La dictature bélarussienne d’aujourd’hui

Un citoyen bélarussien accepte de raconter son quotidien sous ce régime, sous lequel un simple maillot de bain d’une certaine couleur peut vous faire arrêter.  Alexandre Loukachenka est président du Bélarus depuis maintenant plus de 26 ans. Le 9 août 2020, il a été déclaré vainqueur des élections présidentielles avec 80% des voix. Or, une majorité de la population considère que c’est en réalité  Sviatlana Tsikhanouskaïa qui a gagné. C’est la raison pour laquelle depuis fin mai, les Bélarussiens descendent dans la rue pour manifester pacifiquement. Des dizaines de milliers de personnes ont été arrêtées et emprisonnées, et de très nombreux cas de torture ont été répertoriés. Pour sa sécurité, L’Exilé a décidé de conserver l’anonymat de notre invité, que nous tenons à remercier pour cet entretien.

MD: Votre vie a-t-elle beaucoup changé depuis les dernières élections (tenant compte que ça fait 26 ans que Loukachenka est au pouvoir)?

La vie a changé dans le pays en général. Je vis sous la dictature de Loukachenka  depuis 1994, alors je connais la nature du régime, c’est-à-dire un régime  autoritaire gouverné par un dictateur nostalgique du régime soviétique. J’ai fait face à des répressions et j’ai été battu par la police anti-émeute bien avant 2020. Pour plusieurs Bélarussiens, les atrocités du régime et la vérité sur ce qu’est vraiment ce régime sont des découvertes,  car les répressions étaient plus ponctuelles et ciblées avant l’été 2020. La montée des répressions a été extraordinaire et sans précédent : plus de 30 000 personnes  ont été arrêtées et des milliers se sont vues accusées de crimes pénaux. Le gouvernement a déclenché une sorte d’état de terreur depuis environ six mois. Je connais personnellement beaucoup de gens qui ont été emprisonnés. Toute personne risque d’être emprisonnée, si, par exemple, les policiers trouvent dans son portable les traces de visites de sites d’information indépendants ou d’abonnement aux groupes de discussions critiques du régime. Les cas d’arrestations de personnes innocentes, battues et jetées en prison sont nombreux. Malheureusement, c’est devenu la normalité  et les conditions de vie dans lesquelles vivent désormais les Bélarussiens; celles de la terreur.  Toutefois, on observe une vague de solidarité – les gens s’entraident – et  une mobilisation formidable contre ce régime qui est apparue  même un peu avant les dernières élections. En mars 2017, des gens se sont mobilisés,  lorsque j’ai été battu et emprisonné par le moyen d’une collecte de fonds. J’essaie de faire pareil maintenant, en aidant financièrement. Ces fonds de solidarité (qui sont maintenant ciblés par la propagande du régime) sont  formidables et sont une preuve qualitative que le pays a changé. En termes de chiffres et de division du pays, on rigolait en disant que la dictature n’avait que 3% des voix, malheureusement c’était plus, environ le quart de la population  regroupant une minorité agressive et armée qui n’a pas de scrupule à utiliser la force (violence et torture) dans le but de préserver le pouvoir de ce dictateur  vieillissant.

MD: Dans le cas de Loukachenka, sa meilleure arme pour conserver sa place au pouvoir et le respect de son autorité est la terreur infligée à la population. Est-ce qu’on pourrait dire que la meilleure arme que possède la population est la solidarité et la mobilisation?

Pour les gens, la mobilisation et la solidarité sont très importantes et on est pourvus d’une sorte d’obligation morale d’être unis. Étant donné les victimes et les arrestations déjà faites, tout le prix déjà payé, on a pas le choix de se mobiliser. Je participe à presque toutes les manifestations (tous les dimanches), et on observe un élan important. J’ai beaucoup voyagé à l’extérieur et avant, en  rentrant au Bélarus, je remarquais que les gens ne se regardaient pas dans les yeux, mais ça change. C’est comme une révolution de dignité, les gens se regardent de plus en plus dans les yeux et regardent de plus en plus tout droit. On dirait la naissance d’une affirmation, comme si les gens se sont réveillés, et ça dépasse largement les gens de mon milieu. On pensait que les Bélarussiens  n’étaient pas capables de se mobiliser, qu’ils étaient trop tolérants, pas sûrs d’eux et qu’ils manquaient de respect de soi, mais aujourd’hui, j’entends les gens dire être fiers d’être bélarussiens. C’est une révolution des esprits.

MD: Vous avez fait quelques jours en prison, pouvez-vous nous en parler? 

