Textes gagnants du concours d’écriture féministe

Au féminin

Tragédie d’une jeunesse dorée 
Il était une fois petite Aphrodite aux cheveux bouclés
Une victime de symétrie
Une proie de la vie

Princesse des poubelles, beaucoup trop pubère
Elle fréquente des bars cramés, elle est bien arrangée, bien parfumée
Recherche des requins qui désirent sa chair et méritent son amour 
Des bleus à la place de bisous 

Les veines débordent de spiritueux et la tête tourne
Peur de la vieillesse, peur de l’homme couché dans son lit double
L’amnésie du lendemain porte un goût amer
Fillette avale ses souvenirs en eau de javel 

Petite Aphrodite a la figure digne d’un magazine
Un regard azuré perçant les yeux à travers
Toujours célibataire, son grand cœur derrière barrières
Tout ce qu’elle touche, elle détruit

Elle ne reconnaît pas son ombre, son reflet dans le miroir
Intestin vide depuis avant-hier soir 
Il faut souffrir pour être belle
Mais cette peine, parles-en pas, c’est naturel

Autant de haine dans un si petit corps de plumes
Les femmes mentent, jouent des personnages purs
Hantées par l’insécurité et l’amertume
Et toi, jalousie, tu les tues

La beauté fatale entame le drame, entame obsession et déprime
Des poumons noirs de goudrons et des larmes
La perfection n’est pas facile à acquérir
Il y en a plein, des filles désir 

Le mystère, c’est comment elles survivent

– Andreea Afronie (AA)

Sororité

J’aimerais pouvoir écrire
Des sonnets, des chants de mes sœurs de cœur
Inventer un langage menstruel qui écœure
Les chiens aimant détruire

Ainsi je noie les aboiements fébriles
Je nettoie mon deuxième sexe en profondeur
Mais les échos demeurent dans la vapeur
Impossible d’être stérile

J’aimerais pouvoir crier des mots doux
À toutes les femmes qui ne se tiennent plus debout
Quand je ne serai plus désolante

Que des larmes ensanglantées dans le silence
J’entends l’appel d’une petite fille innocente
Et la page reste blanche

– Andreea Afronie (AA)

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