemble.
Ce sont certainement les mots qui me sont venus à l’esprit quand j’ai voulu qualifier leur projet : sincérité et personnalité. C’est un travail dans lequel la musique est personnifiée par ses créateurs et dans lequel on entend réellement les artistes derrière la musique dans ce qu’il y a de plus simple et honnête. C’est tout à leur honneur, car eux-mêmes s’entendent sur un troisième mot lorsque j’en ai discuté avec eux : organique.
« C’est propre à nous, à nos couleurs et c’est pas forcé. On n’a pas forcé les featurings, les sessions, les délais, tout s’est fait organiquement. »
NKUSI
« Il [le EP] était supposé sortir vraiment plus tôt, mais chaque fois quelque chose nous gossait, donc on prenait le temps. »
Funkywhat
Réalisé en deux sessions dans la plus grande spontanéité, FWNK vous fera voyager dans les mondes musicaux du hip-hop old-school, du soul, du jazz et plus encore, le tout enrobé d’une couleur unique et de beats aux rythmes décalés et planants. Tel que mentionné brièvement plus haut, on retrouve dans cet EP la participation du rappeur Mori$$ Regal que je vous recommande de découvrir, évidemment. L’autre collaboration est avec la chanteuse Kaya Hoax, qui est elle aussi sérieusement à surveiller ; elle fait un travail extraordinaire.
« Le beat avec Regal, c’était juste obvious, ça prenait un rappeur et tout ce qu’on disait comme le soul, le funk, le jazz, c’est son truc! Kaya Hoax, c’est une de mes amies qui vient de commencer la musique et j’y ai montré le beat qu’on avait fait, elle l’a amené chez elle et quand elle est revenue, elle avait la tune au complet toute écrite. »
Funkywhat
Le duo ne prévoit pas de gros projets à l’avance, mais il est convaincu que ce n’est pas une collaboration unique, pour le plus grand bonheur de nos oreilles.
« On va garder ça dans la même ligne d’idée que le projet et ce qui nous vient en tête sans forcer, on va le faire. »
NKUSI
Encore une fois, la sincérité envers eux-mêmes et leur création exprime très bien la personnalité du EP FWNK ainsi que de ses beatmakersNKUSI et Funkywhat. En espérant que cette même sincérité vous encouragera à les découvrir.
Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.
La première neige est arrivée, le soleil se couche en après-midi, le froid s’est installé et semble vouloir rester quelques temps ; l’hiver est à nos portes et quoi de mieux pour se réchauffer que d’écouter quelques artistes émergents? Je vous présente ici deux découvertes du mois de novembre : Calamine et Nic Boulay.
Boulette Proof – Calamine
Amateurs de rap québécois, si vous êtes passés à côté de Calamine dans les deux dernières années, premièrement, où étiez-vous ? Deuxièmement, laissez-moi vous la présenter. Rappeuse féministe, queer, du « ‘Chlag » et anticapitaliste, elle apporte des textes engagés tout en finesse. Elle veut dire les « vraies affaires » par rapport à l’environnement dans lequel elle évolue, c’est-à-dire le rap québécois. Alerte de divulgâcheur : elle réussit à les dire avec brio. En 2019, elle sort un EP Session du 1420 qui nous met en plein dans son univers musical. Il est suivi de quelques singles toujours aussi agréables jusqu’à la sortie de son premier album le 13 novembre dernier : Boulette Proof. Avec son producteur et beatmaker Kèthe Magané, elle crée un album très montréalais, même hochelagais, particulièrement relaxe qui peut faire penser au hip-hop de la côte ouest avec un côté jazzy que le saxophone très présent vient renforcer. Ce qui rend Boulette Proof incroyable, c’est le travail de Calamine pour faire plus qu’un album engagé. En supplément à son message dans ses textes, son flow et son instrumentation rendent les pièces toutes aussi décontractées et faciles d’écoute les unes que les autres et permettent de transmettre encore mieux les propos de l’artiste. Dans tous les cas, il est évident que Calamine fait partie des femmes qui viennent ébranler la scène du rap au Québec afin d’apporter le changement nécessaire dans ce « boys club » comme elle en parle si bien dans Mona Lise.
Pour suivre Calamine sur Instagram : @calamine_mtl Vous pouvez écouter Boulettes Proof sur toutes les plateformes.
