Depuis le mois de février, le ministère de l’Enseignement Supérieur a permis le retour en classe d’un plus grand nombre de collégiens. Voici des courts témoignages d’étudiant.es du Vieux sur leur retour en présentiel.
Hubert Boudreau-Pineault, technique en audiovisuel
Photo : Élora Boulard / L’Exilé
« Je suis content d’être de retour en présentiel, sinon je pense que j’aurais pris une petite pause. […] Je trouve la charge de travail plus intense qu’avant la pandémie, c’est plus compliqué à la maison. […] Je pense qu’on ne va pas tous apprendre ce que nous sommes censés apprendre. »
Justine Laprise : technique de design de présentation
Photo : Élora Boulard / L’Exilé
« D’être complètement en présence, c’est quand même difficile, en plus je travaille la fin de semaine, alors le port du masque est 7 jours sur 7. […] La fatigue émotionnelle est plus rapidement là. »
Mireille Robinel, technique de design de présentation
Photo : Élora Boulard / L’Exilé
« Ils [les professeurs] agissent comme si nous ne sommes plus en période de Covid. […] On nous en demande beaucoup. Je n’ai plus de temps pour moi, je rentre du cégep, je vais au travail. […] Les profs ont tendance à oublier qu’il y a une situation économique qui vient avec le Covid […] La session passée c’était magique, j’étais plus concentrée, j’avais plus de temps pour travailler, j’étais chez moi. »
Thomas Bergeron, technique en audiovisuel
Photo : Élora Boualrd / L’Exilé
« C’est beaucoup plus grand [la charge de travail], pas les cours de technique nécessairement, mais les cours de base ont un gros impact. »
« Tout le monde s’ennuie de l’atmosphère du Vieux. L’hiver c’est plus tough, tu ne peux pas sortir dehors, en première année et deuxième année, tu t’en vas sur la butte derrière le cégep et c’est le fun, c’est sûr que tout le monde s’ennuie de ça. »
Catherine Rochon, technique de design de présentation
Photo : Élora Boulard / L’Exilé
« Honnêtement, je trouve ça pas si pire, je m’attendais à pire, je pensais que l’on serait plus restreint. Les profs rendent ça assez facile, la manière dont c’est organisé est assez facile, mais j’aimerais qu’il y ait plus de cours à l’école. »
Émile de Vasconcelos-Taillefer et Gabrielle Boudreau, étudiants de première année à l’EDCM. Photo : Élora Boulard / L’Exilé
Au Cégep du Vieux Montréal (CVM), on retrouve deux techniques formant les danseurs de demain : Danse – interprétation contemporaine, affiliée avec l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM), et Danse – interprétation classique en partenariat avec l’École Supérieure de Ballet du Québec. Étudiante dans le programme en contemporain, je voulais mettre la lumière sur le quotidien que vivent mes camarades de première année, ainsi que sur la formation en général.
Fondée en 1981 par Linda Rabin et Candace Loubert, l’École de danse contemporaine de Montréal a pour objectif de former des interprètes en danse contemporaine. Située depuis 2017 dans l’édifice Wilder à côté de la Place des Arts, elle est associée avec le CVM afin de premettre aux étudiants d’avoir une formation collégiale complète sous forme de technique en trois ans. Les cours du tronc commun (philosophie, français et anglais) viennent s’ajouter aux cours spécifiques du programme en danse pour ceux qui prennent le cursus avec le cégep. En effet, certains danseurs ayant, par exemple, déjà complété un DEC ou d’autres études auparavant recevront leurs crédits pour les cours. Ce ne sont donc pas tous les étudiants de l’École de danse contemporaine qui sont inscrits au CVM.
Dans la peau d’un danseur de première année… en pandémie
Après un processus comportant deux auditions, la cohorte de première année se constitue normalement d’environ 25 étudiants du Québec, d’autres provinces du Canada, mais aussi de l’international. Cependant, par les temps qui courent, les danseurs provenant de l’extérieur du pays n’ont pas pu se joindre et d’autres étant entrés en septembre ont préféré quitter le programme à cause du climat pandémique. La cuvée 2020-2023 est donc maintenant constituée de 11 personnes.
