Note: Les opinions exprimées n’engagent que l’auteur-e du texte et ne réflètent pas la vision du journal étudiant « L’Exilé ».
À l’automne dernier, le gouvernement du Québec a fait un pas dans la bonne direction en dévoilant le Plan d’agriculture durable 2020-2030 (PAD) visant à « accélerer l’adoption de pratiques agroenvironnementales responsables et performantes afin de répondre aux préoccupations des acteurs du milieu agricole et des citoyens* ».
Les industries de l’alimentation et de l’agriculture représentent des milliers d’emplois, d’énormes sommes d’argent et un système de gestion extrêmement complexe. Ces secteurs sont reliés à une multitude d’enjeux environnementaux en plus de tenir un rôle décisif dans la transition vers une société plus verte.
Après notre analyse du PAD, nos recherches et échanges sur l’agriculture durable, nous venons à la conclusion que ce plan doit présenter des cibles plus ambitieuses afin d’accélérer la transition verte. Même si celui-ci repose sur de bonnes bases, il ne semble pas tenir compte de l’urgence climatique à laquelle l’humanité doit faire face. Nous ne pouvons plus nous contenter de demi-mesures!
Le Plan d’Agriculture Durable 2020-2030
Ce plan prévoit un investissement de 125 millions sur les 5 premières années, visant à accélérer l’adoption de pratiques agroenvironnementales durables touchant cinq points principaux: réduire l’usage de pesticides et leurs risques pour la santé et l’environnement, améliorer la santé et la conservation des sols, améliorer la gestion de matières fertilisantes, optimiser la gestion de l’eau et améliorer la biodiversité.
Les enjeux auxquels celui-ci s’attaque sont pertinents: l’usage excessif des pesticides et des produits chimiques est un problème pour la protection de notre santé et de nos écosystèmes. Toutefois, en se penchant sur les objectifs concrets qui sont établis, on est rapidemement déçu. Par exemple, le PAD vise à réduire de 500 000 kg la vente de pesticides. Cela équivaudrait à une baisse de seulement 15% de leur utilisation, et ce, sur une durée de 10 ans! Les experts n’ont pas manqué de souligner le manque d’ambition de ses cibles et de son envergure, considérant la période et le budget qui sont prévus. Nous pouvons et nous devons exiger plus pour vraiment faire changer les choses.
L’atteinte des objectifs du plan fonctionne sur un système de reconnaissance pour inciter les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques. Un tel système fonctionnera par « la rétribution des pratiques agroenvironnementales basée sur l’atteinte de résultats et le partage des risques** ». Le gouvernement alloue la plus grande part du budget (70 millions) à cet effet. Cette partie du plan est fondamentale: on doit soutenir concrètement nos agriculteurs et agricultrices pour une transition verte.
Il est vrai que les agriculteurs ne devraient pas avoir à supporter seuls les coûts que peut impliquer une transition durable. Toutefois, nous croyons que cela ne sera pas suffisant pour changer la pratique des grands pollueurs en agriculture puisqu’ils pourront continuer sans pénalité leurs pratiques axées sur l’utilisation intensive des pesticides, la monoculture et la production massive. En continuant de soutenir ceux qui font des progrès, plusieurs proposent aussi de mettre en place une taxe de 10 à 15% sur la vente des pesticides***. Un plan d’agriculture durable complet doit inclure de telles mesures.
Bref, ce Plan d’agriculture durable 2020-2030 démontre que le gouvernement est prêt à faire un pas vers la transition verte. Cependant, nous exigeons des cibles plus élevées. Nous sommes capables de faire beaucoup mieux! Avec un système de reconnaissance fort et des punitions pour les grands pollueurs agricoles, nous pourrions accélérer le changement. Les efforts que nous appliquons doivent être à la hauteur du défi climatique mondial de notre époque. Aux grands problèmes, les grandes solutions!
Sincèrement,
Le Comité COP 26 du Cégep du Vieux Montréal, Alyssa Vézina, Édouard Bernier-Thibault, Frédérique Bordeleau, Orianne Démontagne, Stella Dalbec Chabot et Xavier Courcy-Rioux.
*, ** Gouvernement du Québec, « Agir, pour une agriculture durable – plan 2020-2030, » Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
*** Commission de l’Agriculture, des Pêcheries, de l’Énergie et des Ressources Naturelles; « Examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement, ainsi que les pratiques de remplacement innovantes disponibles et à venir dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, et ce en reconnaissance de la compétitivité du secteur agroalimentaire québécois », Assemblée Nationale du Québec, Février 2020