Un gros 0$ 

Note : Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne reflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

Photo : Pixabay (libre de droits), modifiée par Hubert Troli

Lors de son discours d’ouverture de la nouvelle session parlementaire le 19 octobre dernier, le premier ministre François Legault annonça son intention ferme de mettre un frein à tout projet d’exploration pétrolière au Québec étant donné l’impératif que représente la réduction des émissions de gaz à effet de serre.   

Bien que cette décision semble plaire à la plupart des députés de l’Assemblée, une nouvelle question demeure débattue : faut-il dédommager les détenteurs des permis d’exploration pétrolière que Québec leur vendit autrefois? 

Déjà plusieurs compagnies commencent à réclamer auprès du gouvernement un remboursement de leur permis représentant une superficie totale d’environ 32 000 km2 au Québec.  

Ce genre de procédures furent observées bien avant que le gouvernement du Québec annonce la fermeture générale de tous les projets d’exploration. Par exemple, dans le cadre du projet Hydrocarbures Anticosti (5), 62 millions de dollars furent réclamés par les entreprises concernées lorsque Québec fit volte-face fin 2016. La province avait finalement renoncé à ce plan visant à développer l’exploitation d’hydrocarbures sur cette grande île située dans le golfe du Saint-Laurent. De plus, ironiquement, Québec avait lui-même investi plus de 30 millions de dollars à partir de 2014 dans Hydrocarbure Anticosti, ce qui fit indirectement grimper la facture pour les contribuables de l’époque.  Ainsi, cette marque indélébile du passé est à présent brandie par les compagnies pétrolières comme un argument supplémentaire leur permettant d’intenter en toute légitimité un procès contre la province. 

En conséquence, en décidant de ne pas rembourser ces compagnies afin de sauver l’argent des contribuables, tel que le préconisent le Parti Québécois (PQ) et Québec Solidaire (QS), le gouvernement risque de faire l’objet de nombreuses poursuites judiciaires potentiellement plus couteuses que le dédommagement initialement demandé.  

Cependant, tenir tête aux grandes pétrolières n’aurait pas non plus que des inconvénients. Tout d’abord, il y a une certaine probabilité que les entreprises en question ne gagnent pas leur cause dans le cas d’une poursuite judiciaire contre Québec. Le pouvoir d’instaurer de nouvelles normes environnementales dont dispose la province permettrait à cette dernière de rendre les projets d’exploration ou d’exploitation contraire à la loi. Ensuite, en refusant de rembourser les pétrolières, quitte à débourser davantage dans un procès, l’État affirmerait d’un point de vue symbolique la prééminence du contrat qui le lie au peuple sur celui passé avec des instances privées. D’ailleurs, témoignant de l’opinion dudit peuple, selon un dernier sondage mené pour l’initiative écologiste le Pacte, 85% des Québécois de la province sont d’avis que la crise climatique est un enjeu de plus en plus prioritaire (2). Le gouvernement a pour vocation de représenter la population et, dans une certaine mesure, pour devoir de combler les besoins essentiels des citoyens. Or, en cautionnant l’industrie pétrolière par son remboursement, Québec contribue indirectement à l’aggravation de la crise climatique qui privera éventuellement les jeunes Québécois et Québécoises de conditions de vie supportables. Enfin, en agissant ainsi, le gouvernement participe activement à la concentration des richesses dans les mains de quelques particuliers. De plus, les employés ayant pu potentiellement travailler sur ces chantiers d’exploration et éventuellement d’exploitation pétrolière perdent une opportunité de travail qu’il faudra, d’une manière ou d’une autre, substituer. 

En somme, bien qu’il comporte son lot de désagréments, le choix du remboursement des 180 permis d’exploration pétrolière à leurs détenteurs semble le plus avisé si l’on tient compte du prix exorbitant que représenterait un éventuel procès.  

Cependant, ce scénario n’est envisageable que si, et seulement si, les entreprises pouvant être dédommagées s’en tenaient à réclamer une somme équivalente au prix du permis qu’elles détiennent. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Effectivement, en plus du permis, quelques compagnies souhaitent ajouter à la facture de Québec une valeur approximative du profit éventuel qu’aurait dégagé l’exploitation des hydrocarbures dans leur zone d’exploration. Une telle demande ferait grimper la somme due par l’État qui ne se compterait donc plus en millions, mais bien en milliards de dollars (4). 

Par exemple, Ressource Utica (3), une compagnie possédant 29 permis d’exploration d’hydrocarbures pour une superficie de 4400 km2, initia récemment ce genre d’action en justice à l’endroit de Québec dans laquelle elle a gain de cause pour l’instant. Son président évoque justement une valeur de plusieurs milliards de dollars afin de décrire les actifs qu’il détient.  