Au programme, du lundi au vendredi, trois cours d’une heure trente minutes ayant une pause d’une demi-heure entre chaque classe, le matin, en présentiel à l’EDCM. Ils commencent à 8h et finissent à 13h30. On débute en barre pour danseurs contemporains ou en entraînement connexe, suivi d’une classe de technique contemporaine et d’un cours de recherche créative, de composition chorégraphique ou d’interprétation. L’après-midi, vers 15h, les cours principalement théoriques sont donnés en virtuel, soit les classes spécifiques au programme (danse et société, anatomie pour la danse, éléments de composition, etc.), soit les cours du tronc commun ou bien des cours universitaires pour ceux quicontinuenet d’autres études en même temps. C’est un énorme changement à l’horaire habituel sans COVID-19 qui permet de plus longs cours, et ce, toujours en présentiel…
En raison de la pandémie, les studios ont été aménagés pour permettre la distanciation physique : des carrés au sol délimitent un espace individuel pour danser et les masques sont obligatoires depuis la rentrée et sont fournis par l’école. C’est également une contrainte pour les chorégraphies faites notamment dans le cours d’interprétation, car les déplacements entre les carrés peuvent uniquement se faire sans mettre les mains au sol.
Capacités physiques et mentales
Albert Einstein disait : « Les danseurs sont les athlètes de Dieu. » En effet, la danse est bien un sport, même si quelques-uns n’en sont pas convaincus. La danse contemporaine, comme plusieurs autres styles, demande d’importants efforts physiques. Un mélange de force musculaire et de mobilité doit être bien maîtrisé. C’est un long processus qui doit se faire notamment avec des exercices de renforcement individuel à l’intérieur ou à l’extérieur des cours. Un réchauffement avant le premier cours est notamment primordial afin de préparer le corps. Une salle d’entraînement et un physiothérapeute ou un ostéopathe sont disponibles une journée durant la semaine. Un travailleur social est également à la disposition des élèves. À l’EDCM, on apprend aux danseurs à devenir autonomes sur ces aspects importants. Les élèves étudient notamment plusieurs techniques de préparation du corps comme la technique Pilates ou le Feldenkrais et sont initiés aux différentes techniques de danse contemporaine dont les professeurs s’inspirent pour monter leurs cours.
Aussi, l’École de danse contemporaine de Montréal permet de développer un sens artistique aux danseurs en devenir. Durant les trois années de formation, sans oublier le camp d’été de trois semaines au mois d’août, le danseur cherche à se connaître davantage en tant qu’artiste, mais aussi en tant que personne. Écoute attentive du corps, improvisation et création sont au programme. On retrouve aussi une médiathèque qui regroupe un grand répertoire de vidéos de danse qui sont disponibles pour les étudiants.
Performance
L’EDCM permet aux étudiants de collaborer avec des chorégraphes reconnus de la scène québécoise et internationale, notamment Marie Chouinard, Virginie Brunelle, Frédéric Gravel, Hélène Blackburn, etc. D’autant plus que certains d’entre eux sont diplômés de l’école. Avec un total de cinq grands spectacles, soit un en première année et deux en deuxième et troisième année, les étudiants sont initiés aux processus de création, et ce jusqu’à la production finale, même en ces temps difficiles, car les représentations sont maintenant virtuelles. D’ailleurs tous les étudiants se préparent pour le spectacle de fin de session, soit du 19 au 22 mai pour les danseurs de première et de deuxième année. Quant aux élèves de troisième année, leur spectacle aura lieu du 26 au 29 mai.
Les étudiants de première année en répétition avec la chorégraphe Hélène Remoué pour le spectacle de fin de session. Photo : Élora Boulard / L’Exilé
L’école donne également la chance à ses élèves de créer des pièces avec le projet Incubateur, où, à chaque session, l’étudiant peut monter un solo sur lui-même ou une chorégraphie sur ses camarades qui sera présenté à un public. Cette année, en raison de la pandémie, ces projets ont été réalisés en vidéo et ont été publiés sur YouTube.
Tous ont vraiment hâte de retrouver les salles de spectacles afin de redécouvrir un public en chair et en os. Bien que les présentations virtuelles leur permettent de présenter leur travail, on ressent le manque de chaleur humaine. Après la réouverture des cinémas en zone rouge, on attend impatient celle des salles et des théâtres.
Au Cégep du Vieux Montréal on retrouve, à ce jour, quelques centaines d’étudiant(e)s qui sont également des parents. Ils doivent gérer leurs études tout en s’occupant de leurs enfants. Chapeauter ces deux rôles est un travail à temps plein qui demande du courage et de la détermination. Deux étudiantes en Technique d’éducation spécialisée du Vieux se sont confiées sur leur réalité d’être mamans aux études.
