« Ça va bien aller »

Collaboration écrite avec Marianne Dépelteau

À cause de la pandémie de coronavirus, la majorité des cégeps du Québec offrent la totalité de leurs cours à distance. Certains étudiants adorent le concept et y voient des bénéfices tandis que d’autres ont le moral à plat et n’arrivent pas à trouver la moindre motivation.

Lorsque la crise sanitaire de la COVID-19 a happé la province canadienne, le gouvernement québécois n’a pas eu d’autre choix que de fermer les établissements scolaires pour une durée indéterminée. Ne pouvant éternellement suspendre les cours, ils ont adapté le système scolaire à différentes plateformes virtuelles de manière à offrir ces classes en ligne. Ainsi, tous les cours donnés par les cégeps qui ne nécessitent aucune présence en classe sont offerts à distance.

Points positifs

Plusieurs étudiants se sont très bien adaptés à ce changement et y voient beaucoup de positif. Certains disent aimer ne pas avoir à se déplacer, car non seulement ils ne subissent pas les intempéries et le froid de l’hiver, mais ils économisent également du temps et de l’argent. De plus, ils aiment pouvoir être dans leurs affaires et porter des vêtements confortables tels que leurs pyjamas. D’autres clament aussi apprécier ce système parce qu’ils peuvent apprendre à leur rythme et ont une plus grande indépendance. La plupart d’entre eux expriment avoir plus de facilité à gérer leur horaire ainsi.

Le revers de la médaille

Cependant ce ne sont pas tous les cégépiens qui traversent aussi aisément leurs sessions de manière virtuelle. Une grande majorité de ces élèves n’apprécient guère cette solution et ont une perte significative de motivation. Nombreux trouvent difficile de passer leurs journées devant un écran d’ordinateur et de manquer autant d’interactions sociales. Ils n’ont pas la possibilité de se faire de nouveaux amis et de s’adapter à cette nouvelle vie scolaire.

Les cours en ligne, une nouvelle source d’insatisfaction chez les étudiants du Cégep du Vieux Montréal

Le Cégep du Vieux Montréal offre des cours majoritairement en ligne depuis septembre et pourtant, leur clientèle est loin d’être majoritairement satisfaite. Tout en reconnaissant l’adaptation demandée aux professeurs et les difficultés que peuvent rencontrer ces derniers en enseignant à distance, les étudiants du Vieux ont hâte de retrouver les salles de classe. En effet, plusieurs se plaignent d’une baisse de la qualité des cours en ligne et disent se sentir négligés. Le choix du terme « clientèle » pour remplacer « étudiants » semble d’ailleurs approprié si on se base sur le point de vue de plusieurs étudiants. Lijia Dion, une étudiante en Tremplin DEC au Cégep du Vieux Montréal nous donne le sien : « Je trouve que ce n’est même plus pour apprendre et seulement pour passer tes cours. »

« Je trouve qu’on n’a pas beaucoup d’opportunités de connaître de nouvelles personnes, c’est difficile de te faire des amis en Zoom »

Éliane Saint-Louis, étudiante au Cégep du Vieux Montréal

Comme pour énormément de gens, l’isolement lui pèse et elle aurait aimé enfin pouvoir le briser en retournant à l’école, en présentiel. Malheureusement, la situation en a décidé autrement. De plus, ce n’est pas tout le monde qui est confortable avec l’idée de travailler à domicile. Plusieurs disent voir une ligne entre leur intimité et leur vie extérieure être franchise. Ils ne sont pas à l’aise d’étudier dans un endroit qui leur est habituellement réservé à la relaxation et au temps personnel. En outre, beaucoup souffrent de problèmes de concentration étant donné toutes les distractions qui les entourent (cellulaire, famille, colocs, bruits extérieurs ou intérieurs, etc.) et le fait qu’ils n’ont pas l’impression que ça ne soit ni réel, ni sérieux, puisque tout se passe en ligne. En plus de cela, la plupart des étudiants se sentent laisser à eux-mêmes et trouvent qu’il manque d’encadrement scolaire. Cela engendre chez ces cégépiens énormément de démotivation et de découragement. Éliane Saint-Louis dit entre autres avoir beaucoup d’amis qui ont tout simplement décidé d’abandonner leur session d’automne.