C’est une expérience inoubliable. Ce système a hérité d’éléments du goulag soviétique ; pas de promenades (en une semaine je me suis promené une fois), on nous forçait à être assis tout le temps ou alors debout le jour, on n’avait pas de papier ni de stylo pour écrire, il y avait des restrictions alimentaires et la correspondance qui est garantie par la constitution n’arrivait pas. Des dizaines  de lettres m’ont été envoyées et j’en ai reçu trois ou quatre. Dans la soirée, ils passaient de cellule en cellule pour distribuer les paquets et les lettres venant des proches, et à un moment donné, ils m’ont montré plein de lettres avec mon nom écrit dessus (destinées à moi) et les ont jetées dans leur sac poubelle  devant moi. Pourtant, ce n’est rien par rapport à ce qu’on lit dans les rapports de gens sortis de prison. Ces gens ont fait face à la torture et à l’humiliation encouragées par le régime pour intimider les gens. Dans le secteur public  (entreprises/services publics, écoles, hôpitaux), qui occupe environ 70% de la main-d’oeuvre, les employés apprennent qu’ils vont être licenciés en sortant de prison. Ils sont jetés à la porte sans scrupule. Il n’y a pas de droit de travail et les syndicats sont peu nombreux et soumis. C’est pareil dans les universités, où des étudiants sont expulsés pour avoir participé au mouvement de résistance. D’ailleurs, une ancienne étudiante (22 ans) à moi est en prison depuis trois mois déjà pour avoir participé. Tout cela encore dans le but de faire peur.

MD: Selon vous, est ce qu’il y a espoir tant que les forces de l’ordre demeurent fidèles à Alexandre Loukachenka?

Il y a deux facteurs qui ont permis au dictateur de rester au pouvoir tout ce temps. Le premier est son emprise sur les forces de l’ordre qui lui sont loyales et qui sont d’ailleurs très bien payées par rapport au reste de la population.  Elles se sont vues promulguées dans des positions faisant que le pays est  maintenant dirigé par cette junte militaire et sécuritaire. Le premier ministre, Roman Golovtchenko, vient lui-même d’un soi-disant complexe  militaro-industriel, et quelques ministres viennent des services secrets. La loyauté de ces forces a été bien préparée par le régime qui fait tout pour tirer des leçons des révolutions pacifiques et surtout de la révolution d’Euromaïdan en Ukraine en 2013-2014. Le deuxième facteur est le soutien de la Russie. Malgré les histoires  de conflits personnels entre Loukachenka et Vladimir Poutine, ce dernier n’a pas d’autre choix que de soutenir le dictateur biélorusse. Ils dirigent des  régimes similaires et Poutine  craint voir cette révolution démocratique populaire au Bélarus mener à un changement de régime au pays, puisqu’il a peur que le changement démocratique signifie un éloignement du Bélarus et de l’emprise russe sur celui-ci. Cette emprise est importante pour lui parce que c’est le premier pas vers le redressement de l’empire auquel Poutine continue de rêver.

MD: Est-ce que vous croyez que l’intervention d’acteurs extérieurs pourrait aider à mettre fin à cette crise? 

Je ne dirais pas intervention, car cela implique une intervention militaire. Ce qui aiderait réellement, c’est la solidarité et l’attention. À travers le monde, la démocratie s’installe dans des conditions internationales favorables. Par exemple, il a fallu l’intervention militaire américaine pour que l’Allemagne nazie devienne une démocratie, et ce fut pareil pour le Japon. Ce ne sera pas le cas au Bélarus, car c’est à son peuple de se débarrasser de la dictature et compte tenu du potentiel militaire de la Russie, cette dernière ne laissera pas une telle intervention se produire. L’attention, la solidarité, l’aide (surtout aux personnes réprimées) et des sanctions contre le régime, tout cela est très important. D’ailleurs, il n’est pas seulement question de la solidarité internationale, mais aussi d’ordre interne pour chaque démocratie : qu’elles soient respectueuses d’elles-mêmes, car on ne peut pas permettre que de telles atrocités se produisent dans n’importe quel coin du monde, y compris au centre de l’Europe, ce qui est d’autant plus bouleversant.

MD: Si Loukachenka se tourne vers Vladimir Poutine pour aider à mettre fin à cette crise, y a-t-il raison de craindre une mise en jeu de la souveraineté et de l’indépendance biélorusse? 

