
La grève étudiante de 2012 a beaucoup été couverte par les médias ainsi qu’analysée par les historiens et les sociologues. À l’époque, le Collectif de débrayage a voulu, en sortant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, offrir un point de vue interne des débats qui parcouraient les manifestations.
Le collectif
Le Collectif de débrayage s’est créé en produisant On s’en câlisse : Histoire profane de la grève, printemps 2012, un livre publié peu de temps après les manifestations de cette année-là. Composé d’une dizaine de membres ainsi que de collaborateurs, il était surtout constitué d’universitaires, des personnes qui avaient notamment vécu les importantes grèves antérieures, comme la grève étudiante de 2005 en réaction à l’éventuelle coupure des prêts et des bourses du gouvernement Charest.
Les membres soulignent que le nom du collectif fait référence au mouvement de grève. En effet, le nom « débrayage » vient du verbe à connotation familière « débrayer » qui signifie « arrêter de travailler », « se mettre en grève ». Ils spécifient aussi que c’est l’action qui permet le processus d’arrêt d’une voiture manuelle, donc une manière de mettre les freins sur des situations questionnables.
Une œuvre de « vrais grévistes »
Les membres du collectif, qui ont préféré garder l’anonymat, voulaient faire un grand portrait de ce qui se passait durant la grève. Une participante dit qu’ils « sentaient l’urgence d’écrire à ce moment ». Ils voulaient se distancier des points de vue d’historiens et de sociologues qu’on voyait dans les médias.
Le titre « On s’en câlisse » s’est imposé selon les membres. Celui-ci vient du slogan « La loi spéciale, on s’en câlisse » qui parcourait les manifestations en 2012. Il rappelait l’objectif de l’ouvrage en mettant en valeur une parole collective de la rue, tout en appelant à la revendication avec un vocabulaire du joual québécois.
Les membres du collectif disent aussi que l’ouvrage sert à l’usage des futures grèves. L’un de ceux-ci parle notamment de la cyclicité des grandes manifestations étudiantes. Selon lui, il y a toujours des sujets à débats comme les assurances collectives, la rémunération des stages, l’évincement des associations étudiantes, etc.
L’après On s’en câlisse
Le collectif dit qu’avec l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois et la mise en place de la Charte des valeurs québécoise, il y a eu une repolarisation de la politique, en passant du sujet des frais de scolarité à l’immigration, par exemple. Une réédition de l’ouvrage a été faite en 2014 afin d’ajouter des précisions à ce sujet.
En 2015, le collectif publie Fuck toute, un autre ouvrage sur le mouvement étudiant plus minoritaire qui se produisait à ce moment. Un titre qui rappelait encore le slogan rural qui s’entendait cette année-là. Ils publiaient des chroniques quotidiennes sur leur site web Le littoral qui ont été compilées par la suite pour former cette œuvre imprimée.
10 ans plus tard
Le Collectif de débrayage n’est aujourd’hui plus actif. Cependant, il prépare un événement sur On s’en câlisse qui est prévu le 14 mai prochain à 15h dans la programmation d’une exposition sur les archives du Printemps érable présente durant tout le mois de mai au 2012 rue Saint-Denis, une adresse qui n’aurait pu être mieux choisie pour l’occasion.
L’un des membres du collectif mentionne que « la grève est toujours suspendue » et que le collectif ne souhaite pas entrer dans une logique de célébration pour ces futurs événements, mais plutôt dans une commémoration de sujets qui sont toujours d’actualité. « Ce n’est pas pour être dans une pure nostalgie, mais pour dire que les questions qui se posaient se posent encore, les problèmes dont on a discuté, ils évoluent encore […] c’est se donner une occasion de mettre à jour le livre », dit également ce même membre.