Retrouver les bancs d’école
Audrey Lancourt-Lessard, 35 ans, en est à sa quatrième session en éducation spécialisée. Elle a fait un retour aux études après une dizaine d’années sur les plateaux de tournage, notamment sur celui de Toc Toc Toc où elle a interprété le rôle de Zalaé pendant huit ans (les vrais fans la reconnaîtront). Maman d’une petite fille de trois ans et demi, elle mentionne que la naissance de celle-ci l’a poussée à retrouver les bancs d’école. Avec son travail de comédienne qui était à temps partiel, Audrey souhaitait trouver un emploi stable avec lequel elle pourrait se servir de l’art et du théâtre afin d’aider les personnes en difficulté.
« C’était une adaptation sur plein de niveaux […] autant pour concilier famille, études, travail, mais aussi de se replonger dans les livres et le traitement de texte. »
Audrey Lancourt-Lessard
De son côté, Mélanie Turp, 41 ans, fait également un retour aux études dans le même programme qu’Audrey. Mère de trois enfants, l’un au cégep, l’autre au secondaire et la dernière au primaire, Mélanie a décidé d’enrichir son parcours professionnel. Ayant eu son premier enfant assez jeune, elle a complété un DEC en éducation à la petite enfance en 2013. Ce fut son premier retour aux études. Depuis l’automne 2019, elle ajoute à son baggage l’éducation spécialisée, son deuxième retour aux études. Mélanie mentionne qu’elle aime apprendre et que si elle en avait les moyens et le temps, elle approfondirait ses connaissances dans d’autres domaines.
La vie d’un parent au cégep
Le quotidien d’un parent aux études n’est pas de tout repos. Mélanie Turp continue de travailler à temps partiel dans une école primaire, alors qu’elle étudie à temps plein. De plus, cette session, elle doit compléter un stage non-rémunéré de trois jours chaque semaine. Avec la famille en plus, c’est beaucoup d’organisation. Elle suit ses cours le matin et elle travaille le midi et le soir. Elle mentionne aussi qu’ils sont quelques-uns dans son programme à vivre la même situation qu’elle. Audrey Lancourt-Lessard a opté pour un programme allégé cette session. Elle suivra trois cours au lieu de cinq et elle a reporté son stage en grande partie à cause de la pandémie et parce qu’elle veut profiter de sa famille. À vrai dire, Audrey mentionne qu’elle met énormément de temps dans ses études, car elle veut exceller dans ce qu’elle fait. Lors des dernières sessions, cela pouvait créer quelques tensions dans son climat familial. De 20h, après avoir bordé sa fille, jusqu’à 23h, elle replongeait dans ses études.
« Des fois, je suis plus vieille que le prof! Ça c’est gênant! »
Mélanie Turp
Les bénéfices de la pandémie
Plus souvent qu’autrement, les cours à distance en raison de la pandémie frappent fort et démoralisent les collégiens. Cependant, pour des parents aux études comme Audrey et Mélanie, cette situation facilite bien des aspects de leurs quotidiens. Elles soutiennent toutes les deux que les déplacements au cégep prenaient de leur temps qu’elles peuvent maintenant investir ailleurs. « Avant mon cours [à distance], je peux préparer mon souper, c’est moins stressant quand ma fille revient », souligne Audrey. Par contre, elle s’ennuie des rencontres avec ses collègues et ses professeurs et elle a hâte de pouvoir y retourner. Mélanie aime aussi le rythme de vie différent qu’apporte la pandémie. Moins d’argent et d’énergie dépensés pour se rendre au Vieux Montréal, pour elle qui habite en banlieue de la métropole. Son fils aîné étant au cégep (mais dans un cégep différent), ils suivent leurs cours Zoom en même temps. Elle peut également l’aider dans certains de ses travaux ; ils peuvent se soutenir mutuellement.