Voisinage – Nic Boulay
Nic Boulay est un jeune trompettiste de jazz diplômé de l’Université McGill. On a pu l’entendre sans le savoir, entre autres, avec les Cowboys Fringants, Les Louanges et Pierre Lapointe. En plus de travailler comme pigiste, il termine son grand projet, un EP du nom de Voisinage. En voulant s’éloigner du jazz puriste, Nic Boulay réalise un album proche du hip-hop et du jazz fusion. L’album étant réalisé avec la participation d’autres musiciens rap ou jazz, c’est vraiment un voisinage qui participe. Les quatre pièces de l’album aux couleurs différentes explorent plusieurs avenues dans lesquelles les racines du jazz peuvent s’incruster. Pour donner une référence, j’entends un peu le groupe The RH Factor du trompettiste Roy Hargove ou encore l’album The Low End Theory de A Tribe Called Quest. En mêlant habilement une instrumentation électronique et réelle et en ajoutant son jeu de trompette détendu, on obtient une formule gagnante, quelque chose de parfait pour les soirées froides. Roy Hargrove disait justement que le jazz et le hip-hop étaient faits pour être ensemble et avec Voisinage, Nic Boulay nous le confirme brillamment.
Pour suivre Nic Boulay sur Instagram : @nicboulz Vous pouvez écouter Voisinagesur toutes les plateformes.
Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.
Pochette du single «Russian Dream» d’Isotope Photo : Guillaume Giard
Le 7 octobre passé sortait Russian Dream, le premier single d’Isotope. C’est quoi Russian Dream ? C’est d’abord et avant tout dansant. C’est un rythme entraînant et une instrumentation pleine de couleurs, tout ce qu’il fallait pour m’inspirer à en faire un article.
Isotope, collectif de Hull, quatre gars de 17 ans qui décident de jouer de la musique ensemble. Ils partent avec un projet, des idées et ils créent. Ce qu’on écoute dans Russian Dream c’est une production minutieuse, un univers sonore très personnel avec une basse présente, un solo de guitare, plusieurs segments aux caractères variés, mais c’est surtout fait maison de A à Z et c’est ce qui moule leur travail.
Qui de mieux pour parler du collectif que les gars en question ? J’ai eu la chance de poser des questions au groupe, voici donc Isotope.
Isotope c’est quoi ? Présentez-vous en quelques mots.
Isotope : « Isotope, c’est un groupe composé de lb66, Max Malaxe, Raf et D’homme, quatre gars qui trippent un peu trop sur la musique. On s’est rencontrés au secondaire puis on a commencé à faire de la musique ensemble cet été dans le sous-sol de Raf. À force d’en faire et d’avoir du gros fun sale, le sous-sol est devenu un studio et on est devenus Isotope. »
Vous êtes 4, comment travaillez-vous comme collectif ?
Iso. : « Léo, alias lb66, est notre ingénieur du son, c’est lui qui maitrise le mieux le logiciel sur lequel on produit nos chansons. Lui et Raf, un virtuose de la guitare et de la basse, sont les beatmakers du groupe. D’homme et Max sont les MCs. En fusionnant nos quatre méthodes différentes, mais complémentaires, d’approcher la musique, on réussit toujours à finir avec un résultat qui fait l’unanimité. »
Qu’est-ce qui vous a amenés vers la musique ?
D’homme : « Comme tous les membres d’Isotope, j’ai toujours adoré la musique. Je joue de la guitare et j’écris depuis que je suis adolescent, mais j’ai commencé à enregistrer mes créations aux côtés de lb66 il y a un peu plus d’un an. Grâce à lui j’ai appris à faire mes propres beats et à prendre mon titre de rappeur plus sérieusement. »
Raf : « Mon intérêt pour la musique a débuté il y a environ 3 ans. J’avais des cours de guitare au secondaire et je n’aimais vraiment pas ça. Je n’aimais pas le côté « encadré » qu’il nous enseignait et puis une année, j’ai eu un prof qui a tout changé ma perception de la musique. Il m’enseignait de manière à pouvoir créer et jouer des harmonies. C’est à ce moment que j’ai sérieusement débuté la guitare et plus tard la basse. Ce qui me passionne le plus dans la musique c’est quand ça groove, tu sais ? Le « hoomff » qui te fait danser de la tête aux pieds. C’est l’une des meilleures sensations quand on est tous devant l’ordi et qu’on écoute nos chansons, on danse puis on saute ! »
lb66 : « Vers l’âge de 14 ans, je suis tombé sur une des vidéos de producteurs qui montraient comment ils faisaient leurs beats. Ayant toujours eu une passion pour la musique, je me suis dit que je devais essayer de faire mes propres morceaux. Je suis tombé en amour avec la production depuis.
