Justice pour Joyce

Une manifestation regroupant un nombre important de personnes s’est tenue après la diffusion d’une vidéo troublante dans les médias. Sur son lit de mort, une mère de famille a enregistré le discours raciste de deux infirmières de Joliette. Malgré l’éclairage que cela a pu apporter sur le racisme au Québec, plusieurs sont mécontents des actions subséquentes prises par leur premier ministre.  

C’est à la suite du décès de Joyce Echaquan, une femme atikamekw âgée de 37 ans, que s’est organisé une manifestation à Montréal demandant justice. La mère de sept enfants a filmé ses dernières minutes le 28 septembre 2020, pour diffuser les insultes et les propos racistes de deux infirmières de l’hôpital de Joliette, alors qu’on lui avait administré de la morphine à tort. Le 3 octobre 2020, des milliers de manifestants masqués se sont réunis à la place Émilie-Gamelin pour réclamer la paix, la justice pour Joyce et la reconnaissance du racisme systémique au Québec.  

Entourés de robes rouges symbolisant les meurtres et les disparitions de femmes et de filles autochtones, des orateurs se sont prononcés avant que ne débute la marche. Le premier ministre du Québec, François Legault, ne fut pas épargné des reproches : il « ne reconnaît même pas le racisme systémique » a dénoncé le vice-chef du Conseil de bande de Manawan, Miaskom Sipi (Sipi Flamand).  

Selon la commissaire aux Affaires autochtones de Montréal, Marie-Ève Bordeleau, la reconnaissance du problème n’est guère suffisante : « Le racisme systémique, nous les autochtones, on connaît ça. […] Mais aucune action concrète n’a été faite pour réellement stopper le racisme. » L’atmosphère de la place Émilie-Gamelin s’est rapidement transformée au fur et à mesure que les orateurs parlaient. La preuve : la honte et la colère semblaient plus masquer les visages que le masque contrant la contamination. Sur les pancartes, on ne lit pas seulement « Justice pour Joyce », mais aussi « J’ai honte » et « Combien de Joyce cela nous prendra-t-il encore avant d’agir? ».  

Parés de pancartes, de tambours, de masques et de larmes, les manifestants ont marché à deux mètres l’un de l’autre en scandant des slogans tels que « Justice pour Joyce » et « Pas de justice, pas de paix ». Le groupe forma d’ailleurs un cercle autour de joueurs de tambours pour chanter un peu au coin des boulevards René-Levesque et Saint-Laurent. La mobilisation de tant de gens avait pour but de faire pression et de revendiquer certes, mais aussi de démontrer de la solidarité.  

L’évènement a duré quelques heures et s’est déroulé de manière pacifique et respectueuse des règles sanitaires en vigueur pour contrer la propagation de la COVID-19, un point appuyé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur son compte Twitter. 

La mobilisation a eu lieu il y a déjà plus d’un mois et depuis, le niveau de satisfaction à l’égard des actions du gouvernement caquiste est plutôt bas. Plusieurs s’opposent à la nomination d’Ian Lafrenière à titre de nouveau ministre des Affaires autochtones, étant donné qu’il a occupé le poste de chef de la Division des communications à la SPVM, une organisation recevant souvent des reproches de discrimination envers les personnes racisées.  

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