
Tous les êtres vivants sont animés par la passion de vivre. Cette force les pousse à conserver l’équilibre précaire permettant le bon fonctionnement de leurs processus biologiques, face à la nature chaotique de l’univers. Il s’agit donc en fait d’une lutte perpétuelle contre la mort. Au moindre dérèglement de l’organisme, le corps répond par une pulsion opposée. Celle-ci se manifeste dans la conscience par l’expérience de la douleur.
L’humain est un animal social qui a recours à la communauté pour répondre à une part importante de ses besoins. Nous vivons tous au sein d’un réseau complexe d’interdépendances qui nous lie aux différents membres de nos communautés.
Le sens social vient de la possibilité pour un sujet de faire confiance aux êtres qui l’entourent. Celui-ci, pour s’épanouir pleinement, doit se sentir en sécurité parmi les siens et ne pas voir en eux une menace perpétuelle à son intégrité mentale ou physique. Pour atteindre un sentiment de sécurité et d’harmonie avec le monde et l’existence, le sujet doit être en mesure de compter sur l’aide de ses voisins quand il se retrouvera dans une situation où il sera menacé.
Pour moi, le sens de la vie est donc lié étroitement à la pulsion de vie et à la solidarité sociale. Une personne qui agit à l’encontre de la solidarité a de bonne chance de souffrir de l’absurdité de son existence. Faire souffrir un autre, l’approcher de la mort, c’est rendre possible l’agression des êtres humains entre eux et donc éventuellement sa propre agression de la part d’un autre. L’humain, comme tout être qui vit, déteste passionnément la mort, il ne peut donc pas, sans souffrance psychique, imposer la mort totale ou partielle à un autre, cela lui semble incohérent, sa nature le poussant à considérer la mort de toute autre personne comme étant socialement la sienne.
Le sens qu’un être humain trouve à sa vie dépend donc avant tout de l’harmonie sociale. Quelqu’un vivant dans une société absurde aura tendance à être malheureux, de la même manière qu’un être humain qui agit de manière absurde aura tendance à en souffrir. Être heureux, c’est cultiver l’harmonie et la solidarité au sein de soi-même et de la société.