Soutien et ressources
Mélanie et Audrey mentionnent toutes les deux le fait que leurs conjoints les aident beaucoup et qu’elles auraient beaucoup de difficultés s’ils n’étaient pas présents. Aussi, Audrey dit que ses professeurs sont très compréhensifs face à sa situation parentale. Mélanie souligne également que des bourses sont à la disposition des parents étudiants et que le nombre d’enfants augmente les montants donnés. Seulement le salaire du parent aux études sera pris en considération, et ce, même si le foyer familial regroupe deux salaires. On retrouve également les services de RADAR (Ressources, Aide, Dépannage, Accompagnement et Références) qui crée notamment des groupes d’aide pour les parents étudiants pour les aider avec la conciliation famille-études. La garderie du cégep, La Gribouille, est aussi un lieu où les étudiants comme les professeurs peuvent faire garder leurs enfants. Audrey Rancourt-Lessard mentionne qu’ils ont une belle approche envers ces derniers.
Les réalités d’Audrey et Mélanie doivent ressembler à ceux des autres mères et pères étudiant au cégep. Cependant, il ne faut pas oublier celles des parents monoparentaux qui font face à d’autres défis.
Une partie de l’équipe de L’Exilé Photo : Cassandra Beaudoin / L’Exilé
Le journal étudiant, l’emblème médiatique d’une institution scolaire, les débuts journalistiques de plusieurs. Pour certains établissements d’éducation, c’est une tradition qui se répète de génération en génération. Au Cégep du Vieux Montréal, ce fut Le Bagou et L’Île lettrée qui trônaient dans les dernières années.
En septembre dernier, c’était mon entrée au Cégep du Vieux Montréal. Pas besoin de vous faire un portrait, je crois que nous avons tous goûté aux cours à distance. Mes espoirs de connaître l’ambiance du Vieux avaient disparu, notamment celui d’écrire des articles pour le journal étudiant, rêve que je chérissais depuis longtemps. Cependant, j’ai décidé de questionner mon professeur de français via Zoom afin de lui demander si un journal existait toujours, et ce, même en pleine pandémie. Ce dernier m’a répondu que non. Attristée par sa réponse, je lui ai demandé spontanément : « Mais Monsieur, quelles sont les étapes pour en créer un? »
À partir de là, tout a déboulé rapidement. Ancienne ballerine et présentement au DEC en danse contemporaine, j’ai communiqué avec des personnes que je connaissais, c’est-à-dire beaucoup d’anciennes danseuses que j’ai connues durant mon secondaire, en qui j’avais confiance et qui étaient intéressées par l’écriture, la mise en page ou la photographie. Elles m’ont répondu, ont embarqué dans le projet et ont fait des annonces dans leurs programmes respectifs. Entre-temps, j’avais mis une annonce sur mon compte Instagram qui m’a permis de recruter quelques candidats. Moins de 48h après, nous étions huit, le nombre minimal de personnes pour former un comité.
Deux semaines plus tard, nous nous rencontrions pour une première fois en respectant la distanciation sociale (Montréal était en zone orange à l’époque). Je dois l’avouer, j’avais le syndrome de l’imposteur : danseuse, première année de cégep, presque jamais écrit de textes journalistiques… Nous étions en cercle. Marianne, Élora et Jeanne, les filles que j’avais contactées en premier, m’aidaient à me structurer. J’étais impressionnée par les personnalités qui se dressaient devant moi. Des étudiants engagés qui croyaient que faire un journal étudiant en pandémie était possible. Victor et Simon posaient des questions intelligentes sur la vision du journal, Adel, à ma plus grande joie, s’offrait pour s’occuper de la construction d’une plateforme numérique, Xavier, que j’avais recruté dans mon cours de philosophie, parlait de son intérêt pour les affaires internationales, Charlotte qui réalisera le logo du journal, Mariane (avec un « n ») amenant son amie possiblement intéressée et L-P, le cher photographe, écoutaient attentivement en discutant de leurs idées. Tous me donnaient espoir.
Le mois qui a suivi a été haut en couleur. Nous voulions tout mettre en place pour sortir une édition en début novembre, alors qu’on était presqu’en octobre. Nos rencontres du dimanche soir à 20h commencèrent alors. Nous avons accueilli Olivier qui est devenu notre cher secrétaire. Il fallait trouver un nom à ce nouvel organe médiatique et L’Exilé semblait parfait pour faire un clin d’œil à L’Exode, le café étudiant du CVM et pour décrire le fait que nous créons tous, en étant exilés du cégep par ce virus qui court. Articles, corrections, photos, organisation, création de rubriques, nous nous sommes débrouillés, car le vendredi 6 novembre dernier, soit six semaines après la première rencontre, la première édition a été lancée avec succès. Une édition web publiée sur notre propre site internet. Une possibilité de rallier les étudiants du Vieux, malgré ces temps difficiles. Nous étions fiers d’être arrivés là en moins de deux mois. Bon nombre de lectures des textes publiés, vitrine pour L’Exilé sur Radio-Canada, nous étions heureux. Mais ayant convenu de sortir une édition mensuelle, il fallait se préparer à la prochaine.