Cette dernière réclamation faramineuse de la part de certaines pétrolières n’est en aucun cas légitime étant donné que le permis qu’elles détiennent actuellement ne leur permet que d’explorer les ressources disponibles et non pas de les exploiter. En d’autres mots, d’aucune façon le feu vert ne fut donné à l’exploitation. Certes, une entreprise n’achèterait jamais un permis lui permettant d’explorer un terrain contenant potentiellement des hydrocarbures sans envisager d’exploiter ceux-ci à l’avenir. Or, d’un point de vue purement formel, les compagnies souhaitant exploiter les ressources n’en ont pas reçu la permission et ne pouvaient donc pas encore compter sur celles-ci comme une source de revenu anticipée et assurée. Cela se résume à de la spéculation détournée et malhonnête. 

D’ailleurs, cette nuance entre exploration et exploitation fut aussi employée comme argument contre le remboursement des permis d’exploration des hydrocarbures. En effet, dans un article du Devoir de 2011 (1), l’avocat et président de Nature Québec à l’époque, Michel Bélanger, démontrait qu’il n’était point nécessaire de dédommager ces permis. Cette opposition avait été exprimée dans la foulée de l’arrêt d’un projet d’exploration, cette fois-ci, dans l’estuaire du Saint-Laurent qui avait donc mené à la révocation de plusieurs permis la même année. Le plus étonnant dans cette affaire est non pas que le gouvernement ne remboursa aucun des permis annulés et encore moins de valeurs d’actifs, mais plutôt que les compagnies concernées se firent beaucoup plus timides qu’en ce moment concernant le recours à la justice contre la province.  

Ainsi, le « versement d’une indemnité fixée d’après la valeur du bien exproprié et du préjudice causé » évoqué par l’avocat de Ressources Utica n’est que de la poudre jetée aux yeux du gouvernement et des citoyens. 

De plus, comme si ce n’était pas suffisant, le Centre québécois du droit de l’environnement affirme actuellement que le gouvernement a tout le droit de refuser d’offrir une compensation en échange des permis révoqués du moment que la loi empêchant l’exploration des hydrocarbures sur son territoire soit claire.    

Il faudra donc que la population redouble d’attention, quitte à faire preuve de méfiance, lors de la formalisation de ce règlement de compte. Aucun remboursement ne doit être toléré. Les Québécois et Québécoises ne doivent rien à une poignée d’hommes prêts à tout pour le profit, quitte à amputer la qualité de vie des générations futures. 

Sources

(1) Bélanger, M. (22 juin 2011). Réponse à l’industrie gazière et pétrolière – Combien encore devons-nous payer? Le Devoir. Rerpéré le 30 novembre 2021 à https://eureka-vieuxmtl.proxy.collecto.ca/Search/ResultMobile/0

(2) Léveillé, J-T. (5 novembre 2020) Le Pacte pour la transition boucle la boucle avec le sentiment d’avoir contribué à la prise de conscience du Québec face à l’urgence climatique. La Presse. Repéré le 30 novembre 2021 à https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2020-11-05/lutte-contre-les-changements-climatiques/le-pacte-est-mort-vive-le-pacte.php

(3) Shields, A. (16 novembre 2021). Une pétrolière obtient gain de cause contre Québec.  Le Devoir. Repéré lee 30 novembre 2021 à https://eureka-vieuxmtl.proxy.collecto.ca/Search/ResultMobile/4

(4) Shields, A. (23 octobre 2021). Vers une sortie couteuse. Le Devoir. Repéré le 30 novembre 2021 à https://eureka-vieuxmtl.proxy.collecto.ca/Search/ResultMobile/0

(5) Sioui, M-M. (29 juillet 2017). Anticosti : 115 millions déboursés, pas une goutte de pétrole. Le Devoir. Repéré le 30 novembre 2021 à  https://eureka-vieuxmtl.proxy.collecto.ca/Search/ResultMobile/6

Plaidoyer pour du temps

Note : Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne reflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

Photo : Hubert Troli / L’Exilé

Comme la plupart des étudiants qui en sont actuellement à leur seconde année au cégep, j’appartiens à la cohorte ayant connu les cours à distance comme seule expérience des études collégiales. Il me fut donc permis, au cours de la présente session, de comparer ces deux réalités que sont les études en ligne et le cégep en présentiel. Comme c’est sans doute le cas pour beaucoup d’étudiants et d’enseignants, je me plais davantage dans l’environnement stimulant du cégep que dans celui de mon humble demeure.  

Or, malgré tous les inconvénients que l’on puisse leur trouver, les études durant la pandémie s’accompagnèrent de certaines nouvelles méthodes relatives au temps alloué lors des évaluations qui s’avérèrent pertinentes d’un point de vue pédagogique.  

