
Image : Myriam Bourbeau
Dans le cadre du concours d’écriture féministe ayant pour thème « Regard de l’homme », La rédaction de L’Exilé est heureuse de publier le texte de Morgane Gordon, gagnante de la compétition.
i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle à 25 ans on n’a plus peur des monstres sous le lit
on n’a plus peur de se faire attraper par leurs pattes immondes elles ne s’accrochent plus à nos chevilles ne nous attirent plus vers lui
on n’a plus peur de se faire regarder par leurs yeux répugnants qui nous dévisagent et nous espionnent
le monstre vicieux ne se cache plus sous le lit
i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle c’est un compliment un petit surnom affectueux tu es tellement charmante tu capotes pour rien je veux juste être gentil
n’aies pas peur ma belle je te souris mes yeux descendent légèrement avant de retourner aux tiens
n’aies pas peur ma belle ma main sur ton épaule n’est qu’un signe familier
i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle embrasse ta gêne sois fière de ta honte plante-la au plus profond de toi croque d’une seule bouchée la douleur
n’aies pas peur ma belle arrache ton amertume subit la violence passive laisse-toi marcher dessus pour savoir ce que ça fait
n’aies pas peur ma belle ignore-le avale ta voix tu n’es pas écoutée de toute manière
i am the monster under your bed
n’aies pas peur ma belle tu es une femme au dos rond au corps ondulé la pièce de viande de ton corps se déchire sous tes propres dents
n’aies pas peur ma belle tu es une femme au passé joyeux au regard éteint tu vas être un objet brisé utile
n’aies pas peur ma belle tu es une femme qui a peur d’être femme laisse-moi t’expliquer comment être femme
n’aies pas peur ma belle aiguise tes cicatrices elles ne sont que mentales