Novembre et décembre, des nouveaux arrivants se sont joints au journal. François, Marie-Odile, Félix-Antoine et Catherine pour participer à l’édition de décembre et Coralie, Léo, Mila et Laurélie pour les éditions prochaines. Nous avons ouvert nos horizons en créant une rubrique pour des articles provenant de collaborateurs invités. La fin de session nous a frappés de plein fouet et la décision prise a été de publier les articles durant les deux semaines précédant le congé des Fêtes.
L’aventure de L’Exilé ne fait que commencer. Nous avons appris, et apprendrons de nos erreurs. Gérer un organe médiatique n’est pas de tout repos, surtout lorsque tout doit se faire à distance. Les hauts et les bas sont incontournables, mais ils nous rendent plus forts et prêts à affronter les nouveaux défis. Nous sommes ambitieux pour 2021 afin de vous offrir du contenu de meilleure qualité encore.
Etanode et Sara Kurz-Martin, danseurs et étudiants en danse contemporaine Photo : Gabrielle Boudreau
Masque, musique et danse, les trois éléments clés d’un nouveau projet qui vient de débuter à Montréal : le Projet Masque. Développé en pleine deuxième vague de COVID-19, il regroupe entreprises locales, musiciens et danseurs. Une belle initiative créée par la pianiste Elaine Gaertner.
Au début de l’automne, Elaine Gaertner, pianiste accompagnatrice d’étudiants en danse classique, a réalisé qu’il fallait continuer à conscientiser les jeunes au port du masque. Elle remarquait que beaucoup d’entre eux sortaient de l’école et enlevaient leur couvre-visage alors qu’ils étaient encore en groupe. Ayant aussi une mère âgée de 92 ans, Elaine se sentait encore plus préoccupée, surtout avec la montée des cas d’éclosion venant particulièrement des vecteurs de la jeunesse.
« La meilleure façon de parler aux jeunes, c’est avec des jeunes […] de montrer aux jeunes que porter un masque c’est pour se protéger et que ça peut être cool. »
Elaine Gaertner, fondatrice du « Projet Masque »
Le but du projet est de faire de courtes vidéos mettant en vedette des artistes du milieu de la danse portant fièrement le masque en exécutant quelques pas. Cela dit, avant même d’avoir trouvé les interprètes, Elaine s’est penchée sur les entreprises locales pour la fourniture des masques. Rapidement, elle a eu la réponse de quelques boutiques montréalaises emballées par le projet ; Atelier B, Bien Aller, Au Noir, Elisa C-Rossow, Katrin Leblond, Collection Charleen et Des Loups en font partie. « On aime beaucoup les projets interdisciplinaires […] on préfère faire une collaboration avec une école de danse, que faire une collaboration avec quelque chose qui est relié à la mode par exemple », dit Anne-Marie Laflamme, designer et co-fondatrice d’Atelier B. Elle est enjouée par l’idée d’aider à conscientiser les jeunes au port du masque.
Masque Atelier B. Photo : Élora Boulard / L’Exilé
Musique
Les pièces musicales utilisées pour faire les vidéos sont assez libres de choix, mais respectent les droits d’auteurs. Cependant, passionnée de musique, Elaine Gaertner a été inspirée par la résilience et la bravoure du virtuose Denis Brott, violoncelliste de renommée internationale. En mars dernier, il a été gravement touché par le coronavirus et est resté dans le coma pendant trente-deux jours à l’hôpital. Survivant de la COVID-19, Brott a accepté de participer au Projet Masque et enregistrera une performance au Conservatoire d’art dramatique de Montréal afin d’accompagner les chorégraphies de certains danseurs. De plus, Elaine a réussi à avoir l’autorisation d’utiliser la parodie de la chanson Be Our Guest du film Disney La Belle et la Bête, qui a été changée pour Wear a Mask (Porte un masque, en français) par Noah Lindquist. Aussi, la version de la chanson Somewhere Over The Rainbow de Julia Westlin et un arrangement jazz du Lac des Cygnes fait par The David Ricard Big Bang, reconnu pour sa musique dans les films hollywoodiens, feront leur apparition dans certaines capsules.