Au cours de la dernière année, les enseignants de littérature et de philosophie, en particulier, laissèrent leurs étudiants disposer d’une période de plusieurs jours afin de réaliser leurs travaux de rédaction alors que, dans la formule conventionnelle, la totalité de la dissertation se serait effectuée dans un intervalle de quelques heures en classe.   

Ainsi, depuis le ralentissement de la propagation du virus au Québec ayant permis le retour des étudiants en classe, une tendance à réintégrer cette contrainte de temps dans la réalisation des travaux peut être observée.  

Enfin, pourquoi ne pas simplement poursuivre cette habitude héritée du confinement concernant la durée de la période allouée aux travaux rédigés dans le cadre des cours de littérature?  

Effectivement, l’offre d’une abondance de temps aux étudiants favorise le développement de l’autonomie chez ceux-ci et leur permet aussi de s’organiser en fonction de leur propre horaire et de leurs besoins spécifiques. Par ailleurs, cette formule alternative permet aux principaux concernés de présenter, en fin de compte, un travail davantage représentatif de leur maîtrise de la langue française. À vrai dire, ce n’est parfois que quelques minutes en plus qu’il aurait fallu à un étudiant pour que celui-ci ait la chance de réviser son texte et, ainsi, d’éviter de nombreuses fautes d’inattention commises sous l’influence d’un stress montant à la vue du temps qui file. En somme, les travaux ayant bénéficié d’un temps de réalisation augmenté tendent à se rapprocher du standard professionnel. Cette formation plus représentative de la réalité de l’emploi attendant la majorité des cégépiens s’accompagne bien souvent d’un sentiment de fierté et de satisfaction rehaussé, ce qui contribue, par procuration, à nourrir un intérêt marqué pour les études ainsi qu’une certaine motivation chez les jeunes. Certes, la plupart des métiers requièrent une maîtrise de la langue, mais rares sont ceux exigeant une capacité à rédiger spontanément en quelques heures un texte analytique d’un millier de mots sans fautes, ou presque, dans un français soutenu.  

D’un autre côté, contraindre les étudiants à réaliser l’entièreté de leur dissertation lors d’un cours de quelques heures force ces premiers à prendre des raccourcis résultant en des travaux bien souvent médiocres. Pour faire simple, dans un délai aussi court, ceux faisant face à ce genre d’épreuve ne disposent que de quelques minutes afin d’étudier la question et de développer un argumentaire logique tentant d’y répondre. Par après, le processus de production, faute de temps, doit s’enclencher au plus vite. Cet empressement quasi conditionnel à la réussite de ces évaluations se traduit par une détérioration de la langue écrite due au stress ainsi que par la présence d’idées d’une originalité déficiente de par le peu de temps consacré à leur développement. En outre, même si l’étudiant parvient à obtenir un bon résultat à cette évaluation, il n’en retire, cependant, point une impression de fierté et de réussite étant donné l’inachèvement du travail entamé en question.  

Ce que produit l’étudiant dans son texte est totalement désincarné de sa personne et nuit, conséquemment, à l’émergence chez lui d’un sens intellectuel, d’un amour de la connaissance pourtant gage d’une société démocratique résiliente.  

Enfin, en évaluant ainsi la performance des citoyens en devenir, ne basons-nous pas la réussite sur un critère aussi arbitraire que celui de l’efficience, de la productivité, de la vitesse brute? En bref, la qualité d’un individu ou sa capacité à apporter quelque chose de pertinent à la société ne se résume pas qu’à la rapidité d’exécution. Souvent, les idées contribuant le plus significativement au développement prennent des années à murir dans l’esprit de leurs penseurs avant d’aboutir.  

Il est vrai, certes, qu’une efficacité au travail peut s’avérer souhaitable dans une certaine mesure, mais celle-ci s’acquiert naturellement, à force d’effectuer le même type de tâche de façon récurrente et non pas en forçant la jeunesse à réfléchir plus rapidement qu’elle ne le peut, quitte à faire parfois de faux pas aux lourdes conséquences.  

Pour conclure, je pense que la méthode d’évaluation propre au cursus collégial de littérature et de philosophie devrait être revue en y réduisant la place du critère productif pour y revaloriser l’aspect qualitatif. Rehaussons les exigences relatives à la qualité des travaux, mais donnons davantage de temps aux étudiants pour réaliser la tâche à faire. Aussi, je suis bien conscient que ce choix ne relève sans doute pas de vous, les enseignants, mais plutôt de certaines exigences du ministère de l’Éducation. En conséquence, c’est à celui-ci, que s’adresse ma requête :  

Donnez-nous du temps! 

