La fin de session approche (peut-être êtes-vous déjà dedans). Dans tous les cas, j’écris encore sur de la nouvelle musique pour relaxer entre deux examens ou pour une session d’étude intensive. Tous deux sortis en mars 2021, les projets que je vous propose ont en commun le renouveau d’une identité artistique. J’ai donc eu l’opportunité de m’entretenir avec les principaux intéressés pour vous présenter Le grand héron d’Alexandre Duguay et Printemps de Filpo.
Le grand héron – Alexandre Duguay
Né dans une famille de musiciens, Alexandre Duguay commence son parcours musical en piano et en chant classique, puis touche au jazz au secondaire et poursuit son exploration en s’inspirant de plusieurs genres, allant même plus récemment jusqu’au rap et au beatmaking. C’est en cherchant une nouvelle façon de présenter ses projets qu’il décide d’effectuer un travail complètement solo. Avec l’apprentissage autodidacte de la guitare et une période de nouvelles découvertes musicales plus proches du folk, c’est en partie pour se mettre au défi et découvrir tout ce dont il est capable qu’il se lance dans la création de Le grand héron.
Alexandre Duguay (A.D.) : « Ce projet-là, je l’ai enregistré moi-même dans mon salon, j’ai fait la guitare, le piano, la bass… tout ce qu’on entend! J’ai même fait le mix! »
Le grand héron, c’est un EP touchant. Je dis touchant, car c’est le premier effet que j’ai ressenti après l’écoute. Avec ses airs doux à la voix et ses harmonies recherchées, tantôt rafraichissantes, tantôt conflictuelles, il émane de chaque pièce une énergie qui crie l’émotion. Le mélange d’instruments qu’on entend à un moment ou un autre dans le EP crée chaque fois un nouveau son, une nouvelle couleur musicale et ça rend le tout encore plus agréable. C’est envouté par la guitare sèche caractéristique de tous ses morceaux qu’Alexandre Duguay nous fait traverser des textes empreints de poésie.
A.D. : « C’est un désir de créer pis de le faire entièrement en français avec un langage plus poétique, un peu vaporeux, rêveur. J’aime que les textes donnent l’espace à l’interprétation. »
La suite pour Alexandre : il n’y a rien de coulé dans le béton. Cette nouvelle identité musicale lui plait et il dit souhaiter conserver une certaine uniformité stylistique, mais le désir de recherche de nouveaux sons demeure toujours en lui. On peut peut-être s’attendre à des collaborations ou à encore plus d’instruments joués par une seule et même personne! Dans tous les cas, comme Alexandre le dit si adroitement, c’est un projet qui porte bien son nom, « à l’image du grand héron : patient, solitaire », mais j’ajouterais : « et majestueux ».
Printemps – Filpo
Créé un peu avant la pandémie, Filpo est le nouveau groupe du guitariste, chanteur et auteur-compositeur Paolo Philpot, anciennement à la tête de Cherry Chérie. Avec Gabriel L’Heureux à la basse, Gabriel Lapointe à la batterie et Paul Aubry aux claviers, le quatuor se lance dans le rock indie le plus total avec l’album Printemps. Le groupe, alors sans nom, entre en studio au début de l’année 2020 pour enregistrer certaines pièces et se construire une nouvelle identité sonore, mais l’arrivée de la Covid-19 vient changer la donne. Les concerts étant en temps normal leur principale source de revenu en tant que musiciens indépendants, Paolo et ses camarades doivent tout d’un coup retrouver une certaine stabilité autrement. Malgré tout, pour le projet Filpo, la pandémie aura mis en marche certaines choses.
Paolo Philpot (P.P.) : « La pandémie nous a permis de réfléchir à comment on allait présenter ça au public pis de prendre la décision de lancer un nouveau projet. »
En mars 2021, le groupe nous offre donc un album de 10 plages traversant un vaste tableau de couleurs et d’environnements. C’est ce qui fait tout le plaisir lors de l’écoute : l’évolution, le changement. En plus de caractériser l’album pour ses créateurs, ces thèmes s’entendent dans sa construction et dans la musique même. Chaque pièce suit son propre chemin, assurant ainsi une constante nouveauté durant la découverte de l’album.
P.P. : « Les thématiques de l’album, c’est beaucoup le renouveau, le changement. Ça parle d’amour : de là le titre Printemps. »
À travers les solos de Paul Aubry et les riffs de Gabriel L’Heureux, les textes de Paolo, agrémentés par le jeu puissant de Gabriel Lapointe, passent comme une flèche et nous font vivre ou revivre ses désirs d’émancipation, de revendication et de recherche de soi dans lesquels on se retrouve tous. Un rock aux synthétiseurs très 1970 à l’inspiration punk et à forte tendance 1990 : la recette du bonheur.
P.P. : « Les textes et leur écriture sont très importants pour moi. Je m’inspire beaucoup de jeunes poètes québécois, de la littérature. Je voulais vraiment inscrire le projet dans la tradition québécoise de la chanson. C’est un peu le pont entre le côté anglo-saxon du rock et les textes plus québécois, avec une dimension collective et sociale. »
Avec l’été qui vient, difficile de dire ce qui sera possible côté concerts, mais l’idéal pour Filpo serait d’avoir l’occasion de performer en spectacle avec son nouvel album et le présenter au public en direct. Sinon, ce sera du nouveau travail de studio. « Difficile de relancer la création quand on n’a pas eu la chance de jouer notre musique », explique l’auteur-compositeur. Pour l’instant, je ne peux que vous recommander d’aller écouter Printemps en masse et d’encourager ces excellents musiciens, en attendant de pouvoir apprécier le tout en personne.
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Vous êtes musiciens, vous cherchez de la visibilité, que vous alliez au Cégep du Vieux Montréal ou non, contactez-moi et je me ferai un plaisir d’écouter votre travail.