Interprètes divers
Le projet réunit beaucoup d’artistes du milieu de la danse montréalais, ainsi que quelques-uns aux États-Unis et au Japon. Danseurs classiques et contemporains, artistes de cirque, ex-danseurs, un bel éventail d’interprètes. Parmi ces artistes figurent notamment Vanesa Garcia-Ribala Montoya, première danseuse des Grands Ballets, ainsi que certains danseurs des Ballets Jazz de Montréal et de la compagnie Cas Public qui auront tous la chance de performer sur la musique de Denis Brott. Des danseurs pigistes et des étudiants en danse ont également répondu à l’appel, dont certains provenant du Cégep du Vieux Montréal, sans oublier la participation d’artistes du milieu du cirque, comme le Cirque Éloïze. Les deux gagnants de la deuxième saison du concours de danse télévisuel québécois Révolution, le duo de danseurs composé de Janie Richard et Marcio Vinicius Paulino Silveira, ont aussi accepté de faire une capsule pour le projet.
Les vidéos sont produites directement par les danseurs. Elles peuvent être humoristiques ou plus sérieuses. « Le message est de dire de porter le masque, mais on peut le dire de plusieurs façons », mentionne Elaine Gaertner. L’important est ce qu’elles transmettent. Gaertner se réserve le droit de modifier ou d’ajouter un message aux vidéos afin de diversifier leurs propos liés au port du masque.
La danseuse Vanesa Garcia-Ribala Montoya et le violoncelliste Denis Brott Photo : Capture d’écran – Projet Masque/ Facebook
Le violoncelliste Denis Brott , Cai Glover et Alexander Ellison, danseurs de la compagnie Cas Public Photo : Capture d’écran – Projet Masque / Facebook
Où et quand?
L’objectif est de diffuser les courtes vidéos avant Noël. Elles seront publiées sur la page Facebook du Projet Masque et sur Instagram avec le #mtlprojetmasque. Les premières capsules sont d’ailleurs sorties et n’attendent que d’être partagées par un maximum de personnes. À la base, le Projet Masque est destiné aux étudiants, mais il réussira à atteindre un public beaucoup plus large.
Selon Elaine Gaertner, cette initiative est aussi une belle manière d’élargir le cercle artistique des participants. De futures collaborations entre les designers et les interprètes pourront possiblement en découler.
Il y a eu l’avant et l’après 13 mars 2020, journée où François Legault a déclaré la fermeture des écoles au Québec. Le ministère de l’Éducation a dû s’adapter et les enseignants et les professeurs se sont remaniés… Deux semaines, un mois, deux mois, septembre… Personne n’avait vu venir ce long temps d’arrêt. Ce sont les élèves et les étudiants qui ont le plus écopés. Quatre finissants de différents programmes du Cégep du Vieux Montréal (CVM) se sont confiés sur leur expérience d’obtenir leur diplôme en pandémie.
Finir en « queue de poisson »
La dernière session cégépienne clôture un chapitre important, que ce soit la fin d’un préuniversitaire, d’une technique, d’un BAC-DEC, etc. Pour les finissants 2020, la situation était bien spéciale, car la pandémie a frappé juste avant la ligne d’arrivée. Les professeurs et les étudiants devaient s’adapter rapidement, ce qui a causé d’importantes répercussions. François Pelletier, diplômé du programme Questions internationales en mai dernier, souligne n’avoir eu presque aucune vidéoconférence ou capsule vidéo de la part de ses professeurs. On ne peut pas blâmer ces derniers, car plusieurs n’avaient jamais expérimenté la formule des cours en ligne et devaient souvent concilier la continuité de leur travail et la gestion de leur famille. Cependant, certains élèves se sont sentis seuls, sans motivation pour continuer, d’autant plus que le calcul de la cote R avait été annulé.
Gabrielle Gervais, finissante 2020 en design intérieur, soulève la difficulté de ne pas avoir pu partager et discuter avec ses paires : « Les trois-quarts de tes apprentissages c’est d’apprendre des autres et de se supporter ». Pour les étudiants de ce programme, le partage est important, l’exposition de leur projet final devait d’ailleurs avoir lieu à la fin du printemps dernier, une occasion d’être vus par de futurs employeurs. Par cause de pandémie, le tout s’est transformé en évènement virtuel.