Mais où est donc passé l’alcool au Cégep?

Certains étudiants encore présents au cégep, connurent une époque pas si lointaine durant laquelle il n’était pas rare de voir en vente à l’Exode des boissons alcoolisées dans le cadre de soirées d’improvisation. Hélas, cette tradition semble s’être perdue au cours de la dernière année ayant été caractérisée par une forme de paralysie sociale attribuable au confinement. Qu’en était-il de la vente d’alcool avant que soit imposée cette fin brutale aux activités parascolaires et qu’est-il advenu de cette première alors que la vie étudiante reprend, mais que la bière n’a toujours pas réintégré la bâtisse?

Avant la pandémie 

L’alcool, et plus particulièrement la bière, fut vendue à l’occasion d’activités parascolaires au Cégep du Vieux Montréal depuis la fondation de celui-ci. Ce produit, en plus d’être prisé par les étudiants, est aussi une des principales sources de financement auxquelles peuvent avoir recours les comités. Effectivement, la vente d’alcool dans le cadre d’activités étudiantes permet à l’AGECVM de récolter, en temps normal, des sommes considérables profitant elles-mêmes aux membres de l’association. Comme exemple de la rentabilité de ce marché, le comité d’improvisation du cégep engrangeât, au cours de l’année 2019-2020, pas moins de 5500$ de revenus bruts (pas moins de 1100$ de profits) en vente de bières. Aussi, il importe de mentionner que cette dernière année fut moins lucrative qu’à l’habitude étant donné l’arrivée du confinement en mars. De plus, d’autres comités participent de façon comparable aux intrants de l’association étudiante en vente d’alcool, tel que EnVieuxronnement qui amassa, quant à lui, plus ou moins 4400$ sur la même période.

Les causes de cette interruption

La COVID-19, ainsi que le ralentissement de la vie étudiante qu’elle engendra, est le principal facteur ayant causé l’interruption de la vente d’alcool au cours des derniers mois au cégep.

Cependant, un autre incident pu, lui aussi, contribuer à l’arrêt de la vente d’alcool au cégep. En effet, un oubli de la part de la direction concernant le mauvais entreposage d’une caisse de bière égarée fut récemment constaté par un inspecteur. Ainsi, nous pouvons supposer que ce dernier épisode, couplé au manque de demande de la part des comités étudiants, fit prendre la décision aux responsables de ne plus tenir un stock de boissons pour un certain temps.

Un retour des stocks imminent

Avec le retour au cégep en présentiel et la reprise des activités parascolaires, il ne serait point étonnant de voir la direction mettre un terme à cette « prohibition » en faisant à nouveau provision de bières. Or, initialement, le contexte pandémique et les règles sanitaires qui viennent avec avaient maintenu l’instance directionnelle quelque peu réticente à l’idée que des rassemblements étudiants impliquant de l’alcool soient organisés dans l’enceinte du cégep.

Cela étant, cette dernière résistance n’a plus lieu d’être depuis l’assemblée générale du 8 septembre dernier durant laquelle l’association étudiante décida que la gestion des mesures sanitaires serait dorénavant faite de façon indépendante par l’AGECVM elle-même. Ainsi, le retour de l’alcool durant les activités parascolaires pourrait se faire aussitôt que le 2 octobre, date à laquelle la direction serait supposée avoir refait provision, selon le Responsable Général de l’association étudiante. Les comités pourront donc suivre la procédure précédemment mentionnée afin de vendre de l’alcool à nouveau lors de leurs activités.

Produits

Pour terminer, en ce qui a trait à la sélection de produits s’offrant aux étudiants, celle-ci fut historiquement composée d’une variété de bières de la compagnie Boréale. Cette année, il en sera sans doute de même, bien que le Responsable Général de l’association, interrogé sur la question, dit vouloir suggérer à la direction de diversifier son offre en proposant d’y ajouter, par exemple, des produits de microbrasserie.

Réforme, pouvoir populaire et environnement

Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

Il y a quelques temps de cela, durant la première semaine du mois de mars, le co-porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, présentait un intriguant projet de réforme parlementaire. Celui-ci affecterait le pouvoir détenu par la population sur le cours de la politique. En effet, il est déplorable de constater que le poids dans la balance démocratique de bien des Québécois aujourd’hui se résume au passage à l’urne environ tous les quatre ans.

Conséquemment, le député de Gouin propose l’instauration d’un principe permettant aux citoyens d’une circonscription donnée de révoquer le mandat de leur représentant parlementaire. Concrètement, le processus d’expulsion serait entamé par la signature d’une pétition d’initiative populaire qui donnerait suite à la tenue d’un référendum confirmant démocratiquement le choix du renvoi.

