Au Cégep du Vieux Montréal on retrouve, à ce jour, quelques centaines d’étudiant(e)s qui sont également des parents. Ils doivent gérer leurs études tout en s’occupant de leurs enfants. Chapeauter ces deux rôles est un travail à temps plein qui demande du courage et de la détermination. Deux étudiantes en Technique d’éducation spécialisée du Vieux se sont confiées sur leur réalité d’être mamans aux études.
Retrouver les bancs d’école
Audrey Lancourt-Lessard, 35 ans, en est à sa quatrième session en éducation spécialisée. Elle a fait un retour aux études après une dizaine d’années sur les plateaux de tournage, notamment sur celui de Toc Toc Toc où elle a interprété le rôle de Zalaé pendant huit ans (les vrais fans la reconnaîtront). Maman d’une petite fille de trois ans et demi, elle mentionne que la naissance de celle-ci l’a poussée à retrouver les bancs d’école. Avec son travail de comédienne qui était à temps partiel, Audrey souhaitait trouver un emploi stable avec lequel elle pourrait se servir de l’art et du théâtre afin d’aider les personnes en difficulté.
« C’était une adaptation sur plein de niveaux […] autant pour concilier famille, études, travail, mais aussi de se replonger dans les livres et le traitement de texte. »
Audrey Lancourt-Lessard
De son côté, Mélanie Turp, 41 ans, fait également un retour aux études dans le même programme qu’Audrey. Mère de trois enfants, l’un au cégep, l’autre au secondaire et la dernière au primaire, Mélanie a décidé d’enrichir son parcours professionnel. Ayant eu son premier enfant assez jeune, elle a complété un DEC en éducation à la petite enfance en 2013. Ce fut son premier retour aux études. Depuis l’automne 2019, elle ajoute à son baggage l’éducation spécialisée, son deuxième retour aux études. Mélanie mentionne qu’elle aime apprendre et que si elle en avait les moyens et le temps, elle approfondirait ses connaissances dans d’autres domaines.
La vie d’un parent au cégep
Le quotidien d’un parent aux études n’est pas de tout repos. Mélanie Turp continue de travailler à temps partiel dans une école primaire, alors qu’elle étudie à temps plein. De plus, cette session, elle doit compléter un stage non-rémunéré de trois jours chaque semaine. Avec la famille en plus, c’est beaucoup d’organisation. Elle suit ses cours le matin et elle travaille le midi et le soir. Elle mentionne aussi qu’ils sont quelques-uns dans son programme à vivre la même situation qu’elle. Audrey Lancourt-Lessard a opté pour un programme allégé cette session. Elle suivra trois cours au lieu de cinq et elle a reporté son stage en grande partie à cause de la pandémie et parce qu’elle veut profiter de sa famille. À vrai dire, Audrey mentionne qu’elle met énormément de temps dans ses études, car elle veut exceller dans ce qu’elle fait. Lors des dernières sessions, cela pouvait créer quelques tensions dans son climat familial. De 20h, après avoir bordé sa fille, jusqu’à 23h, elle replongeait dans ses études.
« Des fois, je suis plus vieille que le prof! Ça c’est gênant! »
Mélanie Turp
Les bénéfices de la pandémie
Plus souvent qu’autrement, les cours à distance en raison de la pandémie frappent fort et démoralisent les collégiens. Cependant, pour des parents aux études comme Audrey et Mélanie, cette situation facilite bien des aspects de leurs quotidiens. Elles soutiennent toutes les deux que les déplacements au cégep prenaient de leur temps qu’elles peuvent maintenant investir ailleurs. « Avant mon cours [à distance], je peux préparer mon souper, c’est moins stressant quand ma fille revient », souligne Audrey. Par contre, elle s’ennuie des rencontres avec ses collègues et ses professeurs et elle a hâte de pouvoir y retourner. Mélanie aime aussi le rythme de vie différent qu’apporte la pandémie. Moins d’argent et d’énergie dépensés pour se rendre au Vieux Montréal, pour elle qui habite en banlieue de la métropole. Son fils aîné étant au cégep (mais dans un cégep différent), ils suivent leurs cours Zoom en même temps. Elle peut également l’aider dans certains de ses travaux ; ils peuvent se soutenir mutuellement.
Soutien et ressources
Mélanie et Audrey mentionnent toutes les deux le fait que leurs conjoints les aident beaucoup et qu’elles auraient beaucoup de difficultés s’ils n’étaient pas présents. Aussi, Audrey dit que ses professeurs sont très compréhensifs face à sa situation parentale. Mélanie souligne également que des bourses sont à la disposition des parents étudiants et que le nombre d’enfants augmente les montants donnés. Seulement le salaire du parent aux études sera pris en considération, et ce, même si le foyer familial regroupe deux salaires. On retrouve également les services de RADAR (Ressources, Aide, Dépannage, Accompagnement et Références) qui crée notamment des groupes d’aide pour les parents étudiants pour les aider avec la conciliation famille-études. La garderie du cégep, La Gribouille, est aussi un lieu où les étudiants comme les professeurs peuvent faire garder leurs enfants. Audrey Rancourt-Lessard mentionne qu’ils ont une belle approche envers ces derniers.
Les réalités d’Audrey et Mélanie doivent ressembler à ceux des autres mères et pères étudiant au cégep. Cependant, il ne faut pas oublier celles des parents monoparentaux qui font face à d’autres défis.