Le vieux bonhomme

Crédit: Clovis Fecteau

Assis sur son perron, le vieil homme contemple l’horizon. Ses yeux profonds comme la mer, le regard sombre, plongé dans le tableau naturel et majestueux d’une mer déchainée. Sa masse sombre et mouvante s’écrasant de toute sa puissance sur les côtes, grugeant sans pitié les falaises rouges. Engloutissant ses sables pourpres dans ses abysses insondables. Des tonnes et des tonnes d’eaux s’affrontant violemment au rythme rapide et saccadé des tambours célestes. Les coussins envoutants des cieux, valsant au-dessus du champ de bataille, au rythme symphonique et unique d’un puissant tonnerre baisant avec la pluie. Les danseurs, déchirés par de violents faisceaux crachant leurs multiples bras, zébrant la salle grandiose de leurs funèbres éclats, continuent tout de même leur danse sans fin. Que nous nous sentons petits et impuissants devant cette scène érotique vieille comme le monde. Et petits, nous sommes accrochés au sol par le seul poids de notre corps, ballotés et fouettés de tous bords tous côtés par les ébats divins de cette nature grandiose qui s’adonne ironiquement au premier acte de la vie. Et le regard rivé dans la profondeur cataclysmique de cette immensité inébranlable, le simple batelier se laisse émerveiller des forces titanesques et imprévisibles auxquelles il fait face. Le vieux bonhomme, comme un enfant qui regarde pour la première fois un clown, admire cette jonglerie d’éléments comme pour la première fois. Juché sur le haut d’une falaise, à l’abris des caprices du golfe, le vieux pêcheur laisse aller son regard de nouveau enfantin pour la millième fois sur cet orchestre royal.  

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