Cela signifierait que les électeurs seraient dorénavant en mesure de remplacer un député dont la gestion ne conviendrait plus aux yeux de la majorité, en évitant l’attente des prochaines élections. Ceci, entre autres, contraindrait les élus à travailler davantage au gré des préoccupations de la population, puisque ceux-ci ne bénéficieraient plus d’une assurance, jusqu’à la prochaine dissolution parlementaire, de conserver leur poste.

Conjointement à cette première motion, le co-porte-parle de Québec Solidaire suggère la création d’une chambre des générations. Cette dernière, en l’occurence, rassemblerait 60 membres, soit 30 experts environnementaux ainsi que 30 citoyens aléatoirement nommés. En somme, ce nouvel ensemble jouerait un rôle de contrepoids au sein de l’Assemblée Nationale en matière environnementale via l’exercice de son droit de véto pouvant interrompre temporairement un projet de loi afin d’en exiger son réexamen.

Des idées sont, certes, porteuses d’une éventuelle refonte participative de notre démocratie, mais encore faudrait-il qu’elles se concrétisent. À vrai dire, les chances qu’advienne l’adoption de ces réformes sont minces si l’on se fie à l’historique peu concluant des projets antérieurs du même ordre.

Par exemple, mentionnons que le premier ministre actuel, comme beaucoup de ses prédécesseurs, proposait, avant sa victoire, une réforme au niveau du mode de scrutin alors qu’aujourd’hui ce dernier semble, sans s’étonner, avoir perdu de son enthousiasme pour la question.

Les camps politiques, victimes de la structure électorale comme parlementaire, souhaitent la voir évoluer. Or, lorsque celle-ci joue finalement en leur faveur, les partis perdent, avec raison, tout intérêt à ce que la conjecture soit altérée. Bref, la règle voulant que les changements institutionnels majeurs soient remis aux calendes grecques risque de rester effective.

Ainsi, des messures permettant que davantage de décisions soient prises de façon extraparlementaire, telles que celles proposées par M. Nadeau-Dubois, mentionnées plus haut, contribueraient à la résoluton de l’impasse persistante à laquelle se heurtent les réformes systématiques de notre démocratie. En soi, cela limiterait la mesure dans laquelle les politiciens se permetteraient de diverger des aspirations spécifiques de la majorité des électeurs.

Justement, en parlant de décisions parlementaires de l’opinion publique ou controversée selon celle-ci, un projet ayant en ce moment lieu au Québec illustre cette problématique pouvant découler d’un parlementarisme caractéristique du système démocratique québécois.

En effet, il est question ici du projet piloté par l’entreprise GNL Québec; celui-ci se résume à la construction, dans la porton Nord du Québec, d’un gazoduc dont le contenu serait liquéfié, entreposé et exporté depuis le Port de Saguenay où des infrastuctures seraient bâties à cet effet. Ce plan, si concrétisé, représente un risque environnemental considérable. Non seulement cela créerait de nouvelles opportunités commerciales pour les combustibles fossiles sur le marché international, mais il planerait aussi dorénavant la menace d’un déversement et d’une perturbation de l’écosystème qu’abrite le Parc national du Fjord à proximité de Saguenay.

L’illustration de mon propos réside dans ce projet en ce qu’il relève entièrement de l’initiative du parti majoritaire au Québec que travaille activement à son développement alors que, selon les sondages, près de la moitié des Québécois s’opposent à sa réalisation. Dès lors, considérant la gravité des enjeux, la suspention temporaire de la progression du plan serait de mise. Or, la Coalition Avenir Québec, bénéficiant de la majorité, ne déroge pas à sa décision initiale et prévoit toujours entamer le développement des infrastructures sous peu. Ajoutons que le parti persiste dans cette voie malgré la résistance acharnée d’organisations citoyennes qui, par ailleurs, sont parvenues à décourager maints investisseurs de soutenir le projet.

La présente situation est donc, en ce sens, la démonstration de sérieuses lacunes quant à la représentativité et au réel pouvoir de l’opinion publique au sein de nos institutions démocratiques, sans compter que, dans le cas de GNL, le défaut en question permet l’élaboration d’un projet aux effets délétères sur l’environnement. Mentionnons également que le recours à la formation d’un bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE), tel qu’instauré afin de consulter la population avant que le projet ne se réalise, demeure insuffisant étant donné que la décision de ce dernier ne peut primer sur celle d’un parti majoritaire.

