Le 15 mai prochain, 110 professeur.e.s de l’Université Laurentienne à Sudbury se retrouveront sans emploi, après un licenciement annoncé le 12 avril dernier. Leur employeur leur a donc donné un mois, en pleine pandémie, pour se trouver un nouveau travail, potentiellement déménager, réorganiser leur vie familiale et faire le deuil de leur carrière laurentienne.
« On m’a lu un texte en anglais qui a duré moins de trois minutes [par Zoom]. La vice-rectrice en enseignement nous a dit “Vous êtes là parce que votre emploi se termine le 15 mai.” »
François Boudreau, désormais ancien professeur de travail social de l’Université Laurentienne
Dès que François Boudreau a appris l’ampleur des problèmes financiers de la Laurentienne, il a décidé, début février, de devancer sa retraite de deux ans pour soulager l’Université de son salaire. Sa retraite était donc planifiée et devait commencer le 30 juin 2021, soit un peu plus d’un mois après le 15 mai. Toutefois, lui et 27 autres professeur.e.s qui partaient en retraite cette année ont été licencié.e.s avec les 83 autres. C’est donc après 32 années de carrière et de service au sein de cette institution que François Boudreau se voit remercié par l’Université qui n’a pas respecté sa date de départ prévue, ni son départ de retraite qui était pourtant un geste de bienveillance. Il nous apprend aussi qu’il fut le seul de l’École de service social à avoir perdu son emploi : « Si je n’avais pas demandé ma retraite, je serais encore à l’emploi de la Laurentienne. » Le désormais licencié dit « qu’après 32 ans de service, je voulais quitter dans l’honorabilité et dans la dignité. Je me vois privé de ce rapport qui n’arrive qu’une fois dans sa vie, celui de quitter l’emploi qu’on a occupé pendant 32 ans. Je me sens insulté et je sens que personne ne considère ce que j’ai contribué à la Laurentienne. »
François est un parmi 110 personnes qui se retrouveront sans emploi dans quelques semaines, et il n’est pas le seul à partir dans un contexte éprouvant. Des gens dont la carrière entière reposait sur cet emploi, des parents et même des parents en devenir comme Valérie Raymond, professeure au département d’études françaises qui ne recevra aucune indemnité (les papiers concernant son congé de maternité étaient signés et l’Université a fait volte-face), mais qui a accouché à la fin avril, perdront leur source de revenu, et ce, dans un contexte pandémique. La perte se fera certainement ressentir au sein de l’institution, car ces professeur.e.s étaient souvent des mentors, des sources de soutien et surtout, des gens inconditionnellement dévoués à leurs étudiant.e.s.