La mode, c’est démodé!

Le fast fashion est un phénomène terriblement néfaste pour l’environnement. Chaque année, sur les 53 millions de tonnes de produits textiles vestimentaires fabriqués, 73% d’entre eux finissent enfouis ou incinérés, et ce, indifféremment de leur état. Il nous est possible de poser des gestes concrets pour contrer ce phénomène, comme boycotter les grosses compagnies et encourager les petites entreprises qui se soucient de notre environnement.

Dans une société développée comme la nôtre, la mode occupe une place importante. De nombreuses personnes cherchent constamment à améliorer leur garde-robe et à se vêtir de la nouvelle collection. Ça, de nombreuses compagnies et boutiques de vêtements l’on comprit. Elles vont confectionner et rendre disponible de nouvelles collections de vêtements plusieurs fois par mois, en offrant à leurs consommateurs des vêtements à la dernière mode et à prix réduit. C’est ce qu’on appelle la mode éphémère, ou la fast fashion. Mais quel est réellement le prix de cette façon de faire?

Il est important de comprendre que pour réussir à vendre ses vêtements à des prix réduits, les compagnies textiles font confectionner leurs vêtements dans des pays où les coûts de productions sont ridiculement bas, mais où les conditions de travail sont à leur tour, ridiculement inhumaines.

Au Bangladesh, la situation est particulièrement difficile, souligne le Centre International de Solidarité Ouvrière (CISO). Depuis 2005, environ 1 500 travailleurs ont été tués dans des incendies et des effondrements d’usines qui auraient pu être évités. Des édifices mal construits, des sorties de secours inexistantes, la présence de matériaux inflammables et une pression constante des dirigeants pour qu’ils restent à leur poste contribuent à la situation déplorable dans laquelle les travailleurs de ce pays d’Asie du Sud gagnent leurs vies. Il s’agit ici d’une généreuse déclaration, puisqu’ils reçoivent à peine de quoi subsister.

La fast fashion a aussi un impact notable sur l’environnement. Selon Recyc-Québec, les émissions de gaz à effet de serre produites par l’industrie du textile correspondaient à 1,2 milliards de tonnes de CO2 en 2015, ce qui est supérieur à l’impact planétaire du transport aérien et maritime combinés. Il est aussi dit que sur les 53 millions de tonnes de vêtements produits chaque année, 73% d’entre eux finissent enfouis ou incinérés. La mode éphémère accentue davantage ce phénomène, puisque la vitesse à laquelle les vêtements sont produits et enlevés du marché pour faire place aux nouvelles collections ne fait que créer encore plus de déchets vestimentaires.

Que pouvons-nous faire?

De nombreuses personnes ont la dangereuse tendance d’affirmer ne rien pouvoir faire face à une situation comme celle-ci, car il s’agit d’un problème concernant les grandes compagnies multinationales. Pourtant, tout le monde est impliqué lorsque l’on parle d’environnement. Il est ainsi encouragé de donner, de vendre ou d’échanger ses vêtements lorsqu’ils sont encore en bonne condition. Pour l’obtention de nouveaux habits, il faut favoriser les entreprises locales et indépendantes qui produisent des vêtements éthiques et écologiques, ou bien tout simplement se procurer des vêtements usagés dans diverses boutiques qui se spécialisent dans le recyclage vestimentaire. Protéger l’environnement, ça commence en choisissant ses vêtements de manière responsable.

Les friperies, ou les boutiques de vêtements rétros, sont une bonne alternative écologique pour trouver des vêtements abordables et de qualité, sans toutefois négliger son style vestimentaire. On peut penser, par exemple, aux magasins Renaissance. Avec ses vingt-neuf friperies et librairies dans le Grand Montréal, Renaissance se base sur le principe d’économie circulaire, qui consiste à récupérer les vêtements usagés et à leur donner une deuxième vie, ce qui conséquemment réduit la production de déchets vestimentaires. Renaissance a aussi mis en place un programme d’insertion sociale dans le but d’aider les immigrants et les personnes moins avantagées économiquement à se frayer un chemin dans le marché du travail. Elle ne vise rien de moins que l’épanouissement personnel et professionnel de ses employés. C’est un bon exemple d’entreprise qui a le cœur à la bonne place.

Également, certaines friperies se spécialisent dans un certain type de vêtements. C’est le cas pour la friperie Hadio sur la rue Mont-Royal, qui se spécialise en vêtements vintage datant des années 80 et 90. J’ai eu l’immense privilège d’échanger quelques mots avec l’une des formidables employées de cette boutique. Entreprise familiale fondée en 1991, Hadio a été une des premières – si ce n’est pas la première – friperie montréalaise. « Depuis très longtemps, même avant les années 1990, le fondateur avait réalisé qu’il y avait des quantités énormes de vêtements usagés en bon état qui allaient dans les sites d’enfouissement landfills, et on trouvait ça ridicule », affirme une des employées du Hadio. Toujours d’actualité, selon Recyc-Québec en 2013, 95 000 tonnes de vêtements étaient mises à la poubelle à chaque année par les ménages québécois.

En tant qu’entreprise spécialisée en vêtements vintages, Hadio se porte très critique de ce qu’elle reçoit pour fournir des vêtements de qualité. « On a déjà nos partenaires depuis 1991 et c’est seulement avec eux qu’on travaille, […] tout est sélectionné à la main ». Que vous aimiez les vestons de cuir ou de jeans, les chemises colorées, les t-shirts originaux ou les jeans de haute qualité, Hadio est la place où aller si l’on veut trouver chaussure à son pied tout en ayant un impact positif sur l’environnement. « 90% de la marchandise ici c’est du vintage, qui date de plus de 20-25 ans d’ancienneté », soutien une employée du Hadio.

Une autre de ces boutiques spécialisées dans un certain type de vêtements est Charlotte & Gabrielle, dans Westmount. La particularité de celle-ci, est qu’elle offre des vêtements élégants et de grandes marques, et ce, à un prix beaucoup moins élevé qu’en magasin. La base de leur commerce est la consignation de vêtements, qui non-seulement a un impact positif sur l’environnement, mais qui permet aussi une vie nouvelle à des habits tendances de haute qualité. Pourquoi continuer à faire ses achats dans les grands magasins de marque, ce qui encourage la fast fashion, lorsque l’on peut trouver des boutiques formidables à deux stations de métro de chez soi? C’est en dépensant de manière plus éthique et écoresponsable que l’on fait réellement une différence. Les actions de chacun ont un impact sur l’environnement, il ne reste qu’à choisir la direction que cet impact prendra.

Auteur : Charlotte Lauzon-Simon

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