Le propos de Lijia est assez troublant compte tenu du fait que le cégep est une institution d’éducation et de formation. En plus de cela, les futurs travailleurs disent se sentir laissés à eux-mêmes, une situation peu sécurisante pour certains jeunes souffrant déjà d’anxiété. Annabelle Pelletier, étudiante en sciences humaines (profil Action sociale et médias) nous fait part de ses observations après déjà dix semaines de cours en ligne : « Je crois que l’école augmente mon niveau de stress, car je trouve que l’on se fait mettre davantage de pression sur le temps que l’on a pour apprendre la matière et la comprendre. De plus, je trouve que les professeurs donnent extrêmement moins d’explications, on est vraiment laissés à nous-mêmes. On doit apprendre la matière tout seul, sans pouvoir en parler vraiment avec les autres élèves, mais nous avons davantage de travaux à faire. »

Annabelle a également mentionné que le manque de communication avec les professeurs rend les choses moins claires et plus stressantes. L’étudiante complète sa troisième session, alors elle a une idée du fonctionnement et des attentes au niveau collégial, mais on peut se demander comment les nouveaux arrivants s’adaptent. L’administration du Cégep du Vieux Montréal nous a partagé que 1348 étudiants ayant terminé leur secondaire en juin 2020 se sont inscrits à l’automne 2020. Cela veut dire que plus de mille étudiants vivent leur rentrée au cégep à distance, et que la plupart d’entre eux n’ont jamais franchi les portes du CVM.

« Je m’attendais à avoir des nouveaux amis, d’avoir un changement de vie dans un sens. Mais on n’a pas vraiment la chance de connaître les gens dans nos cours. En plus, je n’ai jamais été dans le bâtiment. »

Calista Caron, étudiante de première année en Danse-interprétation (danse classique) au Cégep du Vieux Montréal

Comme pour tout le monde depuis l’éclosion de la COVID-19, la vie sociale et communautaire des élèves n’est pas épargnée des répercussions du confinement. Dans le cas de Calista, plusieurs étudiants qu’elle voit à l’écran sont des inconnus, et encore moins des amis. Ce qui est d’autant plus frappant, est le fait qu’elle étudie au Cégep du Vieux Montréal depuis maintenant plus de trois mois, sans toutefois n’y avoir mis les pieds. Louis-Philippe Lapalme, un autre étudiant de première année inscrit en sciences humaines (profil Individu) et photographe pour L’Exilé, nous dit : « Je ne me sens pas comme un étudiant du Vieux. » Pourtant, ceux pour qui le cégep n’est pas nouveau ne sont pas nécessairement plus chanceux. C’est la vie étudiante et les activités qui y sont associées, comme l’impro les mercredis, qui rendent nostalgique Lijia Dion. Annabelle Pelletier, de son côté, nous dit que ce sont les pauses avec ses amis à l’Exode, le café étudiant du CVM, qui lui manquent le plus.

Nous avons posé des questions au sujet des cours en ligne à quelques étudiants du Cégep du Vieux Montréal. En général, leurs réponses nous montrent que les étudiants sont en carence de contact humain et que leur niveau de motivation est à la baisse depuis la rentrée. La surcharge de travail et le manque d’encadrement des professeurs sont des réponses récurrentes qui selon plusieurs, nuisent à la performance académique. D’ailleurs, 30 répondants soutiennent qu’il y a un manque réel de soutien de la part du cégep et du corps professoral. À la question « En général, diriez-vous être satisfait de votre expérience d’école en ligne? », le même nombre d’étudiants ont répondu non.

Le remède à ces problèmes? Les étudiants ayant répondu aux questions croient qu’une réduction de la charge de travail, de meilleures explications de la part de leurs enseignants ainsi qu’une amélioration de la communication en général sont des exemples d’améliorations qui pourraient rendre l’enseignement à distance plus efficace et tolérable.

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