En conclusion, le tout nous éclaire sur les effets bénéfiques qu’apporterait la concrétisation des propositions de réformes parlementaires du député de Gouin. Effectivement, le droit de véto, détenu par la chambre des générations permetterait un ralentissement considérable du processus d’adoption de motions faisant l’objet d’un litige au sein de la population. Le principe de révocation citoyenne du mandat d’un représentant de circonscription, quant à lui, ouvre la porte à d’éventuelles réorganisations des rapports de forces au sein de l’Assemblée Nationale à tout moment, en cas d’une baisse subite du degré d’approbation de ses décisions. L’évolution des actions menées par le gouvernement saurait être interrompue par le consensus populaire, palliant ainsi les limites d’un système démocratique où le pouvoir émanant du peuple est réduit au suffrage d’une poignée de représentants.

Préoccupant, mais à quel point?

Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

La première moitié de l’année scolaire arrivant à terme pour les élèves du primaire et du secondaire, que tombent déjà les rapports ministériels sur la performance académique des jeunes Québécois et Québécoises. Le constat de ces derniers est, sans étonnement, que les résultats sont à la baisse. L’éducation est plombée par le contexte pandémique, une trame de fond affectant concrètement comme psychologiquement les citoyens à en devenir.

Bien que la tranche d’âge concernée des 4 à 17 ans bénéficie de meilleurs accommodements par rapports aux cégépiens ou aux universitaires en ce qui a trait aux cours en présentiel, il n’en reste pas moins que d’autres éléments réduisent la véritable portée de ces permissions.

En effet, il suffit d’un seul cas présumé pour que l’ensemble du groupe se voit de retour derrière l’écran depuis la maison. De plus, est-il important de mentionner que les élèves du secondaire ne suivent qu’une fraction de leurs cours à l’école par semaine. Autant dire que le temps d’enseignement en classe réelle fait figure d’exception plutôt que de norme pour les adolescents. On peut aussi compter comme facteurs démotivants une vie étudiante atrophiée et l’encadrement des élèves par la distance nécessairement restreint.

La piètre performance académique actuelle suscite, vous l’aurez compris, d’importantes préoccupations au ministère de l’Éducation, mais aussi, bien au-delà du cabinet, dans l’ensemble de la population. L’éducation lors d’une crise sanitaire est-elle lésée au point d’animer la crainte d’une éventuelle arrivée sur le marché du travail de citoyens inaptes? Est-ce que la mise au point d’un camp estival de rattrapage scolaire s’avèrerait être une solution envisageable comme le suggèrent les responsables de l’éducation?

Avant de tenter par méthode choc d’endiguer le grand mal que représentent les bulletins de jeunes moins reluisants qu’à l’habitude, peut-être devrions-nous relativiser et remettre en question la pertinence des notions leur étant dispensées d’après l’évolution du monde qui les verra grandir.

Rappelons-nous qu’il fut une autre problématique majeure accentuée par la pandémie, soit le manque d’employés dans les secteurs primaires, comme celui de l’agriculture, requérant peu ou pas de qualifications. Normalement, afin de pallier le manque de main-d’œuvre dans ces domaines, les exploitants agricoles québécois engagent à l’étranger, notamment au Mexique, pour faire les récoltes des travailleurs qui, de surcroît, représentent un avantage en ce qui a trait au prix de leur travail inférieur au salaire minimum.

Ce dernier fait rend compte d’un paradoxe que les États comme le nôtre entretiennent depuis qu’ils sont entrés dans la dernière phase de mondialisation majeure. Au Québec comme dans certains pays développés, une grande part des activités économiques se concentrent dans des domaines permettant le maintien de la prospérité et de la qualité de vie de ses habitants – exploitation minière, pétrolière, recherche et développement, entreprenariat, services… -. Cependant, les secteurs inhérents à la vie en elle-même comme l’agriculture sont délaissés par les citoyens et relayés aux travailleurs étrangers desquels nous sommes vite devenus dépendants. Le recours à une telle importation de main-d’œuvre bon marché durant la saison des récoltes est la preuve indéniable d’un handicap latent. Lorsque les mines seront épuisées, entrainant dans la même chute l’industrie technologique et les services dont dépend tant la croissance économique, rien ne permettra de réorienter suffisamment rapidement les Québécois vers des emplois indépendants d’un marché mondialisé pour éviter la crise sociale.

Pourquoi alors persiste-t-on à surqualifier les enfants, à les préparer aux domaines de pointe alors que la demande sur le marché du travail se fait criante dans des secteurs n’exigeant, au contraire, qu’un niveau de connaissance rudimentaire? Excusez-moi cette image un peu forte, mais serait-t-il plus cohérent d’envoyer les élèves non pas dans un camp de rattrapage scolaire cet été, mais plutôt dans un champ?

Bien que l’idée soit ici poussée à l’extrême, elle s’avérerait on ne peut plus intéressante que l’on n’y croirait. Le temps disponible avant que les limites de l’exploitation des ressources naturelles affectent les pays développés, au point d’altérer la structure économique à leur origine, ne se compte plus en générations, mais bien en années.