Loukachenka a bâti son régime à l’aide de la Russie et en tentant d’éradiquer l’identité, la langue, la culture, et l’histoire  bélarussienne  pour des prix plus bas du pétrole et du gaz russes. En quelques sortes, il vend l’indépendance bélarussienne depuis 1994. Le dictateur, un Bélarussien  soviétique, est nostalgique de l’Union soviétique et a même dit à plusieurs  reprises que Moscou est sa capitale. Il est déjà très ancré et lié à la Russie et  Poutine l’a toujours soutenu, même qu’il a donné un prêt au Bélarus, en août dernier, pour rembourser un ancien prêt. On sait que les Russes ont fourni des armes pour combattre les manifestants et qu’ils étaient prêts à intervenir. Il y avait d’ailleurs des voitures blindées le long de la frontière entre le Bélarus et la Russie dans les mois d’août et de septembre.  Certains journalistes de la télévision étatique ont démissionné, et ce sont des Russes de Russia Today qui les ont remplacés. La télévision est l’instrument majeur de propagande russe et si on suit ce que disent les chaînes de télévision dit sur les évènements au  Bélarus, on semble comprendre que c’est toujours l’Occident qui tente de bouleverser la tranquillité dans le Bélarus fraternel. Pour le Kremlin, le Bélarus  indépendant n’existe même pas. D’après lui, nous ne sommes pas une nation indépendante, alors il vaut mieux un despote loyal au Bélarus qu’un pays indépendant qui deviendra neutre et qui développera des relations plus égales avec la Russie, ainsi que des relations avec d’autres pays du monde et donc de la communauté démocratique. En sachant que nous partageons une frontière commune avec des pays de l’Union européenne, le Bélarus a un potentiel  important d’améliorer ses relations avec le monde démocratique.

MD: Quand on parle de disparitions lors de manifestations pacifiques outre les six personnes tuées du 9 au 11 août 2020), elles seraient où maintenant? Encore en vie? 

Très vraisemblablement, ces personnes ont été tuées et la police a réussi à cacher leur mort, autrement, on aurait pu les trouver dans les prisons. Les proches des victimes ont peur de déclarer leur disparition. Une conversation  enregistrée secrètement du ministre adjoint de l’Intérieur a été rendue publique dans laquelle il a reconnu que l’État a nié avoir tué la première personne officiellement reconnue morte pendant les manifestations, Alexandre Taraïkouski. Ça prouve qu’il y avait d’autres cas similaires.  L’enregistrement dévoile aussi que la police agit en fonction des ordres de Loukachenka, qui les protège personnellement de toute responsabilité.  Évidemment, ils font tout pour tenter de cacher ces morts. Le but est de mettre de la pression sur les proches. Un autre exemple est celui de  Mikita Kryŭtsoŭ  dont le corps a été retrouvé à Minsk. Les autorités  prétendent qu’il se serait pendu. Des plaintes ont été déposées pour violence et torture, mais aucune enquête n’a été menée (ils ne le peuvent pas), ce qui signifie une politique délibérée.

MD: On parle souvent de Sviatlana Tsikhanouskaïa comme étant « l’espoir de changement », la voyez-vous de la même manière? 

Sviatlana est devenue un symbole de la résistance. Devenue présidente par défaut et entourée d’une équipe, plusieurs lui font confiance et elle a su devenir une véritable personne politique qui incarne les aspirations des Bélarussiens. Nombreux sont ceux qui la voient comme une véritable présidente, et oui, elle a gagné les élections. Tsikhanouskaïa fait tout son possible, mais son exil complique les choses. Elle arrive tout de même à attirer l’attention de la communauté internationale sur ce qui se passe au Bélarus et mobilise le soutien des Bélarussiens ce qui est très important. Elle est récemment intervenue au Conseil de sécurité de l’ONU grâce au soutien de l’Estonie qui en est membre non-permanent. Tsikhanouskaïa est la personnalité politique qui a le plus de légitimité au Bélarus et elle a un potentiel  important pour précipiter le changement au sein du pays. Elle a fait appel à une  grève générale qui ne s’est pas produite, en partie parce que les gens ont peur : la chasse aux gens a eu un certain effet.

MD: Est-ce qu’il y a beaucoup de dénonciations entre les gens? 

Ce n’est pas généralisé, mais il y a des cas. Des cas où les voisins portaient plainte contre quelqu’un ayant mis le drapeau national, blanc rouge blanc, sur son balcon ou dans son appartement. Ça a mené à des arrestations. Ce n’est pas qu’à Minsk, ça s’est même passé dans un certain nombre de villages. Ce sont des cas de délits administratifs alors ce n’est pas encore criminel, mais les forces de l’ordre arrivent souvent le vendredi, arrêtent quelqu’un, le gardent en prison le weekend et quand la cour se réunit le lundi, elle inflige une amende. Une mère de 5 enfants, dont 4 mineurs, a été arrêtée récemment et elle a passé le weekend en prison (il n’y a plus de droit, mais selon le droit en place, il est interdit d’emprisonner une femme d’enfants mineurs pour un délit administratif). Mais en général, il y a plus d’entraide entre les voisins que de dénonciation. On a malheureusement des Bélarussiens possédant une mentalité rudimentaire soviétique et agressive qui n’acceptent pas le fait d’être dans la minorité, toutefois, ils tiennent le pouvoir avec l’aide de l’appareil de l’État.

MD: Avez-vous des histoires et/ou des exemples pour nous donner une idée de ce qu’il se passe au Bélarus? 

