Biodiversité, pandémies et mobilisation étudiante 

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Photo: Élodie Lorimier

« Fischia il vento e infuria la bufera 

Scarpe rotte eppur bisogna andar 

A conquistare la rossa primavera 

Dove sorge il sol dell’avvenir » 

« Le vent hurle et la tempête fait rage 


Tes chaussures sont cassées et pourtant tu dois partir 

Aller conquérir le printemps rouge 

Où se lève le soleil des jours futurs » 

Extrait de la chanson révolutionnaire italienne « Fischia il vento »)

Jeudi le 1er décembre devait avoir lieu une assemblée générale de grève de l’Association générale étudiante du Cégep du Vieux Montréal (AGECVM) où allait être discutée la tenue d’une éventuelle grève pour la biodiversité et contre la COP15. Malgré les efforts considérables menés par les membres du syndicat étudiant dans le but de mobiliser la population étudiante autour de cet enjeu, celle-ci n’a pas été au rendez-vous jeudi. En effet, l’assemblée a dû être annulée du fait que trop peu d’étudiants s’y sont rendus, 645 étudiants (10% de la population étudiante) devant être présents pour que les décisions de l’assemblée soient considérées comme démocratiquement valides.  

Mais que signifie ce manque d’engagement étudiant, quelles pourraient être ses causes?  

Pour commencer, il faut dire que depuis la pandémie, l’AGECVM, comme d’autres organisations militantes, a été aux prises avec un problème de mobilisation inédit. Il est plus difficile que jamais de convaincre les étudiants de participer aux assemblées générales de leur association étudiante. De la même manière, bien que les choses aient tendance à s’améliorer, les étudiants sont maintenant moins nombreux à s’impliquer dans leur association étudiante. Il est probable qu’ayant vécu durement la crise de la Covid-19 et les nombreux confinements qui en découlèrent, une partie des étudiants se soient refermés sur eux-mêmes politiquement et qu’ils ne souhaitent plus se soucier de considérations autres que celles qui les concernent individuellement et dans l’immédiat.  

Il faut considérer en plus qu’en détruisant les liens sociaux et en plaçant la population dans un certain état d’urgence, la pandémie à créer une crise de la santé mentale d’une ampleur inédite, dont les étudiants sont entre autres victimes.  

Agir politiquement ou mourir 

La population étudiante doit absolument sortir de son état d’apathie actuel. L’apolitisme n’existe pas, ne pas s’impliquer politiquement revient à céder son pouvoir à d’autres, aux riches et aux puissants. Ne pas participer à ses AG de grève, ne pas s’impliquer en politique, ne pas participer à la vie de son association étudiante, cela revient à laisser les rênes de notre avenir à ceux qui sont en train de le détruire.  

Notez que de nombreux scientifiques qualifient la Covid-19 de zoonose, soit une épidémie d’origine animale. La pandémie serait une conséquence de la pression exercée par les activités humaines sur les écosystèmes. Les épidémies de la sorte seraient aujourd’hui de plus en plus fréquentes. (1)  

La pandémie de la Covid-19 est donc à placer en lien direct avec la destruction exponentielles des écosystèmes menée par notre modèle économique capitaliste, productiviste et consumériste. Cela nous ramène à la question de la biodiversité et de la disparition des espèces. La grève contre la COP15 proposée par l’AGECVM avait justement pour but de lutter contre les conséquences létales qu’a l’inaction des différents gouvernements en matière de protection de la biodiversité. 

En étant inactif, en se repliant sur nous-mêmes, nous participons à la reproduction d’un système économique et politique absurde qui va jusqu’à menacer nos vies même. 

Brisons l’ordre quotidien 

Continuer de vivre nos vies quotidiennes comme si de rien n’était, alors qu’autour de nous le monde est en train de tomber sous nos yeux, n’est plus envisageable. Il faut opérer une rupture de l’ordre quotidien qui nous empêche d’agir en nous enfermant dans l’immédiat. Il faut cesser de reproduire ce système qui est littéralement en train de nous tuer.  

Pour cela, il y a les grèves. Les grèves étudiantes viennent briser cet ordre mortifère de différentes manières. Elles nous libèrent pour un moment, nous donnent une voix et nous permettent de mener des luttes politiques nécessaires. Elles seront sans aucun doute un élément essentiel de la mise en place du mouvement social qui nous sauvera de la menace de la destruction littérale du monde. 

Ce mouvement, il faut le mettre en place. Il nous faut retrouver confiance en notre pouvoir collectif de changer l’ordre des choses. C’est aujourd’hui notre devoir et notre plus grand intérêt.  

P.S. Ce texte est librement inspiré d’une conférence d’Alain Deneault intitulée « Nature, économie et pandémie » ayant eu lieu au Cégep du Vieux Montréal, le 12 avril 2021, dans le cadre de la Semaine de la citoyenneté : Pour une autre suite du monde. 

  1. Piedboeuf, G (9 avril 2020). Comment la planète a manqué le bateau. Récits numériques (Radio-Canada). Repéré le 1er décembre 2022 à https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/843/pandemies-science-zoonose-solutions-prevention-virus-covid-19 
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