Max : « Je crois que si j’avais à trouver la cause principale de cette passion c’est très cave, mais c’est quand j’ai commencé à essayer de faire la plus grosse playlist Spotify possible. Cette quête me poussait à découvrir de la musique et après avoir passé beaucoup de temps à en écouter, j’ai développé mes goûts. Puis Raf m’a introduit à enregistrer des compositions et montrer que le que c’était possible. Les premiers résultats étaient très moyens, mais c’était mieux que ce que je pensais pouvoir faire. Depuis, je vois une forme de progrès à chaque nouvelle chanson. »
Quel est le meilleur album jamais fait d’après vous ?
D’homme : « Aucun album n’est objectivement le meilleur, mais Some Rap Songs de Earl Sweatshirt est sûrement mon préféré. Sinon, Dark Side of the Moon de Pink Floyd, Madvillainy de Madvillain et An Awesome Wave de Alt-J sont également des projets impeccables à mes yeux. »
Raf : « Une question très difficile à répondre haha ! Je dirais Oracolo de Skinshape. C’est un des albums qui m’a le plus inspiré dans mon évolution musicale due à la manière dont il arrive à faire voyager son auditeur. »
lb66 : « C’est une question très difficile, mais je vais essayer d’énumérer les albums que j’ai le plus appréciés. Je dois nommer Icedancer et Red Light de Bladee. Ensuite, l’album e de Ecco2K contient de la musique qui est unique au max. Ce son différent m’a grandement inspiré en tant que musicien. »
Max : « Cette question me hante depuis toujours, car je suis incapable de donner une réponse. Je vais essayer d’en dire le moins possible, mais sachez que j’en passe beaucoup. Ready to Die de Notorious Big est un des albums que j’ai le plus écoutés au début de mon secondaire. Sinon il y a Wish You Were Here de Pink Floyd, Strange Days de The Doors, tous les albums d’Harmonium (ils sont tous excellents), Exmilitary de Death Grips, High Visceral Pt. 1 de Psychedelic Porn Crumpets, et j’en passe beaucoup. »
Qui est ou sont vos idoles au Québec en musique ?
D’homme : « Vincent Roberge, alias Les Louanges, est un artiste qui m’inspire énormément. Sa musique originale, travaillée et accessible prouve qu’il a un avenir très prometteur. »
Raf : « Mes idoles actuelles sont le groupe Choses Sauvages. Un groupe juste fou ! Ils ont tout pour appeler ça un groove interstellaire. Ils sont pour moi une énorme source d’inspiration au niveau de la couleur qu’ils donnent à leurs chansons. »
lb66 : « Pour être honnête, j’écoute très peu d’artistes québécois par contre si je devais nommer une inspiration je dois je me dois de nommer Kaytranada. Sa musique de style électronique et danse m’a grandement influencé, spécialement lorsque je travaille avec isotope. Sinon, allez écouter Meat Computer, artiste de Montréal qui fait des vagues dans le underground Soundcloud. »
Max : « Je change d’idole très régulièrement et autant que je voudrais dire Serge Fiori ou Jean Leloup et j’irais pour Biz de Loco Locass. La combinaison de tous les facteurs dans lesquels il excelle est surhumaine à mes yeux. Je dirais qu’il m’inspire dans le sens que j’essaye toujours d’atteindre son niveau et une des causes pour lesquelles j’ai commencé à m’intéresser à l’écriture. »
Visez-vous une uniformité de style dans votre musique ou la porte est ouverte à d’autres genres ?
Iso. : « C’est sûr que le hip-hop est le style qui influence le plus notre art, mais chaque membre du groupe a des goûts musicaux relativement différents. Tout en y mettant notre touche personnelle, on risque de toucher à une multitude de genres sans se limiter en termes d’expérimentation. »
Le journaliste gratte des infos en primeur… Avez-vous des projets plus imposants à venir, une date ?
Iso. : « En ce moment, on se concentre strictement sur la création de singles qui vont sortir dès que possible. On ne peut pas vraiment donner de date, mais restez à l’affût ça s’en vient ! Puis, c’est clair qu’on veut éventuellement sortir des projets, mais d’ici là on a bien des choses à vous montrer. »
Pour finir, où est-ce qu’on vous suit, qu’on vous écoute ?
Iso. : « @isotope.musique sur Instagram et simplement Isotope sur Spotify, Apple Music, etc.
Suivez aussi notre chaîne YouTube sur laquelle le vidéoclip de Russian Dream est présentement disponible. Finalement, vous pouvez suivre les membres du groupe sur Instagram : @lb66music, @max_malaxe, @rafavec_un_f et @_d.homme. »
Je conclus en vous répétant d’aller sans tarder écouter le travail d’Isotope et de les surveiller si vous accrochez, ils pourraient de nouveau nous offrir des petits bijoux comme celui-ci.
Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.