Couvrir l’Amérique

Le 20 janvier dernier a marqué la fin du mandat du président républicain Donald Trump. Pendant ces quatre années à la présidence, les critiques envers les médias ont été présentes dans le message présidentiel. Comment les journalistes affectés aux États-Unis voient-ils ce mandat?  Entrevue avec deux correspondants francophones qui couvrent les États-Unis. Ils ont été joints par L’Exilé au mois de décembre, donc avant les événements du capitole et l’investiture de Joe Biden.

Raphaël Grand (RTS)

Raphaël Grand est correspondant aux États-Unis depuis 2017 après avoir été en Chine pour la Radio Télévision Suisse (RTS)*.  Il intervient principalement à la radio, un de ses collègues étant affecté à la télévision. À la question qui demande si 2020 a été une année compliquée, il répond oui sans hésitation. Pour deux raisons : le président Trump était un président difficile à cerner et la pandémie a compliqué le travail des journalistes. Contrairement aux grands réseaux américains, les médias étrangers (cela dépend du média bien sûr) disposent d’une petite équipe. Il décrit la période Trump comme « presque un âge d’or » et un « spectacle permanent ». Au moment de l’entrevue, l’investiture de Joe Biden n’avait pas encore eu lieu, mais il décrivait l’actuel président comme étant quelqu’un de beaucoup plus calme. Le journaliste relate les quelques fois où il a dû retravailler ses topos sur le président, chamboulé par un de ses nouveau tweet en rapport avec l’actualité. Finalement, à la question demandant si un journaliste étranger peut obtenir des sources et des contacts comme les journalistes des grands réseaux américains, il répond : « Pour obtenir une interview d’une personne, il faut que cela lui serve ». Cela ne servirait pas à Donald Trump par exemple, de s’exprimer sur les ondes de l’audiovisuel public suisse alors que sa base électorale est aux États-Unis. Des entrevues sont tout de même possibles avec quelques personnes, mais il ne faut pas s’attendre à quelque chose de grandiose.

Raphael Bouvier-Auclair (Radio-Canada)

Également correspondant aux États-Unis depuis 2018 en remplacement de son collègue Yanik Dumont Baron parti à Paris, Raphaël Bouvier-Auclair travaille pour Radio-Canada. Il a été reporter national en Alberta et correspondant parlementaire à Ottawa. D’emblée, il aborde les impacts que la COVID-19 a eu sur son travail, ces impacts sont par ailleurs toujours présents ; Au mois de décembre, les déplacements demandaient davantage d’organisation. Le bureau de Radio-Canada étant un bureau présent dans un immeuble où des journalistes d’autres médias sont présents, les journalistes devaient (les mesures à l’heure actuelle sont inconnues) subir une quarantaine. Durant les élections présidentielles, quelques journalistes supplémentaires ont été déployé.e.s en tant qu’envoyé.e.s spéciaux afin de venir en aide aux journalistes déjà sur place. Par ailleurs, aucun journaliste de Radio-Canada n’est présent à la Maison-Blanche contrairement à leurs collègues de la CBC. C’est pour cette raison que Raphaël Bouvier-Auclair se décrit, ainsi que ses collègues, comme correspondants aux États-Unis et non comme correspondants à Washington, à la Maison-Blanche. Cela permet de mieux cerner les enjeux qui entourent le pays. Fait à préciser : un seul journaliste québécois est présent à la Maison-Blanche pour le réseau TVA, il s’agit de Richard Latendresse.

Et maintenant? 

Comme indiqué plus haut, les entrevues ont été réalisées au mois de décembre sans savoir que l’assaut du Capitole du 6 janvier dernier allait se produire. Les journalistes présent.e.s à la Maison-Blanche ainsi qu’aux États-Unis ont dû couvrir cela et ont vu une ville hyper sécurisée à quelques semaines de l’investiture d’un nouveau président après un mandat de quatre années agitées. Une chose est certaine : ils ne manqueront pas de sujets à couvrir sur le sol dans notre pays voisin. Le verdict rendu le 20 avril dernier rendant coupable l’ex-policier Derek Chauvin de meurtre au deuxième et troisième degré et d’homicide involontaire ayant causé la mort de George Floyd a amené beaucoup de réactions dans le pays. Raphaël Bouvier-Auclair était présent avec une de ses collègues aux abords du palais de justice de Minneapolis lors de l’annonce du verdict. En résumé, les enjeux à couvrir ne manqueront pas et les journalistes sur place ne vont pas s’ennuyer. Ils ne savent pas à l’avance ce qui va se passer lors de ce mandat de quatre ans sous la bannière démocrate. À voir dans les prochaines années !

* Volet francophone de l’audiovisuel public suisse qui compte quatre divisions soit une par région linguistique, NDLR.

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