Manque, incertitude et inconnu
« Je n’ai qu’une hâte, qu’une envie, qu’une attente, c’est que les salles rouvrent, parce qu’on fait de l’art vivant. L’art vivant, pour moi, ça se fait dans un théâtre, ça se fait devant du monde, et ça me désole qu’on ne puisse pas. »
–Louise Gamain, diplômée 2020 du DEC en association avec l’École de danse contemporaine de Montréal
Diplômée du programme de danse interprétation contemporaine du CVM en association avec l’École de danse contemporaine de Montréal (EDCM), Louise Gamain, originaire de Picardie en France, a vécu une fin d’études inattendue. Avec la fermeture de l’EDCM, les danseurs de sa cohorte ont dû suivre une formation à distance. Mais danser dans un salon d’appartement, ce n’est pas idéal. Tranquillement, les cours se sont dispersés et de nombreux élèves, dont Louise, étaient démotivés. Un coup dur pour ces artistes supposément prêts à voler de leurs propres ailes vers un monde professionnel. Autre problème, ce programme recueille beaucoup d’Européens ayant un permis d’études de trois ans. À la fin du programme, celui-ci est facilement changeable pour un permis post-diplôme, un permis de travail éligible pour le même temps qu’a duré leurs études. Cependant, cette année, Louise explique qu’aucun Français de sa cohorte ne l’a reçu. Une problématique pour se trouver un futur emploi, même si l’on sait qu’en ce moment ce n’est pas le meilleur moment pour gagner sa vie en dansant. Malgré les initiatives de captations numériques de danse, elle s’exprime sur le besoin de retrouver les salles de spectacle : « Je n’ai qu’une hâte, qu’une envie, qu’une attente, c’est que les salles rouvrent, parce qu’on fait de l’art vivant. L’art vivant, pour moi, ça se fait dans un théâtre, ça se fait devant du monde, et ça me désole qu’on ne puisse pas. ».
Photo: Chantale Hamel
Pour certains, comme François Pelletier, la pandémie projetait un avenir incertain. Candidat au programme Odyssée afin d’être moniteur de langues, François ne savait pas s’il allait pouvoir déménager à Régina en Saskatchewan, ville dans laquelle il était attendu. Il s’est alors inscrit à l’Université de Montréal. Malgré la crise pandémique, il a finalement rejoint l’école où il est actuellement moniteur et a donc reporté son inscription universitaire à l’an prochain.
Le renouveau d’un ancien chapitre
«Je suis persuadé que ne pas être dans le lieu en 3D, dans [un] cadre spatio-temporel, l’absorption de la matière est clairement moins bonne, car on est derrière un écran».
– Alexis Kelly, diplômé du programme d’histoire et civilisation au Cégep du Vieux Montréal en 2020
Pour ceux et celles qui sont entrés à l’université cet automne, la formule des cours à distance n’a pas changé. Les classes se font à la maison, les élèves assis devant leur ordinateur en écoutant des cours en vidéoconférence avec leur professeur d’une durée de trois heures ou en visionnant un Power Point sans arrêt avec un contenu narré, c’est ce qu’explique Alexis Kelly, diplômé 2020 du programme d’histoire et civilisation du CVM et maintenant étudiant au département d’histoire de l’Université de Montréal. Il se préoccupe d’ailleurs du sort des étudiants qui poursuivent leurs cours académiques à distance : «Je suis persuadé que ne pas être dans le lieu en 3D, dans [un] cadre spatio-temporel, l’absorption de la matière est clairement moins bonne, car on est derrière un écran». Lui qui se dit motivé par son programme ne voudrait pas être dans la peau d’un universitaire qui n’étudie pas ce qui le passionne, car ce cursus en ligne demande énormément de motivation et de concentration, choses qu’il puise lui-même dans sa passion pour l’histoire.
Photo : Chantale Hamel
Gabrielle Gervais, également étudiante à l’Université de Montréal, mais en design intérieur, soulève que les universités ont eu le temps de préparer la session d’automne. En effet, en mars dernier, les écoles du Québec ont été prises au dépourvu face à la fermeture de leurs établissements. À présent, elles sont beaucoup plus préparées pour gérer la crise actuelle. Gabrielle était stressée de commencer un nouveau parcours dans de telles conditions, mais tout se passe bien pour elle, comme pour la plupart des étudiants avec qui j’ai pu discuter. C’est beau de voir leur courage et leur résilience dans cette crise qui nous frappe de plein fouet.