
Crédit: Université Laval
Des résultats d’élections controversées, oui, mais un nouveau portrait politique diversifié dont nous pouvons être fiers.
Depuis presque toujours intéressé et impliqué dans la scène politique, surtout du Québec, j’avais envie de parler de politique, mais j’avoue, dégouté par les résultats, je ne le cache pas, je n’avais pas envie d’être le 300e à parler de distorsions ou de défaites historiques. J’ai donc effectué mes recherches pour trouver quelque chose de plus positif.
Le 3 octobre dernier, les Québécois se rendaient aux urnes1 pour élire les députés qui allaient composer la nouvelle Assemblée nationale du Québec. Mais ça, vous le saviez et j’espère que toutes celles et ceux qui étaient en mesure de voter l’ont fait.
Et maintenant les résultats tombés, qu’importe le parti pour lequel vous avez voté ou auquel vous vous identifiez et si vous avez ou non gagné vos élections, le Québec peut être fier. En effet, même si le résultat des élections avec le mode de scrutin actuel et les distorsions qu’il a créé ont généré un raz-de-marée d’indignation et de questionnements au Québec, ces élections ont eu, sur d’autres plans, dont celui de la diversité, des résultats historiques qui méritent d’être soulignés.
22%, c’est le pourcentage de députés issus de la diversité au Québec qui siégeront dans la nouvelle Assemblée nationale à la suite des élections du 3 octobre dernier.
22%, un chiffre duquel nous pouvons être fiers, car bien que difficile à calculer précisément, il est sans équivoque, selon les chiffres de Statistique Canada, équivalent ou supérieur à la représentation des diversités dans la population. À savoir que par diversité, on inclut les personnes qui ne sont pas d’origine britannique ou française, qu’elles soient visibles ou non. Les chiffres n’incluant pas les personnes autochtones.
La première femme autochtone a été élue députée à l’Assemblée nationale.
La caquiste Kateri Champagne Jourdain de la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam a gagné son siège dans une circonscription de la Côte-Nord avec une écrasante majorité de plus de 3 000 voix sur le second candidat en liste.
À noter également que pour les 22,4% de la population canadienne issue de la diversité, c’est seulement 14,8% des sièges qu’ils obtiennent à la Chambre des communes. Pour les élus noirs, la situation est bien loin d’être meilleure au fédéral avec 1,5 % des élus contre 3,5 % de la population, alors qu’au Québec, le tableau s’inverse avec une représentation de 4% pour une population de 3,9%.
Ottawa n’aura donc qu’à se regarder dans le miroir avant de donner quelconques leçons aux Québécoises et Québécois en matière d’ouverture et de diversité.
Même chose du côté de la parité, c’est presque chose faite au Québec qui se situe, selon les chiffres de 2021 du « Inter Parliamentary Union2 » au 4e rang mondial avec 46% de femmes députées, alors qu’à Ottawa, le fédéral obtient la 19e place avec 30,5% de présence féminine à la Chambre des communes.
Connaissez-vous beaucoup d’autres états qui peuvent se vanter d’une meilleure représentativité? Pas moi.
Cependant, signe du clivage qui sépare la métropole québécoise du reste du Québec, c’est bien à Montréal que l’on retrouve la plus grande concentration de diversité par rapport à son poids démographique ; 37% de députés issus des minorités pour un peu moins du tier de la population de la ville. Évidemment, ce n’est pas une grande surprise pour la métropole qui s’est toujours démarquée du reste du Québec sur le plan de la diversité et de l’inclusion. Bien sûr, il reste que ces résultats ne devraient pas être instrumentalisés par les politiques pour accentuer la lutte déjà existante entre les centres urbains et les régions.
Sans conteste, il y a encore beaucoup à faire ; notre mode de scrutin actuel et le faible taux de participation, plus particulièrement chez les jeunes, inquiètent certains électeurs et analystes qui y voient une menace pour la démocratie. Le Québec a toutefois de quoi être fier de cette représentativité unique et historique.
Moi, j’en suis fier. Vous pouvez l’être aussi.