En conclusion, il ne faut point être devin pour comprendre que le besoin de s’alimenter subsistera encore demain, contrairement aux préoccupations liées aux enjeux qui sont les produits de la volatile prospérité économique. Les chances sont que l’économie primaire, semblant si distante aujourd’hui de nos vies postmodernes, y occupe pourtant une place grandissante au fil des ans, et ce, même une fois sortis du contexte pandémique.

À vrai dire, le retour de la consommation dans toute son envergure qu’occasionnera le déconfinement risque de contribuer à « l’effondrement » comme le qualifierait Jared Diamond. La recrudescence de l’extractivisme qu’engendrera un boum de la demande s’accompagnera d’un tout aussi grand « boum » marquant la fin d’une rêverie de l’humanité qui débuta lorsque celle-ci troqua l’esclave pour l’or noir, sachant ce dernier consumable et beaucoup plus rentable. Nous n’aurons point besoin, dans un futur rapproché, de citoyens en blouses blanches plongés dans la recherche et le développement. Nous aurons besoin de travailleurs ayant un champ de compétence beaucoup plus manuel et agricole. En prenant compte de cette réalité, les préoccupations sociétales relatives aux quelques points en moins affichés aux bulletins d’élèves semblent vite devenir insignifiantes, et il apparait davantage impératif de s’attarder sur la réforme de la façon dont nous formons les dits élèves.

Joe Biden, plus vert qu’attendu

Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».

Le 20 janvier 2021 à midi eut lieu l’intronisation du 46e président des États-Unis, mettant un terme par la même occasion au règne ici critiqué, là-bas sanctifié, de Donald Trump. Ce dernier, durant les quatre années de son mandat, n’aura pris en rien considération de l’urgence climatique dans l’élaboration de ses réformes aux objectifs d’enrichissement des biens nantis au détriment du peu dont pouvaient encore bénéficier les précaires.

Le nouveau chef d’État, lors de sa campagne électorale, semblait davantage préoccupé par la pandémie frappant de plein fouet le pays que par la question environnementale. Cependant, le peu d’intérêt dont il fit tout de même preuve à l’endroit de l’enjeu laissa présager un avenir meilleur – du moins à court terme – par rapport à ce que proposait son prédécesseur. En effet, Trump, qui retira le pays de l’Accord de Paris sur le climat semblait plutôt considérer la question environnementale comme un mensonge orchestré contre l’intérêt pécuniaire.

L’issue des élections à présent scellée ainsi que les poussières retombées depuis l’assaut lancé sur le plus haut lieu de la démocratie de la première puissance économique mondiale, le présent dirigeant dans ses fonctions semble animé par une conscience environnementale allant au-delà de tout ce que nous aurions pu espérer.

La réadhésion des États-Unis à l’Accord de Paris et le rejet du projet relatif au développement du secteur pétrolier de Keystone XL, voilà les deux gestes politiques posés bénéficiant à terme, et si la tendance se maintient, au rayonnement du pays internationalement certes, mais supposément aussi à l’humanité tout entière faisant face à une crise climatique sans précédent. D’autant plus qu’il est entendu que la puissance états-unienne sur les échiquiers politique et économique mondiaux ne peut être exclue dans l’élaboration d’un plan viable de transition vers un mode de vie durable.

Des changements longtemps espérés par un pan de la population décriant le statu quo entretenu par les instances politiques concernant l’urgence climatique furent évidemment reçus par ceux-ci comme un grand soulagement. Sans mentionner les quatre années qu’ils passèrent à grincer des dents à la moindre décision présidentielle.

Moi-même, bien que n’étant pas citoyen états-unien, je vis dans l’actualité de la semaine du 21 et du 22 janvier une lueur d’espoir pour les générations humaines présentes et à venir. Je me souviens le comble que fut pour ma personne de voir le projet d’oléoduc Keystone XL supposé relier l’Alberta au Texas avorter par la seule décision de Washington, désarçonnant ainsi Ottawa, laissant le prêcheur des sables bitumineux au désarroi.

Quelques jours passèrent tout comme les réflexions sur les évènements germèrent, murirent et me menèrent à remettre en question la foi en la longévité réelle de ce virage porteur de progrès emprunté par le représentant du pouvoir exécutif aux États-Unis.

Voici la conclusion que je pus tirer:

Tout d’abord, il est impératif de s’armer de réserve, voire de méfiance à l’égard du personnage qu’est Joe Biden qui, à cet instant, peut bien rayonner dans l’œil de l’activiste longtemps resté bredouille. Rappelons-nous que ce dernier fut élu substantiellement par la frange démocrate progressiste à laquelle il devait bien une dédicace, un hommage une fois arrivé au pouvoir. Or, le quasi octogénaire est aussi le tenant d’un discours d’unité nationale nécessitant de nombreux compromis de sa part pouvant faire à l’occasion reculer les avancées en matière sociale tout comme environnementale.