Une situation stupide : une personne arrêtée et mise en prison quinze jours pour avoir mis le drapeau du Japon (rouge et blanc, mêmes couleurs que le drapeau national protestataire) sur son balcon. À ce point, on aurait pu mettre le drapeau canadien! Même des chaussures ou des maillots de bain blanc rouge blanc ont causé du trouble! Les forces de l’ordre exécutent les ordres aveuglément. Une simple feuille blanche dans une fenêtre ou sur un balcon peut mener à une interpellation. Des gens ont mis un tissu blanc avec le mot « drapeau » dessus et ça aussi ça les énervait. Il y a une campagne  d’arrestations, mais en août-septembre à Minsk, presque un balcon sur deux était orné du drapeau national (rouge et blanc), ce n’est plus le cas. Aussi, on n’arrête pas les mineurs en général ; désormais les forces le font. Un jeune a été inculpé pour avoir participé dans les troubles d’ordres publics et ils attendent ses 18 ans pour l’accuser : ce sera une accusation a  posteriori.  Récemment, le procès d’un mineur qui a organisé un réseau d’information sur les officiers anti-émeutes s’est produit. N’importe quoi peut arriver en cour  maintenant et on ne peut rien faire pour l’instant par rapport à tous ces procès. Près d’un millier de citoyens ont été accusés  de crimes et il y a près de 250 prisonniers politiques. Il y a des Bélarussiens  condamnés à quatre/cinq ans de prison pour violence contre un agent de police, quand souvent ils ne faisaient que se protéger. Des procès fermés dans lesquels on ne sait même pas de quoi ils sont accusés se font aussi. On connaissait déjà le manque d’état de droit, mais désormais le droit n’existe pratiquement plus et les décisions juridiques sont politiquement motivées. Pour l’instant, on a un régime réactionnaire qui continue à chasser les gens et à les emprisonner. Les procès commencent, les emprisonnements sans procès et sans condamnation aussi depuis fin mai  comme le mari de Tsikhanouskaïa. J’ai un ami qui a été arrêté avec son frère, et leur détention provisoire est constamment prolongée sans aller en cour. Le système judiciaire est soumis au dictateur et les juges ne font que tamponner les décisions qui sont déjà prêtes. Parfois les juges ont refusé ou ont infligé des condamnations moins sévères, mais en règle générale malheureusement, les juges sont marionnettes du régime. On peut rigoler mais ça pourrait m’arriver  demain. Parfois je regarde les voitures passer et je pense c’est peut-être pour moi. On ne veut pas quitter le pays, alors on espère que ça va changer, car les gens sont supers ici et j’espère que ça ne va pas tenir longtemps.

MD: Sentez-vous que vous êtes surveillés et si oui, est-ce que vous vous censurez (ex. sur les médias)? 

Techniquement, toutes les conversations téléphoniques sont enregistrées, s’ils veulent avoir quelqu’un et trouver des pistes, ça peut arriver à n’importe quel moment. Ils peuvent même inventer un cas et faire une accusation juste comme ça. Ils peuvent trouver n’importe qui. Je limite mes commentaires depuis un certain temps, car je pourrais dire des choses pouvant être vues comme un appel au trouble d’ordre public. Ils ont aussi des logiciels pour traquer les gens.

MD: Comment espérez-vous voir devenir le Bélarus (à quoi ressemble votre Bélarus idéal)?

Le Bélarus est un pays basé sur le droit, un pays normal, avec un État qui protège et non qui chasse et qui intimide, un pays ouvert, qui a une démocratie  locale. C’est un pays de communautés locales, qui sont maintenant chassées par le régime en place. C’est un pays basé sur une vie locale très active, qui connait son histoire (l’empire soviétique et l’empire russe ont tout fait pour que les  Bélarussiens oublient leur histoire) qui est celle de la lutte pour la liberté, qui a eu des traditions démocratiques de longue date. Le Bélarus s’intègre avec ses voisins occidentaux (le pays possède une  histoire commune avec la Pologne et la Lituanie qui date de plusieurs  siècles). C’est une  démocratie européenne  qui bâtit des relations transparentes avec la Russie. C’est un pays basé sur l’esprit citoyen, la crédibilité, la foi mutuelle de l’État et des citoyens. C’est aussi un pays qui  regarde dans l’avenir et qui est basé sur la propriété privée qui fait tout pour que les gens puissent réaliser leur potentiel sans chercher à quitter le pays pour trouver un avenir meilleur. Tout cela est en ce moment un rêve, mais je sais qu’on a le potentiel pour y arriver. On a des gens formidables.  On peut aller dans cette direction.

Je clos cette entrevue en rappelant que le 7 février 2021 sera la Journée internationale de la solidarité avec le Bélarus. Je vous invite à continuer à vous informer sur la situation et à en discuter avec votre entourage.

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