Photo : Cassandra Beaudoin / L’Exilé
Le journal étudiant, l’emblème médiatique d’une institution scolaire, les débuts journalistiques de plusieurs. Pour certains établissements d’éducation, c’est une tradition qui se répète de génération en génération. Au Cégep du Vieux Montréal, ce fut Le Bagou et L’Île lettrée qui trônaient dans les dernières années.
En septembre dernier, c’était mon entrée au Cégep du Vieux Montréal. Pas besoin de vous faire un portrait, je crois que nous avons tous goûté aux cours à distance. Mes espoirs de connaître l’ambiance du Vieux avaient disparu, notamment celui d’écrire des articles pour le journal étudiant, rêve que je chérissais depuis longtemps. Cependant, j’ai décidé de questionner mon professeur de français via Zoom afin de lui demander si un journal existait toujours, et ce, même en pleine pandémie. Ce dernier m’a répondu que non. Attristée par sa réponse, je lui ai demandé spontanément : « Mais Monsieur, quelles sont les étapes pour en créer un? »
À partir de là, tout a déboulé rapidement. Ancienne ballerine et présentement au DEC en danse contemporaine, j’ai communiqué avec des personnes que je connaissais, c’est-à-dire beaucoup d’anciennes danseuses que j’ai connues durant mon secondaire, en qui j’avais confiance et qui étaient intéressées par l’écriture, la mise en page ou la photographie. Elles m’ont répondu, ont embarqué dans le projet et ont fait des annonces dans leurs programmes respectifs. Entre-temps, j’avais mis une annonce sur mon compte Instagram qui m’a permis de recruter quelques candidats. Moins de 48h après, nous étions huit, le nombre minimal de personnes pour former un comité.
Deux semaines plus tard, nous nous rencontrions pour une première fois en respectant la distanciation sociale (Montréal était en zone orange à l’époque). Je dois l’avouer, j’avais le syndrome de l’imposteur : danseuse, première année de cégep, presque jamais écrit de textes journalistiques… Nous étions en cercle. Marianne, Élora et Jeanne, les filles que j’avais contactées en premier, m’aidaient à me structurer. J’étais impressionnée par les personnalités qui se dressaient devant moi. Des étudiants engagés qui croyaient que faire un journal étudiant en pandémie était possible. Victor et Simon posaient des questions intelligentes sur la vision du journal, Adel, à ma plus grande joie, s’offrait pour s’occuper de la construction d’une plateforme numérique, Xavier, que j’avais recruté dans mon cours de philosophie, parlait de son intérêt pour les affaires internationales, Charlotte qui réalisera le logo du journal, Mariane (avec un « n ») amenant son amie possiblement intéressée et L-P, le cher photographe, écoutaient attentivement en discutant de leurs idées. Tous me donnaient espoir.
Le mois qui a suivi a été haut en couleur. Nous voulions tout mettre en place pour sortir une édition en début novembre, alors qu’on était presqu’en octobre. Nos rencontres du dimanche soir à 20h commencèrent alors. Nous avons accueilli Olivier qui est devenu notre cher secrétaire. Il fallait trouver un nom à ce nouvel organe médiatique et L’Exilé semblait parfait pour faire un clin d’œil à L’Exode, le café étudiant du CVM et pour décrire le fait que nous créons tous, en étant exilés du cégep par ce virus qui court. Articles, corrections, photos, organisation, création de rubriques, nous nous sommes débrouillés, car le vendredi 6 novembre dernier, soit six semaines après la première rencontre, la première édition a été lancée avec succès. Une édition web publiée sur notre propre site internet. Une possibilité de rallier les étudiants du Vieux, malgré ces temps difficiles. Nous étions fiers d’être arrivés là en moins de deux mois. Bon nombre de lectures des textes publiés, vitrine pour L’Exilé sur Radio-Canada, nous étions heureux. Mais ayant convenu de sortir une édition mensuelle, il fallait se préparer à la prochaine.
Novembre et décembre, des nouveaux arrivants se sont joints au journal. François, Marie-Odile, Félix-Antoine et Catherine pour participer à l’édition de décembre et Coralie, Léo, Mila et Laurélie pour les éditions prochaines. Nous avons ouvert nos horizons en créant une rubrique pour des articles provenant de collaborateurs invités. La fin de session nous a frappés de plein fouet et la décision prise a été de publier les articles durant les deux semaines précédant le congé des Fêtes.
L’aventure de L’Exilé ne fait que commencer. Nous avons appris, et apprendrons de nos erreurs. Gérer un organe médiatique n’est pas de tout repos, surtout lorsque tout doit se faire à distance. Les hauts et les bas sont incontournables, mais ils nous rendent plus forts et prêts à affronter les nouveaux défis. Nous sommes ambitieux pour 2021 afin de vous offrir du contenu de meilleure qualité encore.