Ensuite, il est aussi intéressant de mentionner que sur la quarantaine de décisions exécutives qu’il aura déjà prises en date du 26 janvier, soit après six jours passés dans ses nouvelles fonctions, seules les deux précédemment mentionnées (la réadhésion à l’Accord de Paris et l’arrêt du projet Keystone XL) ont une visée environnementale, mais nous y reviendrons. En comparaison, une dizaine de décisions exécutives furent elles, décrétées unique pour la lutte contre la pandémie. Il faut admettre que la situation actuelle en lien avec la propagation du virus est critique aux États-Unis, et qu’en conséquence, une part substantielle des ressources étatiques doivent y être allouées. Or, une fois cette première crise traversée qu’en sera-t-il de la seconde, environnementale celle-là? Méritera-t-elle le même traitement, la même attention, les mêmes moyens déployés?

Inutile de se surprendre si les belles paroles actuelles digressent en une prise en charge minimaliste et même insuffisante à la résolution de la grande problématique de notre époque (la crise environnementale). Pour cette raison, la lutte et la mobilisation en faveur d’un changement de paradigme écologique appartiennent encore à l’avenir.

Par changement de paradigme, je ne suggère pas la prise de quelques mesures plus ou moins concrètes pour pallier la situation sans oser altérer les assises du système sacro-saint d’infinie croissance économique elle-même reposant sur une impossible et infinie croissance de notre consommation énergétique. Une réelle refonte de nos perceptions sur l’environnement et ses fonctionnements doit s’effectuer.

La Terre ne recèle que d’une quantité fixe de matière en continuelle transformation vers son état d’origine comme le pétrole qui, une fois consumé et devenu CO2, reprendra sa place dans la lithosphère. Or, le rythme auquel s’effectue ce cycle est incomparablement inférieur à celui auquel l’humain puise la ressource pour la brûler au moment où j’écris. La pénurie nous guette donc, et le seul moyen envisageable pour éviter de la subir sous forme d’une crise majeure reste la décroissance volontaire de notre consommation énergétique générale et intrinsèquement de nos niveaux de vie.

Plus que jamais, il importe que les engagements signés aujourd’hui au bureau ovale soient respectés mordicus et même renforcés si les circonstances l’exigent, je le conçois. Seulement, la construction d’un oléoduc avortée ainsi que la réadhésion, peut-être purement symbolique et diplomatique, à l’Accord de Paris n’endiguera en rien les 61% d’électricité toujours produite grâce aux énergies fossiles aux États-Unis. Écran de fumée ou pas, les mesures n’ont rien à voir avec les réels changements nécessaires.

L’action citoyenne ne doit donc pas prendre de répit même en cette période qui peut sembler en être une de récolte où l’on commence à entrevoir le résultat de notre mobilisation. Elle doit au contraire s’intensifier afin de freiner les figures dirigeantes et autres groupes ayant intérêt à ce que persiste l’usage de combustibles fossiles pourtant amoral.

En terminant, ne devrait-il pas revenir à la population de faire preuve d’audace lorsqu’elle fait part à son dirigeant de ses aspirations quant à la direction qu’elle souhaite voir sa nation emprunter? Je suis bien conscient de ne pas être étatsuniens et sans doute que vous, mes lecteurs, ne l’êtes pas non plus, mais en plus de notre proximité géographique, le pays qui borde au sud du nôtre impose son influence quasi hégémonique sur l’ensemble du globe. En conséquence, il serait mensonger d’affirmer qu’en vertu d’un soi-disant principe de souveraineté des états, nous ne serions pas, en tant que Canadiens ou Québécois, concernés par les décisions prises par Washington. Faisons pression sur nos autorités directes et continuons à dénoncer les projets d’exploration au Québec ou d’exploitation et d’exportation d’hydrocarbures dans l’Ouest. Cependant, permettons-nous de projeter notre discours et nos requêtes outre les frontières. La crise climatique prend sa source aux quatre coins du monde, ses effets délétères ont la même portée et sa résolution nécessitera sans doute une mobilisation d’un ordre similaire. Demandons plus, appelons à l’abolition du paradigme de croissance infinie, exigeons la mise en place d’un mode de vie carboneutre dans la société de consommation et de production effrénée qui nous entoure. Une fois que les résultats de la lutte arriveront, même si face à nos propositions initiales ils ne représentent qu’une fraction, ce sera là déjà un réel accomplissement.

%d blogueurs aiment cette page :